Dans la saga des films de Bourvil des derniers mois (merci à Gully d’ailleurs, la seule chaîne à passer de vieux films alors qu’ils valent mieux que bon nombre de bouses actuelles) tels les hussards, le Roi Pandore, tout l’or du monde…, c’est celui que j’ai préféré.
Le jeu du chat et de la souris avec la police, ainsi que la réflexion orientée de bons catholiques sur ce que Dieu leur doit, y sont pour beaucoup (le fameux « Pourquoi travailler Seigneur, puisque vous m’avez crée paresseux ? »). En effet, c’est assez inventif dans les deux cas, jusque dans la justification perpétuelle des méfaits ; puis pour l’époque (1960), égratigner autant l’institution chrétienne était rare, trop. A noter que si Bourvil joue souvent les simplets biens gentils il est pas mal à l’opposé ici. Il reste certes naïf un peu, mais tend plus vers le roublard, on le rapprocherait plus d’un De Funès. D’ailleurs il faut noter qu’aucun acteur ne se loupe ici, c’est toujours très juste, donc agréable à suivre surtout avec un tel casting.
Certes l’histoire peut ne pas plaire, surtout maintenant que tout cela a changé, mais on peut apprécier le fait que tout soit clair, fluide, sans complexification excessive et inutile (comme ce que l’on subit de nos jours, pour ajouter un aspect sérieux à un vulgaire blockbuster), tout jusqu’aux jeux de lumière. Par contre on a des longueurs, comme souvent dans les vieux longs métrages, et le rythme est lent, mais cela ne gène pas encore tant que ça, question d’habitude peut être. A contrario les décors sont soignés au point qu’on les croirait réels et la musique colle à l’ambiance paroissiale. Si la trame peut dérouter car inattendue, les dialogues sont bien trouvés et correspondent à la psychologie des personnages qu’ils contribuent à créer.
Au final, un bon film en noir et blanc, où il ne faut pas s’attendre à la prestation habituelle de Bourvil ou à de l’humour à foison, mais plutôt à une farce sur la police (un peu ridicule façon guignol), ainsi qu’une petite critique impertinente de l’Eglise, d’une famille imbue d’elle-même et de la société
(car on dépense plus pour arrêter le voleur que pour endiguer la cause qui le pousse à cette extrémité)
. Comme un autre membre l’a dit : du politiquement incorrect sans vulgaire, une amoralité cynique, un tour de force de nos jours (Gus ou Lars ne vous sentez pas –trop- visés).