D'après un de ses romans, Frédéric Dard co-signe le scénario que Mocky met en scène dans une réalisation foutraque dont le cinéastel a le secret. L'idée directrice, croit-on deviner, est l'amitié profonde et inaltérable entre le metteur en scène de théatre et séducteur célèbre Boris Lassef (Mocky lui-même, en toute modestie) et Léon, son assistant, son copain avec qui il partage tout, son temps et au besoin ses maîtresses, Léon qui s'emploie à éloigner les femmes qui pourraient mettre le grappin sur son ami Boris. Au point que, parait-il, les rumeurs courent sur leur relation.
Pour autant, parce que l'ambiguité entre Léon et Boris n'est pas démontrée, Mocky passe à coté du sujet. Par conséquent, le film n'est pas loin d'être insignifiant. Mocky acteur et Serge Riaboukine dans le rôle de Léon s'en donnent à coeur-joie dans les textes salaces de Frédéric Dard et le sexisme ambiant où toute femme est une proie, etonnamment consentante d'ailleurs. Mocky (60 ans au moment du film) n'est pas géné: l'artiste est poursuivie par des jeunes groupies, le vieux beau (c'est mon point de vue, pas le sien visiblement) dragué par des jeunes filles et, même la nouvelle pièce de théatre de Boris, "Je m'appelle naufrage du Titanic" (ça ne s'invente pas!), est acclamée. On retrouve dans cette comédie inclassable tous les défauts du cinéma de Mocky amplifiés au fil des années: mise en scène désinvolte, direction d'acteurs approximatives à cause desquelles les comédiens, amateurs ou pas, sont tous mauvais (et Mocky le premier avec ses drôles exaltations) Et malgré tout ça, on continue de regarder ce cinéaste dont les facilités confinent au style.