Pour leur septième enquête au titre pour le moins inattendue, Sherlock Holmes et le Dr Watson bénéficient d’un film de haute volée, qui restera comme l’un des meilleurs de la série. Il faut dire que les scénaristes se sont un peu plus foulés que lors des films précédents et, surtout, qu’ils ont maintenu l’effort d’un bout à l’autre de l’intrigue en s’appuyant sur une ambiance horrifico-policière gentiment dérangeante puisque l’enquête implique des araignées tueuses, un mystérieux enfant muet, un nain et, surtout, un méchant de haute volée qui n’est autre qu’une femme vénéneuse. Enfin, les femmes jouent autre chose que les potiches ou les victimes sacrifiées dans cette saga… et c’est peu dire que cette mystérieuse Andrea Speeding (campée par l’excellente Gale Sondergaard) est un formidable personnage. Son arrogance, ses certitudes et son absence totale de morale tranchent sérieusement avec les personnages féminins de l’époque et offre à Holmes un adversaire digne de ce nom… ce dont il manquait un peu jusque là puisque même sa Némésis, Moriarty, n’avait pas vraiment brillé lors de ces deux apparitions. Ce n’est pas le seul atout du film qui voit, également, ses deux héros évoluer, ce qu’on n’osait plus croire ! Ainsi, Holmes (toujours joué par l’impeccable Basil Rathbone) surprend son monde
en mourant dès le début de l’histoire (mort temporaire, il va sans dire)
et en dévoilant certaines failles auxquelles il ne nous avait pas habitué. Watson (Nigel Bruce) reste toujours aussi pataud mais voit son rôle prendre de l’importance et retrouve un peu son rôle de catalyseur de raisonnement de son illustre collègue… même si ce rôle se fait, une fois de plus, à ses dépens. Quant à Lestrade (l’invraisemblable Denis Hoey), il laisse entrevoir un véritable attachement à Holmes qui vient considérablement humaniser le personnage. Même l’intrigue est une réussite puisqu’on a droit à de véritables renversements de situations
(le véritable rôle de l’enfant, la tentative d’empoisonnement…)
et à un final, certes totalement tiré par les cheveux mais gentiment machiavélique. "La femme aux araignées" est, ainsi, avec "La Voix de la terreur" et les futurs "Mission à Alger" et "Le train de la Mort", l’un des meilleurs épisodes de la saga époque Universal… et accessoirement le premier film à ne plus du tout évoquer l’ennemi nazi !