Film pornographique parmi les classiques du genre, Gorge profonde n’en est cependant pas un des mètres étalons à mon sens. Ça se laisse voir avec quelques bonnes choses, mais globalement, c’est trop ténu pour mériter autre chose qu’un visionnage.
Niveau pornographie, ce n’est pas trop mal, même s’il faut aimer le vintage. Il y a des trouvailles originales, assez rares dans le registre hard, même plus contemporains, pas forcément pour les adeptes du porno chic, bien plus pour ceux du porno crade, d’autant que le film se concentre bien plus sur ses gros plans qu’autre chose. La mise en scène est correcte, en revanche, et c’est lié sans doute au budget misérable du film, les décors sont nuls, même pas vraiment typés seventies, la photographie est laide, ce qui handicape un peu ce film balayé d’un grain et d’un éclairage peu appréciable. Forcément, quand l’image d’un porno est peu attractive, ça diminue la qualité des scènes pornographiques, nombreuses, et qui néanmoins devraient trouver leur public car elles restent de bonne tenue. A souligner que la bande son est bonne, un peu envahissante mais nettement au-dessus de beaucoup de productions du genre.
Côté scénario, ben soyons franc, je ne vois pas trop ce qu’il y a de délirant ou de poilant. C’est un film qui pose un concept, ok, mais en fait c’est un film porno qui enchaine les scènes hard, avec un pseudo-prétexte peu développé. Donc je ne pense pas qu’on peut réellement parler d’un film scénarisé, sauf peut-être sur le début. Des moments cocasses, mais assez rares, et surtout le film distille un côté « authentique » et « frais » qui permet d’obtenir un certain réalisme. Après c’est clair que si ce film avait été davantage travaillé niveau histoire, proposant plus d’humour par exemple, il aurait été bien mieux noté par mes soins.
Côté casting c’est le grand rôle de Linda Lovelace, celui aussi de Harry Reems au demeurant. Des prestations qui sont avant tout sexuelles, et qui repose sur un relatif naturel de Lovelace, et sur une photogénie évidente. Le film ne donne pas énormément à faire à ses interprètes, mais une présence forte et une maitrise très pro de ce qu’ils ont à faire laisse quand même penser qu’ils n’étaient pas de mauvais choix.
Pour autant, et je crois que Lovelace elle-même avait dit « tout ça pour ça » en revoyant le métrage, Gorge profonde est loin d’être une sommité du genre. Un film pionnier sans doute, mais à l’instar de Derrière la porte verte, c’est un porno sans grand relief qui se laisse voir mais ne marque pas outre mesure. Un classique, mais qui démontre que cela ne signifie pas forcément grand film. 2.5