... son titre... sa légende... les photogrammes connus, les extraits aperçus... un film en noir et blanc totalement muet, d'une heure vingt environ, c'est à dire que vous serez plongés dans une qualité de silence incomparable et palpable comme jamais : une plongée intégrale, sans fard, dans des abîmes existentiels... au début des personnes quitteront la salle, quelques ronflements s'élèveront, puis la projection trouvera son rythme, son tempo si singulier, déroulera naturellement le fil de sa narration singulière et personnelle - Étonnement quand les lumières se sont rallumées ; on aurait cru qu'il ne s'était écoulé qu'à peine une heure. Une introduction sur Nico, puis on entre dans le portrait de Jean SEBERG : en plans rapprochés, regards lancés, relancés, ses mains portés à la bouche, son agitation, la femme qui se sait regardée, désirée, sa chevelure, yeux maquillés, ongles vernis. La fameuse scène à la fenêtre ; celle où elle avale des pilules... En contre point, la jeune fille brune, sourire coquin, yeux fardés, bouche lippue. Et Laurent Terzieff, penché au dessus d'une surface noire réfléchissante comme un miroir, comme au dessus d'obscures abysses... Jean SEBERG ne prendra plus de pose, elle oublie peu à peu qu'elle est regardée, conversations naturelles, cigarettes, volutes de fumées, mais Philippe GARREL est toujours là et il filme toujours...