Slashers est un film franchement très bien fait, et qui m’a surpris, car avec son titre je craignais le produit ultra-basique sans intérêt. Doté d’un budget minable (même pas 200000 dollars !), Devereaux nous livre un excellent métrage, plein de surprises et d’idées. Premier point positif : l’interprétation. Les acteurs (tous des inconnus au demeurant), s’en sorte agréablement. Je mets un petit bémol sur l’expressivité de Sarah Joslyn Crowder (que l’on suit principalement), en difficulté quelquefois, mais heureusement compensée par une belle présence. Leurs personnages sont tous plaisants à suivre, caricaturaux certes (c’est voulu ne nous leurrons pas), mais bien emballés. A noter cependant que l’héroïne principale (Crowder donc), n’est pour une fois ni un canon de beauté (en tout cas au sens mannequin de magazine), ni une Nikita en puissance, et j’ai vraiment bien aimé. Les méchants du film sont très amusants, même s’ils n’ont clairement pas l’efficacité d’un Jason par exemple. A eux trois ils peinent sérieux dans leurs opérations ! Je relève particulièrement le docteur fou qui se fait un malin plaisir à enlever les t-shirt des filles, c’est une idée bien trouvée.
Niveau scénario Slashers étonne là encore. Durant relativement longtemps pour un film de son genre (1 heure 40 bien pleine), il n’est pas du tout ennuyeux, et ce, malgré quelques dialogues qui durent un peu, et au final, assez peu de meurtres (sauf dans les dernières 20 minutes). La raison première tient à la construction du film. Rentrant très vite dans le sujet, il n’y a déjà pas une longue exposition gonflante. Ensuite Devereaux suit jusqu’au bout sa logique de jeu en direct, nous mettant dans la peau du caméraman, et donc au cœur de l’action. On voit tout et c’est réjouissant. Enfin, il y a du suspens que diable ! C’est là le meilleur remède à l’ennui, et Devereaux l’entretien avec jubilation ! Le fait que les tueurs ne tuent pas systématiquement leurs victimes en les croisant, que les tueurs peuvent être tués, qu’au sein même de l’équipe des gentils il y ait d’évidentes tensions, tout cela crée un suspens très plaisant, et m’a en tout cas largement tenu en haleine. Avec des amis ce film doit-être un vrai régal.
Niveau visuel, Devereaux s’en tire avec les honneurs, car son budget prêtait à la catastrophe. Pourtant non, jamais on ne sent cette pauvreté. Les décors sont très variés et font penser à un train fantôme géant, la mise en scène est d’excellente facture. Comme je l’ai dis précédemment elle suit l’action au plus près, mais n’a pas le défaut de s’agiter bêtement. L’idée des infrarouges (justifiée attention !) pour les scènes les plus sombres et évidemment très bien trouvée. La photographie est agréable là encore. Pour ce qui est des effets horrifiques, c’est artisanal évidemment, mais cela ne m’a pas dérangé, d’autant que c’est d’un très bon niveau. Je note qu’étant donné que l’on est dans la peau du caméraman, rien ne nous est dissimulé, ce qui est vraiment une bonne chose. C’est parfois assez gore mais il n’y a rien non plus de très écœurant. Pas de bonne musique par contre.
Pour conclure, voilà une surprise de taille et que j’encourage vivement à voir. Avec trois fois rien (et là c’est peu de le dire !), sans acteurs connus (et là aussi c’est peu de le dire !), Devereaux nous livre un film divertissant à souhait, très bien sur la forme et intelligemment bâti. J’ai vraiment aimé, et pour moi c’est une découverte du niveau de Small Town Folk ou de Last Caress (dans le genre métrage quasi-amateur).