"La leçon de piano" de Jane Campion, autant leçon d'amour que leçon de musique - l'éveil à la musique coïncidant avec l'éveil des sens - se passe de mots : le maître est muet et l'élève fruste. Le savoir se transmet par l'oreille, l'oeil, les mains, la peau, s'exprime par des sons et des harmonies.
Avec sa fille Flora, Ada, veuve et musicienne, débarque sur une plage de Nouvelle-Zélande où elle va épouser un colon Alistair Stewart. Ce dernier se refuse, à cause du mauvais temps, à remonter le piano que la jeune femme a amené avec elle. Ce sera un autre colon Baines qui se chargera de transporter l'instrument chez lui, en contrepartie des leçons qu'Ada accepte de lui donner.Finalement Ada et Baines vont devenir amants. Mis au courant, Stewart, fou de jalousie, au cours d'une scène terrible, coupe l'un des doigts d'Ada afin qu'elle ne puisse plus exercer son art, mais se résigne à laisser partir le couple.
Stewart, qu'Ada n'a jamais aimé, a cru la tuer en lui tranchant un doigt, mais Ada a appris autre chose : l'intensité du désir, la force de l'amour, la complicité des corps. Elle est prête à affronter une vie nouvelle, tout aussi poétique, mais plus charnelle. En réalité, ce n'est jamais qu'un piano qui gît désormais au fond de l'océan, échoué sur les sables, dans le silence sépulcral des profondeurs. Ada est déterminée : elle va renaître, ré-apprendre à parler, à exister, à vivre, à aimer.
Avec ce film superbe, Jane Campion s'est hissée au rang des plus grands : en témoigne sa palme d'or à Cannes en 93.Holly Hunter, remarquable dans le rôle d'Ada, reçut, quant à elle, l'Oscar de la meilleure actrice à Hollywood.