"L’amour à mort" est un film très intéressant, mais qui n’est pas à la hauteur de ses ambitions. Des thématiques profondes sont traitées avec une légèreté qui fait tâche face à la recherche formelle très pointue que mène Resnais. Les mots sont impuissants à atteindre le niveau de la mise en scène. Les acteurs sont incapables de soutenir le niveau des questions soulevées par le film. Sabine Azéma en tête, qui à part crier et pleurer, ne sait pas apporter la moindre profondeur à son personnage. Quant à Dussolier et Ardant, ils apparaissent comme tristement conformistes, et peinent à nous intéresser: rien de bien intelligent ou émouvant ne sortira de leur bouche, alors que le propos est en soit intelligent et émouvant! Un paradoxe qui parcourt tout le film. Seul Arditti s’en sort à peu près, mais il le doit à l’aspect fascinant de son personnage: cette recherche, quasi fantastique, des sensations et des sons vécus et entendus durant sa brève mort. Du point de vue de la mise en scène, Resnais s’essaie à un traitement très intéressant du son. La musique d’Henze ponctue les séquences filmées, au cours d’interludes composés de plans de neige sur fond noir, suggérant un absolu (peut-être la mort entrevue par Simon). Ces interludes sont comme une suspension des paroles que l’on vient d’entendre, ce qui créé une forme d’écho dilaté des mots et des images, que nous percevons alors par d’autres voies, celles des oreilles et de l’esprit. Cette spiritualité suggérée est en parfait accord avec le fond du film, qui soulève des questions aussi vastes que les rapports entre l’amour et la mort, le plaisir et la souffrance, l’instant et l’éternité. Le problème, c’est que le film est trop à l’image de ce systématisme d’opposition, qui en devient lassant. Les interludes peinent au bout d’un moment à nous fasciner davantage, d’autant que le procédé ne s’appuie pas sur une matière suffisamment riche (les dialogues). Mon avis, au final, est à l’image de ce film: partagé.