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JeffPage
39 abonnés
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4,0
Publiée le 29 août 2012
Premier film de John Cassavetes sorti en 1959, celui-ci nous présente une tranche de vie d'une fratrie au désirs différents. La première chose qui frappe dans ce film est la façon dont le film est joué et réalisé : le jeu d'acteur comme, semble t'il, la façon de filmé, sont totalement improvisé par les acteurs. De même que la musique, impro jazz typique de la fin des années 50, qui vient renforcé ce coté "libre" du film. Du fait de ces éléments,il émane une aura étrange de l'ensemble, dû aussi au fait que le film n'a pas de réel début ou de fin. Cassavetes capture une tranche de vie sans l'introduire ni la conclure, rapprochant le film d'un documentaire pris sur le vif. Cassavetes débute au cinéma à grands éclats grâce à ce film terriblement original.
Ben Carruthers est un James Dean au sang mélé, qui traîne avec ses potes dans les coffee-shops et diners New-Yorkais en quête de bières à écluser et de filles à draguer. Tantôt il rejoint son frère noir, chanteur de jazz qui trouve tant bien que mal des clubs où gagner quelque cachet, et sa soeur à la peau plus claire, qui se pique de fréquenter les salons littéraires, les milieux bohèmes blancs intellectuels et artistiques. La situation se tend lorsque Lelia tombe amoureuse d'un jeune homme blanc pas très à l'aise avec les noirs... Un film teinté de jazz, de liberté existentialiste made in USA. La légende veut qu'il ait été tourné dans l'improvisation, mais la mise en scène de Cassavetes est bien sensible, particulièrement dans les scènes tournées dans l'appartement, où transparait avec beaucoup de charme l'influence de tout son passé théâtral
Contemporain de la Nouvelle Vague, «Shadows» est lui aussi un film jalon dans l'histoire du cinéma : son intérêt se trouve d'ailleurs peut-être plus dans les possibilités qu'il a laissé entrevoir à sa sortie pour le 7e art que dans ses qualités intrinsèques, quoiqu'indéniables. À la fois rigoureusement écrit et basé sur des séquences d'improvisation, c'est un long métrage qui fait la part belle à l'expérimentation. Cassavetes cherche, tâtonne, hésite afin de s'approcher le plus possible de la vérité de ses interprètes et de son histoire éclatée. En résulte un long métrage bancal, souvent maladroit, mais tout autant touchant dans sa sincérité, comme si c'était plus le chemin parcouru que l'issue du voyage qui importait (on sent que Cassavetes et sa troupe d'acteurs apprenaient en même temps leur métier). Mais si l'apport formel de «Shadows» est l'une de ses plus notables qualités, son aura doit par ailleurs grandement au portrait de jeunes en quête d'identité et d'eux-mêmes qu'il brosse, en rupture avec les conventions de l'époque. À noter que si la question raciale est abordée, avec justesse et subtilité soit dit en passant, elle ne constitue « qu'un » enjeu parmi les autres : le long métrage ne peut se résumer à une simple histoire de racisme ordinaire, c'est plus un film sur l'incompréhension (et l'identité encore) de ce point de vue. Certains passages sont particulièrement joyeux et enjoués, portés par une bande-son jazz survoltée, d'autres sont par contre complètement désenchantés, à l'image de la fameuse scène de lit au sortir d'une « première fois » plus que décevante pour la jeune héroïne Lelia. Malgré les défauts inhérents aux conditions de sa réalisation (inexpérience, manque de moyens,...), «Shadows» met un point d'honneur à tenter de retranscrire avec le plus d'exactitude possible les sentiments de l'époque, des moments d'insouciance ou de désoeuvrement à ceux plus tragiques... comme il en va dans la vie "réelle" en somme. Incontournable. [2/4] http://artetpoiesis.blogspot.fr/
Une simplicité et un rythme de tout les instants, malgré ses nombreux défaut et son gros manque de moyens, Cassavates nous sort une œuvre marquante, malgré son côté inabouti. De grands débuts pour ce génie.
Sorti en 1959, Shadows fait immédiatement penser aux films français de la même année : les 400 coups et A Bout de Souffle. En effet, Cassavetes tente de détruire les règles cinématographiques d’alors en déstructurant le récit mais surtout en donnant au film un ton spontané obtenu par une grand part d’improvisations. Encore plus que les films de la nouvelle vague cités, Cassavetes veut décrire une situation et non une intrigue (très maigre ici). La question est de savoir si le réalisateur réussi son coup ou non, pour ma part j’aurais tendance à répondre par la négative. La liberté donnée aux acteurs n’est que partiellement positive, elle donne l’aspect spontané et réel recherché dans certains cas, mais bien trop souvent elle tue la scène car les comédiens ne savent pas assez bien gérer la liberté qui leur est accordée. Quant à la réalisation, tout est dans cette logique qui la rend approximative, des cadrages douteux au montage semblant un peu hasardeux. La musique de Charlie Mingus est évidemment dans la même optique, encore heureux, car Cassavetes affirmant qu’il essayait de faire un film improvisé reprenant la façon de faire du jazz. La bande originale du contrebassiste apporte ce qu’il faut au film en termes d’ambiance et colle parfaitement à l’ensemble mais on retiendra surtout qu’elle ne fait pas partie des œuvres les plus intéressantes de Mingus. Un film intéressant mais loin d’être réussi au final, on ne m’ôtera pas de l’idée que jusqu’à preuve de contraire le cinéma n’a jamais été à l’aise avec une place importante accordée à l’improvisation, un système qui a pourtant fait plus que ses preuves dans l’art musical.
Premier film du grand Cassavetes, et ce premier film est plutot reussi, malgres quelques erreurs de réalisation. Le film est d'une simplicité et sincerité assez rare, le tous porté par une musique jazzy des plus reussi elle aussi qui ajoute une touche de classe au film.
Film passionnant, qui se place quelque part entre le néo-réalisme italien et la nouvelle vague française de l'époque.Un vrai film libre, porté par la musique de Charles Mingus et de Shafi Hadi et l'interprétation de ses acteurs (magnifique Ben Carruthers dont le seul visage exprime son intériorité).Le début d'un grand cinéaste.
Cassavetes, dans ce premier film, parle déjà de personnes paumés, il poursuivra dans ce thème tout au long de sa carrière de cinéaste. Le regard très juste qu'il porte sur la société américaine des années 1950 est à souligner, même si quelques maladresses apparaissent au niveau de la réalisation. A voir !
Pour son premier long métrage en tant que réalisateur, John Cassavetes rompt avec les tabous du cinéma américain traditionnel. Tout d’abord, le financement du projet est improvisé : interviewé dans l’émission de radio Night People à 1h00 du matin, il déclare qu’il est possible de faire un film libéré des contraintes des studios si chaque auditeur lui envoie un dollar. Le lendemain, il reçoit 2000 billets de un dollar ; le projet Shadows démarre. Selon Jean Douchet, le film est l’histoire « d’une jeune femme noire qui se fait passer pour une blanche et qui perd son petit ami blanc quand celui-ci se trouve face à face avec le frère, d’un ébène indiscutable ». Si le fond est audacieux (le racisme est tabou dans l’Amérique des années 1950), c’est la forme qui est véritablement innovante. En effet, Cassavetes filme des jeunes acteurs qui improvisent face à la caméra au son du jazz avant-gardiste de Charlie Mingus. Issu du théâtre, il adopte la forme de l’improvisation pour tenter d’atteindre une certaine vérité ou plus modestement une spontanéité certaine. De plus, le film repose sur une trame dramatique totalement déconstruite, la fin n’apportant aucune réponse supplémentaire au récit éclaté. En fait, l’objectif de Cassavetes est de saisir un moment de la vie de plusieurs personnages, de capter un instant. D’ailleurs, aucun protagoniste n’apparaît comme principal ; Plusieurs groupes distincts se heurtent et se confondent. Les personnages sont le cœur du film ; aussi, Cassavetes parvient à créer une proximité avec le spectateur en les filmant en très gros plans et en les suivant par le biais de mouvements de caméra non prémédités. Il expliquait à ce propos : « J’essaie de laisser les acteurs aussi libres que possible dans l’espace. Je ne peux exiger qu’ils se plient à des déplacements de caméra préétablis ». Il précise d’ailleurs sa démarche en affirmant que « tout film doit trouver son inspiration dans l’instant ». En somme, on peut saisir la démarche de Cassavetes
Il est des films comme ça, à mesure que le temps dissipe les détails, histoires, actions, laisse, non pas un souvenir, mais une marque sensorielle. "Shadows" indubitablement est de ceux-là. Vaporeux, à la manière de l'ivresse solitaire du bout du bar, intime et nocturne, Cassavetes capte une pulsation là où d'autres ne voit rien. Merci.