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Nicolas S
43 abonnés
545 critiques
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3,5
Publiée le 4 octobre 2017
Avec ses personnages qui, en trois mots, apparaissent plein d'humanité, ses dialogues au cordeau et sa réalisation dynamique, 'Shadows' est un film foisonnant et plaisant. L'histoire, néanmoins, est plutôt anecdotique.
Première expérience de cassavetes peu académique et improvisée, "Shadows" ne joue pas avec les mêmes règles hollywoodiennes sans aucune crainte. Cependant le rendu me laisse tout de même perplexe avec des blancs assez frappant et un manque de dynamisme évident. Une ouverture à une nouvelle façon de tourner? Sans doute un pas important pour l'histoire de la cinématographie indépendante, mais rien de très emballant honnêtement pour le spectateur.
Ben Carruthers est un James Dean au sang mélé, qui traîne avec ses potes dans les coffee-shops et diners New-Yorkais en quête de bières à écluser et de filles à draguer. Tantôt il rejoint son frère noir, chanteur de jazz qui trouve tant bien que mal des clubs où gagner quelque cachet, et sa soeur à la peau plus claire, qui se pique de fréquenter les salons littéraires, les milieux bohèmes blancs intellectuels et artistiques. La situation se tend lorsque Lelia tombe amoureuse d'un jeune homme blanc pas très à l'aise avec les noirs... Un film teinté de jazz, de liberté existentialiste made in USA. La légende veut qu'il ait été tourné dans l'improvisation, mais la mise en scène de Cassavetes est bien sensible, particulièrement dans les scènes tournées dans l'appartement, où transparait avec beaucoup de charme l'influence de tout son passé théâtral
Un film bien étrange, tellement réaliste qu'on en dirait presque un documentaire, mais tout cela est bien de la fiction, mais à ne surtout pas classer comme un docu-fiction ! C'est du cinéma très réaliste, avec des acteurs en improvisations totales, sans aucuns textes ni réél directives et un profond refus de la mise en scène au service d'un cinéma visant à mystifier le spectateur et à le séduire, ici tout est brut, vif et sans aucun effet ni tentative de récit. C'est sans aucun doute ce qui fait sa force, les personnages jouent leur propre rôles (et ont d'ailleurs leur propres noms) et tente de jouer leur vie devant la caméra avec un jeu en roue libre comme cité au dessus. Une nouvelle vague avant l'heure donc, avec un refus des effets et un budget minimale, et surtout des tournages extérieurs au coeur de la ville et du mouvement, ici très impressionnant et remarquable pour l'époque, avec des rues au coeur de la ville américaine très représentative du style de vie de l'époque et de la maladie de cette génération très passive et profondément touchée par cette pudeur, ces interdictions et cette sagesse imposés par la société, le racisme encore très présent, et les difficultés par rapport à toutes ces contraintes de pouvoir à cette époque rêver d'une relation amoureuse libre et insouciante.
Un classique du cinéma indépendant américain. Ce film est un exemple type de la volonté de faire un film en toute liberté (il se présente comme une improvosation) pour un budget très réduit à l'image du Néo-réalisme italien et surtout de la Nouvelle vague française. Mais ce film expérimental est plus intéressant d'un point de vue sociologique (les rapports entre noirs et blancs sont traités de façon intéressante même si trop fugacement) et historique (début du cinéma indépendant) mais hélas malgré toutes ses bonnes intentions, on n'est pas passionnée et on s'ennuie un peu. Dommage mais le principe de l'improvisation amenait facilement à cela
Cassavetes, dans ce premier film, parle déjà de personnes paumés, il poursuivra dans ce thème tout au long de sa carrière de cinéaste. Le regard très juste qu'il porte sur la société américaine des années 1950 est à souligner, même si quelques maladresses apparaissent au niveau de la réalisation. A voir !
Ce film de 1959 vaut avant tout pour l’impression de vérité qu’il transmet. Le générique de fin affirme qu’il s’agit d’une improvisation. Quel crédit accorder à cette affirmation ? Certes nous avons des comédiens non professionnels. Mais le rythme est donné par le montage. Le film est tourné surtout en gros plan voire en très gros plan. Cassavetes casse les codes du cinéma de studio avec son approche indépendante et sa sensibilité aux questions sociales et aux questions des rapports blancs/noirs aux États-Unis.
Il est des films comme ça, à mesure que le temps dissipe les détails, histoires, actions, laisse, non pas un souvenir, mais une marque sensorielle. "Shadows" indubitablement est de ceux-là. Vaporeux, à la manière de l'ivresse solitaire du bout du bar, intime et nocturne, Cassavetes capte une pulsation là où d'autres ne voit rien. Merci.
Premier film du grand Cassavetes, et ce premier film est plutot reussi, malgres quelques erreurs de réalisation. Le film est d'une simplicité et sincerité assez rare, le tous porté par une musique jazzy des plus reussi elle aussi qui ajoute une touche de classe au film.
Contemporain de la Nouvelle Vague, «Shadows» est lui aussi un film jalon dans l'histoire du cinéma : son intérêt se trouve d'ailleurs peut-être plus dans les possibilités qu'il a laissé entrevoir à sa sortie pour le 7e art que dans ses qualités intrinsèques, quoiqu'indéniables. À la fois rigoureusement écrit et basé sur des séquences d'improvisation, c'est un long métrage qui fait la part belle à l'expérimentation. Cassavetes cherche, tâtonne, hésite afin de s'approcher le plus possible de la vérité de ses interprètes et de son histoire éclatée. En résulte un long métrage bancal, souvent maladroit, mais tout autant touchant dans sa sincérité, comme si c'était plus le chemin parcouru que l'issue du voyage qui importait (on sent que Cassavetes et sa troupe d'acteurs apprenaient en même temps leur métier). Mais si l'apport formel de «Shadows» est l'une de ses plus notables qualités, son aura doit par ailleurs grandement au portrait de jeunes en quête d'identité et d'eux-mêmes qu'il brosse, en rupture avec les conventions de l'époque. À noter que si la question raciale est abordée, avec justesse et subtilité soit dit en passant, elle ne constitue « qu'un » enjeu parmi les autres : le long métrage ne peut se résumer à une simple histoire de racisme ordinaire, c'est plus un film sur l'incompréhension (et l'identité encore) de ce point de vue. Certains passages sont particulièrement joyeux et enjoués, portés par une bande-son jazz survoltée, d'autres sont par contre complètement désenchantés, à l'image de la fameuse scène de lit au sortir d'une « première fois » plus que décevante pour la jeune héroïne Lelia. Malgré les défauts inhérents aux conditions de sa réalisation (inexpérience, manque de moyens,...), «Shadows» met un point d'honneur à tenter de retranscrire avec le plus d'exactitude possible les sentiments de l'époque, des moments d'insouciance ou de désoeuvrement à ceux plus tragiques... comme il en va dans la vie "réelle" en somme. Incontournable. [2/4] http://artetpoiesis.blogspot.fr/
très très ennuyeux... des dialogues vides, et rien d'autre. Heureusement, le voyage dans une époque que le film nous offre permet d'y voir un intérêt, qui n'existait pas à sa sortie.
Pour son premier long métrage en tant que réalisateur, John Cassavetes rompt avec les tabous du cinéma américain traditionnel. Tout d’abord, le financement du projet est improvisé : interviewé dans l’émission de radio Night People à 1h00 du matin, il déclare qu’il est possible de faire un film libéré des contraintes des studios si chaque auditeur lui envoie un dollar. Le lendemain, il reçoit 2000 billets de un dollar ; le projet Shadows démarre. Selon Jean Douchet, le film est l’histoire « d’une jeune femme noire qui se fait passer pour une blanche et qui perd son petit ami blanc quand celui-ci se trouve face à face avec le frère, d’un ébène indiscutable ». Si le fond est audacieux (le racisme est tabou dans l’Amérique des années 1950), c’est la forme qui est véritablement innovante. En effet, Cassavetes filme des jeunes acteurs qui improvisent face à la caméra au son du jazz avant-gardiste de Charlie Mingus. Issu du théâtre, il adopte la forme de l’improvisation pour tenter d’atteindre une certaine vérité ou plus modestement une spontanéité certaine. De plus, le film repose sur une trame dramatique totalement déconstruite, la fin n’apportant aucune réponse supplémentaire au récit éclaté. En fait, l’objectif de Cassavetes est de saisir un moment de la vie de plusieurs personnages, de capter un instant. D’ailleurs, aucun protagoniste n’apparaît comme principal ; Plusieurs groupes distincts se heurtent et se confondent. Les personnages sont le cœur du film ; aussi, Cassavetes parvient à créer une proximité avec le spectateur en les filmant en très gros plans et en les suivant par le biais de mouvements de caméra non prémédités. Il expliquait à ce propos : « J’essaie de laisser les acteurs aussi libres que possible dans l’espace. Je ne peux exiger qu’ils se plient à des déplacements de caméra préétablis ». Il précise d’ailleurs sa démarche en affirmant que « tout film doit trouver son inspiration dans l’instant ». En somme, on peut saisir la démarche de Cassavetes