L'histoire d'un gars qui vise mieux qu'il ne réfléchit, même si chat échaudé craint l'eau froide finalement, peut-être même tigre.
« Training Day » m'a laissé un souvenir impérissable avec un noir intelligent à contre emploi et méchant, et les autres films étaient un peu moins inoubliables, sinon lourdement patriotiques. Il devait y avoir une bonne conjonction entre un excellent acteur, un très bon scénariste et une soif de bien faire pour un jeune réalisateur. Sur les trois éléments, on en retrouve au moins deux cette fois ci, le jeune réalisateur et le scénario. Enfin, truffé de choses un peu invraisemblables, mais un résultat très sympa au final.
Au chapitre des mauvaises choses, on retrouve le patriotisme, heureusement distancié et ouvertement abordé d'un côté cynique, mais réel. Loin de celui de Willis dans « Les larmes du soleil ».
On a un rythme un peu moins trépidant que dans un Tony Scott, on peut carrément dire que certaines scènes, bien que nécessaires, sont lentes. Au moins échappe-t'on à la caméra parkinsonienne et illisible. Les scènes d'actions sont bien descriptives, trop découpées, mais fixes et « reposantes ».
Là où le film prend son envol, c'est évidemment dans cette critique ouverte d'une frange de politiciens et autres hommes d'intérieur qui se sont distingués en Irak et nombreuses guerres ouvertes civiles ou religieuses provoquées par des hommes de l'ombre. Et toujours pour le fric ou le pouvoir. Ce n'est pas nouveau, mais la critique de Bush avec de vrais arguments fait toujours plaisir, surtout quand elle vient de l'intérieur, et par les vrais patriotes, un peu frustres, qui s'accrochent à un idéal pourri par la cupidité absolue.
C'est une chose agréable qu'Hollywood s'adapte à un public de trentenaires et plus qui aiment l'action sans pour autant délaisser la culture géopolitique. On commence à compter sur les doigts de deux mains les films qui montrent du gris depuis 5 ans. Sans nommer personne, mais en montrant la vraie liberté que détiennent des enfoirés qui ne raisonnent pas en vies humaines mais en pouvoir (les dollars, ils les ont déjà pour être arrivés où ils en sont, ce n'est hélas sûrement pas leur but).
Alors on peut sourire sur le final, sur les péripéties parfois limites (même si les multiples corps de polices de ce pays ont montrés à maintes reprises ces dernières années qu'elles étaient totalement incapables, ce qui laisse de la latitude aux scénaristes !), mais on savoure la deuxième moitié du film, haletante et riche. Et ça sauve aisément un ouvrage qui démarrait un peu simplement face aux multiples tentatives du genre.
Au chapitre charme, le pistoléro ne sera jamais mon acteur fétiche, mais il est plus doué que Damon, et surtout fait parfaitement crédible dans le gros lourdaud au drapeau étoilé sur la main. Danny Glover lui fait plus jeune que jamais, et très bon joueur. On passera sur le rôle de la faire valoir féminine pour dire que le mexicain rappelle tous les deuxièmes couteaux des polars des années 70, ceux qui mourraient à la fin parce qu'il faut bien faire vivre le héros. Mais avec quelques nuances.
Beaucoup de bonnes intentions, de beaux discours, et pourtant un bon film, surtout lors de la scène de mise à mort (une des scènes plus exactement) où notre gentil samaritain ne réplique rien, là où n'importe quel Spielberg ou Bay aurait sorti une phrase lourdingue et ridicule.
Bref, un très bon film d'action.