Bouzi Bouzouf aime « Rashomon » d'Akira Kurosawa, film datant de 1950 et interprété par Toshirô Mifune, Masayuki Mori, Machiko Kyô, Takashi Shimura, produit par Minoru Jingon, photographié par Kazuo Miyagawa, scénarisé par Shinobu Hashimoto d'après un roman de Ryunosuke Akutagawa... Ok, lecteur, j'arrête. Je vois que ta tête commence à tourner, là, avec cette énumération de noms barbares. Laisse-moi te remettre d'aplomb en te faisant lire ceci : « Bienvenue chez les Ch'tis » de Dany Boon, film de 2008 avec Kad Merad. Voilà, ça doit aller mieux à présent. Bon, « Rashomon », cékoicetruc ? Il s'agit d'une oeuvre bien connue pour sa structure très particulière puisqu'elle propose un même fait – l'agression d'un couple façon « Orange Mécanique » par un célèbre bandit des grands chemins dans une forêt – selon quatre points de vue différents, dont celui de la petite frappe et ceux de l'homme et de sa bourgeoise qui passent un sale quart d'heure (ce procédé est tellement lié à ce film que son titre a été substantivé, et il n'est pas rare d'entendre dans les cocktails de bobos-qui-se-la-jouent à propos d'un autre film reprenant son principe : « Il s'agit d'un Rashomon »). Mais le travail de Kurosawa ne se limite pas qu'à une expérimentation narrative. L'oeuvre brosse aussi un portrait de l'être humain, portrait peu reluisant que Bouzi Bouzouf peut résumer de la manière suivante : l'homme est un gros enfoiré qui ne pense qu'à sa poire, qui est incapable de sincérité, et, par conséquent, la vie en société n'est rien d'autre qu'une vaste comédie. Il y a un coté « l'enfer c'est les autres » évident là-dedans. D'ailleurs, le film s'inscrit complètement dans la veine existentialiste qui imprègne le monde intellectuel de l'époque. Et Bouzi Bouzouf regrette que le bandit n'ait pas été joué par Albert Camus et le couple par Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir. Ainsi, après le tournage, l'écrivain strabique aurait pu lancer à sa brunette : « Rashomon, ça arrache, Momone ! »