Japon, aux alentours du Xe siècle. Un crime (pour les beaux yeux d'une femme) a été commis. Plusieurs versions de l'histoire sont racontées à travers plusieurs personnages : le moine, le bûcheron, Tajomaru le bandit, la femme en question, et le mari assassiné ressuscité par un chaman (une de mes scènes préférées). Mais qui croire ? Qui dit vrai et qui ment ? Le point de vue de l'un est contredit par celui de l'autre, et ainsi de suite, si bien que l'on se perd dans le récit. Rashômon est le premier film de ce réalisateur que je regarde, qui n'est autre que le meilleur réalisateur japonais au monde. Mon premier et certainement pas mon dernier, j'ai été happé par le style. Pour tout dire, au début j'avais des a priori, je m'attendais à un vieux film japonais ringard, le truc vraiment ringard et kitch vous savez ; il s'avère que plus les minutes passaient, plus je me rendais compte que je n'avais pas affaire à n'importe quelle oeuvre. Akira Kurosawa a du savoir-faire. Les plans et les corps en mouvements sont beaux, gracieux, et virils à la fois. Il met en scène une affaire policière à la manière d'un conte, d'un théâtre. Sa maîtrise du cadrage et du champ-contrechamp est à la perfection. Le film nous offre de beaux plans, ainsi que des acteurs au jeu exagéré et mélodramatique qui ne fait que renforcer le côté théâtral, en plus de magnifier la mise en scène. Les lieux, il y en a seulement trois, trois décors différents : ''le tribunal'' surréaliste, la forêt sauvage, et l'abri et le torrent de pluie extérieur. L'espace, bien qu'il soit réduit, est très bien utilisé.