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    Rashômon
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    Volapuk
    Volapuk

    4 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 3 février 2021
    Un chef d'oeuvre du cinéma japonais inspiré de deux chefs d'oeuvre de la littérature japonaise Rashōmon et Dans le fourré ( Yabu no naka) de Ryūnosuke Akutagawa. J'aurais toutefois une critique à faire : si Dans le fourré est magistralement adapté, la nouvelle Rashōmon est plutôt malmenée et c'est vraiment dommage.
    Le film n'aurait pas du s'appeler Rashōmon mais Yabu no naka.
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 25 janvier 2021
    Il faut bien entendu remettre les choses dans leur contexte avant de visionner Rashomon: il s'agit d'un film japonais datant de 1950, autant dire une antiquité du 7e art. Après quelques minutes, l'un des points frappants est l'incroyable dynamisme de la mise en scène, avec une caméra mobile, des plans splendides, bref, tout ce qui a fait d'Akira Kurosawa l'une des grandes références du cinéma contemporains, et un visionnaire génial. L'histoire elle-même n'est pas en reste, un homicide relaté par plusieurs personnages, chacun en ayant une version différente. L'occasion pour le réalisateur d'explorer les aspects les moins glorieux de l'espèce humaine, telle que la lâcheté et le mensonge.
    anonyme
    Un visiteur
    4,5
    Publiée le 21 mai 2020
    Kyoto, Xeme siècle. Deux hommes ont assisté à un procès. C'était le procès du bandit nomade Tajomaru, qu'on accuse d'avoir tué le samouraï Takehiro et d'avoir agressé la femme de celui-ci. Tajomaru, Masako (la femme) et le fantôme de Takehiro vont raconter les faits divers chacun à leurs façons. Mais chaque histoire est différente. Qui dit la vérité ?
    Nous avons là une histoire totalement inédite pour le cinéma japonais. Lorsque j'avais fini de regarder ce film, j'étais bouche bée. Je me disais "comment réaliser des films aussi bon en 1950 ?" mais aussi "comment un film de si bonne qualité peut être si peu connu ?". C'est vrai, il y a des films comme "Rashômon" ou "Koyaanisqatsi" que personne ne connaît et qui sont pourtant des chefs-d'œuvres qui pourraient plaire à tous. "Rashômon" est le plus grand film japonais, le plus inédit, le plus beau, le plus... Je rappelle qu'il se trouve en position 5 du top 100 de la Rédac' AlloCiné. C'est d'ailleurs pour ça que j'avais eu l'idée de le voir avec ma famille, qui n'en avait jamais entendu parler. Au final, tout le monde avait adoré.
    Pour tout les fans du cinéma qui ne l'aurait pas vu, je vous conseille de le voir primordialement.
    Dans ce film, le jeu des acteurs est parfait et les images et le travail de la lumière sont splendides, fascinants et mettent dans l'ambiance. Et puis, la caméra filme avec une grande élégance, comme si elle dansait... Que dire... À part certaines petites longueurs parfois (c'est pour ça que j'ai mis 4.5), "Rashômon" n'a pas profondément vieilli.
    Chacun a ses goûts, mais il faudrai avoir été vraiment déconcentré si on adressait à ce chef-d'œuvre du film philosophique en dessous de 3 étoiles.
    En conclusion, c'est un film vraiment profond et troublant qu'il faut voir, particulièrement pour les fans de films noirs mystérieux qui voudraient approfondir encore plus leur passion.
    Marcelo_Di_Palermo
    Marcelo_Di_Palermo

    8 abonnés 154 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 14 mai 2020
    J'ai quand même du mal à croire ce que je lis ici: les critiques parlent d' "UN CRIME" qui a été commis. Moi j'en ai vu DEUX et je suis stupéfait d'être le seul : 1/ le viol de cette femme 2/ l'assassinat du mari. Ca donne à réfléchir cet aveuglement... Cela mis à part, il faut reconnaitre que le film a vieilli. Son intérêt est essentiellement historique, et en gardant cela en mémoire, je lui pardonne son côté suranné et je reconnais que dans cette catégorie il est remarquable.
    StoRmEy
    StoRmEy

    12 abonnés 62 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 13 avril 2020
    Comment le mari est décédé ? Quels sont les motifs ? Quel récit s’approche le plus de la réalité des évènements ? En clair, que s’est il passé bordel ? 70 ans après, on ne sait toujours pas, et c’est un des points forts de cette oeuvre explosive, totalement déroutante et qui ne vous quittera pas un seul instant après la (re)découverte de Rashōmon.

    Kurosawa est un artiste dont j’ai entendu parler inlassablement depuis des années et j’ai décidé de m’immerger, à tâtons, dans sa filmographie vantée comme une des plus inspirantes, éclectiques et puissantes jamais formée. C’est un réalisateur très malin, sadique aussi vraisemblablement, mais toujours perfectionniste, qui prend un grand plaisir à perturber le spectateur. Partant d’un fait divers pourtant banal en apparence ( les personnages du début rappellent avec insistance qu’un mort, dans cette période post guerre si chaotique et sanglante des années 40-50, on en voit à foison), le cinéaste déploie une armada de récits, de souvenirs tantôt grotesques, tantôt touchants, tantôt improbables, qui font de ce film une oeuvre totale.

    Totale, en premier lieu à l’aide d’un scénario franchement imprévisible, peut être même pour un assidu de Kurosawa, tant il est ardu de démêler le vrai du faux dans cette descente aux enfers vécus par les 4 narrateurs, qui se contredisent sans cesse et n’aident pas du tout à trouver la vérité dans cette affaire d’une confusion absolue.

    Totale, également par le biais d’une amplitude inouïe de moyens cinématographiques mis à l’oeuvre pour en faire un film inclassable : un éclairage 300% naturel à la fois écrasant dans la moiteur de la forêt, froid dans les scènes du tribunal, noir et mettant en avant la pluie torrentielle qui enferme les personnages dans le temple ; des acteurs au sommet de leur art, aussi bien possédés par une présence malveillante, habités par la folie, le doute, la vengeance, le désespoir ou l’incompréhension dans cette épopée majestueuse ; enfin, une bande son mystique, inquiétante et enjouée par rares moments, qui n’est pas sans rappeler Ravel ( le Boléro spécifiquement) et ses inspirations orientales, utilisée pour accentuer l’aspect menaçant des séquences qui vous hanteront j’en suis sur.

    Totale, finalement par l’abondance remarquable des thèmes abordés, universels et aussi propres au Japon et de la culture qui lui est associée : l’honneur, la trahison, la foi en l’humanité, la futilité de l’existence, l’absence de la justice ( ou son incompétence, on remarquera que les témoignages sont des monologues d’une noirceur épatante et que le juré ne se prononce jamais - si tant est prouvé qu’il existe ici...- tout se déroule dans les énonciations des témoins), la relativité de la vie et de ses épreuves, et tant d’autres notions qui font de ce film de moins d’1h30 ( !! ) une oeuvre fleuve aux qualités innombrables.

    Le point le plus marquant de Rashōmon est certainement l’aptitude, le talent monstre avec lequel le réalisateur démontre qu’un fait, au premier abord évident et constaté, peut être approché de différentes manières qui remettent en question les versions énumérées. Il y a le déni, l’aliénation, le rapport homme-femme ancestral ( comportant un des triangles amoureux les plus néfastes et somptueux de l’histoire du cinéma), le tragique du meurtre/suicide et la libération, le remords qui en découle, c’est fabuleux à quel point ce récit s’ouvre à nous pour ne finalement dévoiler que peu de réponses et garder ses secrets depuis autant d’années.

    D’une beauté plastique absolument terrifiante, innovant sur tous les points ( je n’ai jamais rien vu de semblable sur plus de 1000 films) et avec une morale aussi pessimiste sur le devenir de l’homme qu’illuminée par une conclusion aux aboutissants incertains, Rashōmon est une réussite magistrale qui ne cesse de résister à l’assaut du temps, preuve ici d’une oeuvre d’art impérissable et pour autant, marquée d’une époque où l’humanité et ses névroses a failli à assurer la paix dans le monde, ce qui, dans les années 50’s, a pu décourager tant d’âmes sur terre, dont les pauvres êtres qui se déchirent dans ce film déchirant, flamboyant et génial.
    MaCultureGeek
    MaCultureGeek

    1 081 abonnés 1 224 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 19 mars 2020
    Avis basé sur des éléments essentiels de l'intrigue de Rashômon.

    Le film s'ouvre sur un temple détruit, vestige du passé devenu refuge pour deux personnages, un prêtre et un bûcheron, rapidement rejoint par le roturier, troisième homme représentant l'arrivée du spectateur dans l'intrigue : il ne connaît rien à l'histoire, pose autant de question que le public s'interroge, suit cela sans trop comprendre le sens des quatre versions différentes de l'élément tragique à la base de toutes ces inquiétudes.

    Si l'on comprend alors qu'il est un vecteur d'intérêt et d'enjeux, cela pousse l'immersion d'autant plus loin que Kurosawa propose un festival de virtuosité à celui qui visionne : accompagné au scénario de son compère Shinobu Hashimoto, l'écriture et la mise en scène rivalisent de malice et de talent en créant une intrigue alambiquée, complexe et passionnante d'à peine plus d'une heure vingt de durée tenant en respect des films d'enquête de plus de deux heures.

    Et l'on se prend facilement à ce jeu de pistes fascinant qui présentera, ce n'est pas surprenant, la présence réjouissante de l'iconique Toshirõ Mifune : tenant le film sur ses épaules (le reste du casting aura beau être irréprochable, il le domine indubitablement), l'acteur campe le personnage le plus fouillé, le plus profond et complexe de l'oeuvre, élargissant sa personnalité à autant d'histoires qui nous sont présentées : un tour sanguinaire, un tour honorable, on ne sait jamais comment le considérer.

    Si la certitude reste que c'est un voyou, un vaurien profondément vicieux, on ne peut cependant s'empêcher de l'apprécier à le voir si satisfait de se vanter d'un crime qu'il n'aurait possiblement pas commis, et de rajouter dans son histoire des détails qu'on pourrait imaginer inventés pour étayer sa légende, et se faire craindre auprès des civils et des autorités. Il a tout de ces antagonistes qu'on adore détester, se taillant une place de marque dans la galerie des personnalités complexes et inoubliables des films de samouraï/western.

    Comment mépriser une personnalité si ambiguë, qu'on imagine facilement enfant orphelin élevé au combat pour la survie, à la douleur perpétuelle ayant endurci son coeur au point de le changer en pierre; et tout aussi mauvais qu'il puisse paraître, ne serait-il pas finalement le personnage le plus honnête face à ces "honnêtes" gens dont l'histoire diffère à chaque fois, tant ils ont tous un intérêt quelconque qu'ils tentent de cacher aux yeux des juges, minimisant leur rôle ou dissimulant des détails importants à la compréhension de l'affaire?

    Et tandis qu'il se trouve présent dans pratiquement tous les passages les plus iconiques de Rashômon, on ne peut que tomber des nues face au talent certes attendu de Kurosawa, mais toujours aussi désarçonnant : la qualité de ses plans millimétrés ne laissant rien au hasard épousera à la perfection son écriture, dévoilant à l'écran les indices qu'elle tente de placer à l'oral. Cette symbiose incroyable entre forme et fond se retrouve également dans son propos humain, que la fin place sans prévenir en forme d'uppercut imparable.

    On retrouvera dans le message de fin cette réflexion portée sur le protagoniste campé par Mifune : Rashômon, qui présentait jusqu'ici une critique désenchantée de la condition humaine et de son individualisme vicieux, fait disparaître la pluie en même temps que son trio s'apprête à quitter l'écran, emportant avec eux un nouvel espoir, celui d'une naissance, d'un enfant abandonné par ses parents auquel la vie pourrait sourire.

    Et s'il se retrouve propulsé dans l'intrigue et leur vie par un geste odieux (quoi qu'on n'en connaît pas les raisons véritables), il n'empêche que l'enfant porte un regard radieux sur l'humanité, innocent, une nouvelle vision de notre nature qui pourrait changer, redevenir aussi saine que celle de l'enfance. Si les miracles surviennent et que des vocations parentales naissent, alors les hommes peuvent changer et devenir un peu plus honnêtes entre eux.

    Le véritable miracle étant que l'homme le plus égoïste peut faire preuve d'altruisme et de bonté sans autre arrière-pensée que celle d'enfin sauver une vie.
    PERMIS de CRITIQUER
    PERMIS de CRITIQUER

    4 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 18 mars 2020
    Avec "Rashômon", Kurosawa signe son premier chef-d'oeuvre universel. En remportant le Lion d'Or à la Mostra de Venise en 1951, le jeune réalisateur donne un gigantesque coup de massue sur la tête d'un cinéma occidentale que l'on croyait tout puissant. "Rashômon", c'est l'histoire d'un meurtre, celui d'un samouraï dont le corps sans vie est découvert dans une forêt par un bûcheron, vient alors l'heure des témoignages, tout d'abord; celui du bûcheron, puis celui d'un bonze (prêtre), ayant aperçu le couple peu de temps avant l'assassinat du samouraï, puis vint celui de l'assassin présumé, un bandit du nom de Tajômaru magnifiquement interprété par l'immense Toshiro Mifune, qui précède le témoignage de l'épouse du samouraïs mort, et pour finir, nous assistons au récit des faits par le principal intéressé: le samouraï mort parlant à travers un médium. L'affaire peut paraître simple, en admettant que les témoins donnent une version véridique des faits observés ou commis, or ce n'est pas le cas. En effet, chacun arrange l'histoire afin qu'elle lui soit favorable (histoire de se donner le beau rôle). Avec ce film, Kurosawa pointe directement du doigt les plus profonds défauts de l'âme humaine, son incapacité à dire la vérité la faute à son obsessionnel besoin de se mettre sans cesse en avant et par conséquent, sa stupéfiante capacité à mentir quel qu’en soit l'enjeu. Bref, une magnifique tragédie portant sur cette incurable maladie humaine qu'est le mensonge. Si l'histoire se trouve être à elle seule une trouvaille magnifique, "Rashômon" doit également beaucoup à sa mise en scène. Les allés et venus des personnages dans cette forêt qui ne semble t'avoir de fin mêlés aux mouvements fluides des caméras du "maître" (travelling, zooms...) et au dynamisme des scènes développe une sensation oppressante et presque angoissante d'enfermement, le spectateur devient témoin à part entière de la scène (sensation renforcée par les divers plans rapprochés) et se trouve de ce fait en capacité de juger quelle version des faits est la plus crédible. De plus, le fabuleux scénario de l'incontournable Shinobu Hashimoto qui fait se succéder les témoignages et s'entremêler présent et flash-back donne une fois de plus une touche de modernité au film. Mais que serait "Rashômon" sans la présence du grand Toshiro Mifune, ici, il nous offre une de ses interprétations les plus sauvages, sa force bestiale, son charisme, son talent, jusqu'à son incroyable regard félin, forme l'un des personnages les plus atypiques et inoubliables de l'histoire du cinéma, celui du célèbre bandit Tajômaru. N'oublions pas non plus la sublime bande originale du compositeur attitré de Kurosawa: l'immense Fumio Hayasaka qui nous offre une partition légère et inoubliable notamment inspirée du "Bolero de Ravel". Ainsi, "Rashômon" n'est ni plus ni moins qu'un chef-d'oeuvre du cinéma mondial, une superbe tragédie scrutant les fins fonds de l'âme humaine, une âme perverties par le mensonge et le désir, mais qui, comme aime à le montrer Kurosawa, ne l'est peut-être pas totalement.
    tyrionFL
    tyrionFL

    22 abonnés 384 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 10 novembre 2019
    Il ne manque que peu d'éléments pour faire de Rashomon un film parfait.
    Exemple typique de ce que sera le cinéma futur d'Akira Kurosawa, il démontre déjà tout son talent dans un film à suspense dramatique aux techniques narratives à la Usual Suspect et autres Citizen Kane.
    Le film est magnifique, superbement composé de plans maitrisés saupoudrés de jeux de lumières somptueux et d'une BO magistrale ayant un charme d'époque.
    L'histoire bien qu'assez simple au premier abord parvient à se démultiplier en 4 (voire 5) pour donner des récits aussi éloignés que proches qui ont selon moi pour principal intérêt de brouiller les statuts des personnages.
    Les acteurs sont au top, surtout le grand Toshiro Mifune mais je reproche un trop grand nombre de scènes surjouées, typique du cinéma japonais qui peuvent être agaçantes.
    Le principal problème du film vient de son scénario et de son rythme très lent et qui ne parvient pas à aller au bout des choses que la fin n'aide pas à améliorer.
    Mais si ce genre de chose ne vous effraie pas, Rashomon reste un grand classique du cinéma des années 50
    anonyme
    Un visiteur
    1,5
    Publiée le 5 novembre 2019
    Je suis passé complètement à côté de la morale du film (si il y en a vraiment une..).
    La fin sort de nulle part et n'a, pour moi, aucun sens.
    Les jeux d'acteurs sont hyper surjoués... (Tajômaru qui s'esclaffe toutes les 20 secondes et à un volume inapproprié, les sanglots insupportables et interminables de Masako..)
    Je parle même pas des scènes de combat, d'un ennui complet.....

    Bref, c'est pas un film que je recommande.
    Charlotte28
    Charlotte28

    123 abonnés 2 002 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 12 mai 2021
    Même en prenant en compte l'influence du théâtre sur la civilisation asiatique ainsi que la dimension symbolique de l'oeuvre, comment ne pas trouver risibles le sur-jeu des acteurs et les réactions psychologiques des personnages (notamment dans la version du témoin)?! Assurément le réalisateur maîtrise l'aspect esthétique de son travail mais cette réflexion sur la vérité reste en réalité vaine. Un conte finalement fort peu didactique.
    Max Rss
    Max Rss

    198 abonnés 1 767 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 27 mai 2019
    Se protégeant d'une pluie torrentielle sous le toit d'un temple ayant étant victime des ravages des conflits, trois hommes parlent d'un procès au sujet d'un meurtre ayant été perpétré dans une forêt. Et, à chaque récit, sa version des faits. Avec "Rashômon", Akira Kurosawa descend dans les tréfonds de l'âme humaine. L'Homme cavale sans arrêt après l'obtention de la vérité vraie, c'est une obsession. Mais, lorsqu'il se trouve face à elle, et qu'il lui faut en témoigner, il ment pour se protéger. Alors, à quoi bon courir après la vérité si c'est pour être lâche lorsqu'elle vous fait face ? L'accessibilité est ici peu évidente : le ton du film est résolument pessimiste. Même si le tout dernier plan apporte une lueur d'espoir. Bien davantage que l'approche de la nature humaine, ce qui compte ici, comme c'est souligné très justement, c'est la mise en scène. Et là, je crois qu'on peut aisément parler de prouesses visuelles. Plus encore que les cadrages millimétrés ou que les mouvements de caméra, ce qui frappe ici, c'est avec quelle aisance Kurosawa capte les mouvements des corps. Et avec quelle aisance il capte les regards. D'ailleurs, tout passe par eux. C'est de là que naît la tension. Cependant, force est de reconnaître que le film n'est pas exempt de défauts : tout d'abord, une certaine lassitude pointe le bout de son nez en raison du caractère répétitif de l'histoire et l'hystérie du personnage féminin, bien que justifiée par la tournure des événements, est amenée trop brutalement.
    Housecoat
    Housecoat

    122 abonnés 392 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 1 novembre 2018
    Un crime a été commis et quatre points de vue doivent y répondre, le but n'est pas de savoir qui est le coupable puisqu'il n'y a aucun doute sur qui est le responsable, mais de définir quel est l'implication des trois différents protagonistes dans ce déroulé d'événements à l'aboutissement macabre. Chacune des 4 versions révélant ou inventant aux trois protagonistes impliqués des personnalités minoritairement honorables et très souvent abjectes. Impossible de définir laquelle des interprétations est vraie puisque chacune sauve de façon dissimilée l'image morale de soi ou d'un autre et se conclue toujours sur des éléments manquants qui ne peuvent confirmer à 100% leur véracité. Nous sommes obligés d'accepter par dépit la quatrième version, la plus difficile à accepter, la plus abjecte, celle qui réduit les trois concernés aux plus basses ignominies de la nature humaine, celle qui est la plus douloureuse, celle où personne n'est innocent, celle qui nous fait douter de notre humanité, telle est la parabole que Kurosawa exprime avec Rashômon. Les dernières minutes sont une réponse morale irréfutable qui parleront aux spectateurs qui révéleront si ils sont soit pessimisme ou optimistes. Incontournable.
    Roub E.
    Roub E.

    952 abonnés 4 994 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 30 août 2018
    Dans la série je découvre les classiques du septième art je viens de voir Rashomon pour la première fois. Et je ne peux pas dire que ce fut une expérience inoubliable. Non pas que je l’ai trouvé ennuyeux ou vieillot (d’ailleurs sa mise en scène, l’utilisation de la caméra sont elles franchement modernes), juste que le film ne m’a pas touché et que je l’ai traversé sans rien vraiment ressentir. Au delà de ses qualités artistiques formelles et de son scénario intéressant sur la notion de vérité, je n’ai tout simplement pas pris et en suis sorti avec une forme de déception.
    anonyme
    Un visiteur
    2,0
    Publiée le 15 mai 2018
    Après avoir assisté à la Cérémonie d’Ouverture du 71ème Festival de Cannes, découvert un Edouard Baer en maître de cérémonie classe et frais, j’ai été subjugué par la présence de Martin Scorsese (il a reçu le Carrosse d’Or pour le 50ème anniversaire de la Quinzaine des réalisateurs). J’ai surtout été envahi d’un immense frisson de pur joie quand j’ai entendu le metteur en scène de « Mean streets », « Taxi driver », « Les affranchis », « Silence »…, qui de pair avec Madame l’australienne Cate Blanchett (tournant pour Woody Allen, Fincher, Todd Haynes…), ont déclaré (en français !) le Festival ouvert. Et pour 2018, le thriller « Everybody knows », d’Asghar Farhadi, avec le couple star mirobolant Bardem-Cruz qui a monté les marches rouges du Palais tel un Brangelina l’aurait esquissé, est ainsi le premier métrage visionné dans le cadre de cet événement international. Et rien que d’avoir pu visionner ces images cannoises de 2018, je savoure toujours autant !
    Et qui dit Cannes dit cycle Cannes. Ma sélection est donc composée de « Rashômon » (Lion d’Or 1951 à Venise), « Le Salaire de la peur » (Grand Prix 1953 à Cannes, ex-Palme d’Or actuelle), « 2001, l’Odyssée de l’espace » (faisant partie du Cannes Classics 2018), « Amadeus », (Oscar du meilleur film de 1985, Golden Globe du meilleur réalisateur 85… et puis surtout pour rendre un vibrant hommage à un metteur en scène hors norme : Milos Forman) « Le Grand Bleu » (César de la meilleure musique de film 1989 et appartenant au Cannes Classics 2018 !) et « Miss Daisy et son chauffeur » (Ours d’Argent de la meilleure performance d’équipe d’acteurs 1990 ainsi que Cannes Classics 2018). Des moments de cinéma intense en perspective… j’en frissonne d’avance !
    A partir de ces lignes, c’est donc le point de départ de ma critique de « Rashômon ». Mais comment qualifier « Rashômon » aujourd’hui ? Par ses qualités d’écriture, de mise en scène… mais pas que. Il y a ce truc, cette manière de raconter l’histoire, de filmer la torpeur des personnages par un ton, une attitude qui m’a laissé à côté de ce chef d’œuvre. Commençons donc par les qualités.
    Synopsis : abrités d’une pluie torrentielle sous un temple en ruines, deux personnes, hantés par le procès qu’ils viennent de vivre, vont forcer un troisième homme à écouter leur drame : qui du bandit, de la femme de la victime ou du bûcheron qui passait par là a tué le samouraï ?
    Les scénaristes Akira Kurosawa (également monteur pour le métrage et déjà un réalisateur reconnu au niveau national : « L’ange ivre », « Chien enragé ») et Shinobu Hashimoto (auteur fétiche de Kurosawa : « Les sept samouraïs », « La forteresse caché ») réinventent la structure narrative du drame japonais en prenant le point de vue de quatre personnages en des flashbacks utilisés pour la première fois dans un film nippon et en offrant une vision personnelle du drame en laissant des indices au spectateur. Totalement innovant !
    De plus, les décors et costumes servant l’histoire de « Rashomôn » sont habilement mis en avant : il s’agit avant tout du premier film japonais moderne utilisant les codes consacrés à l’histoire médiévale du Japon sur grand écran. En cela, Kurosawa démontre son talent de narrateur mais également son talent à s’engager dans une plaidoirie en faveur des samouraïs. L’ancien devient moderne et le futur metteur en scène de « Ran » nous prouve la force de sa structure narrative et de sa capacité à injecter du sang neuf au montage de l’histoire. Toujours pour parler décor, la pluie évoque, selon Kurosawa, les tourments des personnages. Preuve qu’Akira n’en est pas à son coup d’essai et pioche dans ses références pour nous faire sa leçon de cinéma.
    Ensuite, la musique du film, aujourd’hui vieillotte, nous embarque dans le récit d’un procès avec retournements de situations. Le compositeur Fumio Hayasaka (il a principalement collaboré avec Kurosawa –« Les sept samouraïs »…- et pour Mizoguchi sur « Les amants crucifiés » notamment) nous emmène dans des partitions exotiques, oppressantes et pleines de liberté. Une adéquation de tous les instants. Merci Fumio ! D’autant que ta reprise du Boléro de Ravel reste encore dans mes oreilles qui se sentent encore en forêt nippone en compagnie du bûcheron, caché dans les feuilles. Parfait.
    Pour rester sur l’ambiance, voici le directeur photographique de « Rashomôn » également caméraman : Kazuo Miyagawa. Il fait autant partie de l’équipe Kurosawa (« Yojimbo ») que de celle de Kenji Mizoguchi (« Le héros sacrilège », « La rue de la honte »). Miyagawa a réussi à capter chaque nuance d’une lumière s’insinuant entre les feuilles des arbres : les jeux d’ombre et de lumière, sous ce magnifique N&B, sont ainsi très bien travaillés et l’on ressort transcendé de cette expérience visuelle. Le chef opérateur Kazuo Miyagawa a ainsi utilisé pour la première fois sa caméra qui a été pointée directement vers le soleil dans l’histoire du cinéma. Un résultat plein de nuances forestières. J’adhère !
    On pourrait ensuite discuter du casting pendant des heures, mais je retiendrai l’acteur principal, Toshirô Mifune (alter-ego de Kurosawa devant sa caméra –« Les sept samouraïs », « Yojimbo », « Barberousse »- qui reçut en 1965 à Venise la Coupe Volpi de la meilleure interprétation masculine pour le dernier film cité), qui m’a bluffé par sa composition magistrale. Imprégné par son rôle de bandit, il livre une interprétation dantesquement bestiale, et ce, tout en retenu. La classe à la japonaise, je dirai. Excellentissime !!! Avec Machiko Kyô (« La porte de l’enfer », « Herbes flottantes » de Yasujirô Ozu), la femme du samouraï, qui incarne le féminisme, la beauté fragile et l’irrévérence. Le must. Takashi Shimura, le bûcheron tour-à-tour désespéré et philosophe, sort du lot des seconds rôles par son approche brutale du drame auquel il est lui-même confronté, tant du côté du procès que par son immersion active dans l’histoire. Apportant ainsi une double épaisseur à son rôle, il se fait le double du spectateur en une représentation de l’avocat du diable. Shimura n’est pas meilleur que Mifune, il apporte le liant dont a besoin « Rashomôn » pour exister. Et tant mieux, car il est considéré au Japon comme l’un des plus grands comédiens du vingtième siècle : « Le duel silencieux » de Kurosawa, « Godzilla » d’Ishirô Honda, « La légende de Zaitochi, le défi »… . Un casting ainsi mené à la baguette par le Maître nippon Akira Kurosawa.
    Ce qui m’a laissé sur ma faim ? La mise en scène de Kurosawa, léchée, classique, radieuse et beaucoup trop méthodique. Oui, il y a le grattage inopiné du viscéral Mifune, Hayasaka à la musique pour le fameux boléro japonais, Miyagawa dans l’antre forestière de « Rashomôn » et toutes les révolutions possibles (scénaristique, de montage et de mise en scène) mais je n’ai pas adhéré au chef d’œuvre intemporel réalisé par le plus moderne des cinéastes japonais. La cause ? Sa manière de nous narrer son histoire. Son montage impulsif. Son peps. Son invitation beaucoup trop hâtive. Non pas qu’il ne prenne pas le temps mais j’ai trouvé le ton du métrage démonstratif et pas assez enlevé.
    J’avais sans doute une attente autre de la part de Kurosawa pour son premier film que je regarde, en revanche, je ne peux nier le génie qu’il a eu sur le sol japonais, et bien plus encore… .
    Pour conclure, « Rashomôn » (sorti en 1952 en France) est le douzième long-métrage d’Akira Kurosawa qui le révéla au monde entier. Premier succès japonais à l’international (récompensé du Lion d’Or à Venise et de l’Oscar du meilleur film étranger en 1951) et jalon dans l’Histoire du septième art, il s’agit d’un drame humaniste signé et soigné par le plus moderne des artistes-peintres du vingtième siècle pour avoir créé « Les sept samouraïs », « La forteresse cachée » et « Yojimbo »/« Sanjuro » (et repris par Sturges, Lucas et Leone respectivement) pour ne citer que ceux-là.
    Spectateurs, Kurosawa pour un jour, pasionaria pour toujours !!
    dougray
    dougray

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    3,0
    Publiée le 26 mars 2018
    Grand classique du cinéma japonais, "Rashomon" a, également, marqué le cinéma occidental en créant un genre à part : le récit même raconté selon différents points de vue (voir, entre autres, l’excellent "Basic" de McTiernan). On retrouve, donc, ici le meurtre d’un homme raconté par son épouse, son assassin, un témoin et par le fantôme du mort lui-même à grands coups de flash-back… ce qui permet au réalisateur Akira Kurosawa de faire évoluer son histoire au fil du récit, en montrant, au passage, que la vérité n’est pas forcément aussi simple que celle qui semblait s’imposer. La mise en scène du réalisateur se met, ainsi, au service de son propos et contraint le spectateur à revoir constamment son jugement sur les événements. Il a, d’ailleurs, l’intelligence de ne pas forcément donner toutes les clés du récit en laissant un certain nombre de réponse en suspens… le spectateur étant, ainsi, invité à se forger sa propre opinion sans certitude. En cela, "Rashomon" est un exercice de réflexion intéressant, surtout à une époque où les images tendent à imposer une opinion à un public pas forcément désireux de s’interroger plus avant. Le propos du film est, par ailleurs, très politique puisque Kurosawa l’a tournée en 1950, c’est-à-dire après l’explosion des deux bombes nucléaires sur le sol japonais et la capitulation… soit deux évènements traumatisants qui ont profondément bouleversé le pays. Et Kurosawa ne manque pas d’évoquer ce Japon post-Hiroshima à travers cette histoire (qui se déroule, pourtant, à l’époque médiévale) qui traite de l’écroulement des valeurs dans un pays ravagé par la guerre mais, également, de l’espoir de jours meilleurs. Maintenant, soyons clairs : "Rashomon" reste un film japonais de 1950 et, de ce fait, n’est pas forcément très facile d’accès pour un public contemporain. Il faut, quand même, être très cinéphile (ou vouer un culte ou cinéma asiatique) pour ne pas grincer des dents devant les habituels "excès" des productions nippones, que ce soit les interminables envolées lyriques déclamés par un personnage qui se croit au théâtre, le rythme franchement lancinant de la mise en scène (alourdi par la musique !) ou, encore, le jeu terriblement outrancier des acteurs. Pour autant, une fois accepter cet écueil, le casting peut s’avérer surprenant, avec un Toshiro Mifune en bandit complètement barré mais, également, touchant, Machiko Kyo en épouse trop éplorée pour être honnête ou encore un Takashi Shimura en bûcheron traumatisé. "Rashomon" est, donc, un film à voir pour sa culture cinématographique mais suppose un certain effort. Difficile, dès lors, pour moi, de m'enthousiasmer totalement malgré tout ce qu'il aura apporté au cinéma moderne...
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