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Julien D
1 198 abonnés
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5,0
Publiée le 17 mai 2013
C’est une véritable révolution de l’approche scénaristique que nous offrit Akira Kurosawa en éclatant dans Rashomon les codes narratifs classiques hérités de l’art théâtral puisqu’il sembla être le premier à comprendre comment, à travers son montage, substituer au point de vue objectif du spectateur, irrémédiablement extérieur à l’action, les points de vue subjectifs de personnages internes à celle-ci pour créer chez lui un sentiment continuel de doute autour de la réalité des faits. Ce coup de maitre stylistique, instillant le concept de fiction dans la fiction, donne en plus à cette reconstitution d’un fait divers situé dans le japon féodal, une portée humaniste dont l’universalité permit la reconnaissance internationale au réalisateur. Comme toujours chez lui, la mise en image passe par des cadrages parfaitement planifiés et une maitrise adroite des lumières qui s’accompagnent d’une musique ensorcelante en parfaite adéquation avec le système mis en place. L’interprétation magistrale de Toshirô Mufine marqua le début d’une longue et très fructueuse collaboration entre lui et Kurosawa.
J'ai hésité à mettre trois étoiles puis finalement car cela fait longtemps que je l'ai vu, puis je me suis rappelé l'intelligence du scénario: c'est un film très intéressant sur la vérité et le mensonge. Si certains passages peuvent apparaître un peu gniangnian, j'ai été plutôt touché par cet humanisme de Kurosawa ! Vraiment à voir !
Un très grand film rempli de symboles, à partir d’une démonstration sur la subjectivité qui guide chaque jugement, Kurosawa manifeste son désir de croire en l’homme. Rashomon présente les événements ayant amené la mort d’un homme selon 4 points de vue différents, ceux des protagonistes qui tous déforment lé réalité à leur profit, et la véritable version contée par un témoin qui se tait pourtant devant le tribunal. Kurosawa démontre que toute vérité est subjective dans la mesure où l’on est prêt à croire nos propres mensonges pour ne pas affronter nos erreurs et la honte qui en découle. La culpabilité est ici une question personnelle avant d’être l’affaire de la loi. Le tribunal condamne un coupable en fonction des éléments à sa disposition, mais l’intégrité supposée de la loi perd tout son sens lorsqu’elle est dans l’impossibilité de discerner le vrai du faux face aux mensonges des hommes. La justice de la société est faussée. Kurosawa semble dire que le véritable combat a lieu à l’intérieur de chaque homme, à eux de reconnaître leurs mensonges et d’affronter leurs erreurs. On retrouve la même ambiguité que dans ses autres films, Kurosawa montre toute la médiocrité de l’homme, pire que le démon, tout en réaffirmant sa foi en l’homme et sa capacité à changer. Il fait du bonze une personnification de l’intégrité que peut atteindre l’homme, imparfait mais jamais perdu. Ce même bonze qui dans tous les plans du tribunal, n’apparaît qu’au bord du cadre, comme si la vérité fuyait la loi, prend le devant de la scène lorsqu’à la fin du film il affirme sa foi en l’humanité, un bébé dans les bras, symbole de l’innocence intrinsèque de l’homme. Après l’incompréhension face à l’égoisme de l’homme, le film termine sur une note d’espoir avec la confiance retrouvée entre les protagonistes qui se séparent alors que l’averse prend fin. Magnifique!
Le scénario m'a laissé sur ma faim : on ne comprend pas quelles sont les motivations de chacun des protagonistes, ou on s'en fiche un peu. Par contre, j'ai été époustouflée par la modernité de ce film : la lumière, les mouvements de caméra, l'organisation générale de l'intrigue, etc.
NB excellent pour un film de 1950 et le son aussi.Qu'est-ce qui pousse les gens à mentir ? La vanité. Toutes les bassesses morales sont bien dépeintes dans ce portrait sans concessions de l' âme humaine.Le Japon, pays dépositaire du code de l'honneur comme principe moral nous démontre une fois de plus que l'homme ne comprend que ses intérêts, au delà de quelque forme d'éducation qu'il ait pû subir. Ce n'est bien sûr que mon point de vue...
Un scénario original au service du non-sens qu’épouse parfois l’être humain. Une déferlante de désespoir qui nous place devant les yeux la lâcheté et la perversion de l’homme (peut-être la nôtre); et le soleil qui revient pour inonder « demain » d’une lumière plus pure. Néanmoins, un Kurosawa un peu décevant selon moi, peut-être parce que trop attaché à l’absurdité des faits pour laisser un peu de place à l’émotion. De plus, on y croise un Mifune simplement acteur, sur jouant le personnage en oubliant d’être l’aura époustouflante qu’on a l’habitude de croiser et qui fait qu’il n’est pas seulement un histrion.
Un des plus célèbres film japonais de l'Histoire. La mise en scène relève du génie tant les plans et surtout les travellings sont brillants. Le scénario est construit de manière astucieuse par contre je trouve que par moments dans les flash-back, les gesticulations des personnages sont trop poussives. Pas le meilleur film de samouraïs de Kurosawa.
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3,5
Publiée le 25 janvier 2011
A la sortie de "Rashômon" en 1951, c'est la Mostra de Venise, où il obtient le Lion d'or, puis Hollywwood, en lui dècernant l'Oscar du meilleur film ètranger, qui font de Akira Kurosawa un cinèaste respectè! "Rashômon", avec son rècit qui voit un même èvènement (le crime d'un samouraï et le viol supposè de sa femme) observè selon plusieurs points de vue et ses fameux plans ècrasès par le soleil, dèmontre une originalitè et un esprit visionnaire! il dèvoile ègalement la puissance du jeu de Toshiro Mifune, vèritable Marlon Brando nippon, rencontrès trois ans auparavant et devenu acteur fètiche du cinèaste! Le raffinement des images, l'exotisme, le côtè pirandellien de l'histoire, le message humanisme et l'èrotisme ont fait le reste de ce film culte du cinèma japonais...
Rashômon fait parti de l'Histoire du cinéma, dont il est probablement le film le plus impressionnant, plus révolutionnaire encore que Citizen Kane ou Le cuirassé Potemkine pour ce qui est de la mise en scène et de son utilisation. Le film est tellement jouissif qu'il est difficile de rester assis pendant le visionnage tellement l'excitation est forte. Tout est culte culte CULTE. le traveling initial avec la musique, en forme de pénétration de l'âme humaine avec tout ce qu'elle comporte de zones d'ombres et de lumière, en plus de poser la métaphore clée du contraste comme mesure de vérité, qui va être la clé de voûte de la construction du flashback multibranches tout simplement légendaire. L'interprétation, hallucinée, d'acteurs géniaux au sommet de leur art comme Toshiro Mifune ou Machiko Kyo, surprendra forcément un occidental non "initié". On sombre dans leur folie, leur schisophrénie. On cherche à démêler le vrai du faux des 3 versions lorsque la 4eme arrive, ce qui semble-t-il porte l'excitation à son comble. 4eme version qui comporte le combat le plus culte de l'Histoire du cinéma. Le "jugement" réservé à cette version, inattendue, est renversante et cette fois-ci on atteint le véritable sommet d'excitation. Quant à la chute, elle est d'une puissance symbolique marquante, et encore une fois inattendue. Si on réfléchit au contenu de chaque version (parce qu'on VEUT savoir la vérité malgré tout!), on découvre de nouvelles choses (qui tue le samuraï?), troublantes. Le film le plus pillé de l'Histoire du cinéma, celui qui a convaincu les occidentaux que les japonais savaient peut-être faire autre chose que kamikaze. Tout simplement MYTHIQUE.
Un bon film, sans plus, typiquement des années 50. Frappé de l'estampe nippon, il prête souvent à sourir en voyant les grimaces et les gesticulations effrénée de Mifune, inutiles et exagérées. On reste également sur sa faim car finalement, qui a raison dans cette sombre histoire ??
Il faut en premier lieu saluer l'initiative de distributeurs et d'exploitants de programmer sur grand écran ce film d'Akira Kurosawa. Il est d'une grande beauté et d'une très grande force narrative. L'histoire d'un meurtre de quatre points de vues différents désarçonne le spectateur et l'interroge sur la Vérité. Quelle mise en scène maîtrisée! Jamais la forêt n'a été aussi belle au cinéma, à la fois mystérieuse, sensuelle et assassine. Les mouvements magistralement chorégraphiés dans cette forêt contrastent avec la simplicité des plans fixes de tribunal. Le tout est hypnotisé la musique qui nous rappelle le Boléro de Ravel. Enfin, les personnages, aussi ambigus les uns que les autres, sont brillamment interprétés.
Film d’une très grande puissance esthétique et psychologique. Ce conte philosophique intemporel révèle avec finesse et justesse toute la complexité de l’être humain au travers de la narration, par plusieurs protagonistes, d’une même scène de viol et de meurtre. Les différences entre ces narrations ne relèvent pas de la simple subjectivité propre à chaque individu mais du grand mensonge, celui de l’Homme individualiste, matérialiste (dans le matériel, ont intégrera au passage la femme qu’il convient de « posséder », comme une dague…) vaniteux et manipulateur. La pluie diluvienne qui ne cesse de tomber depuis le début du film vient appuyer la fatalité de ce constat. Tout n’est il qu’illusion ? La quête de la vérité est-elle impossible ? Ce sera au spectateur d’inventer sa propre version de cette scène de crimes. C’est pourtant sur une vision optimiste de l’Homme que ce film s’achève même si le spectateur, anéanti par cette brillante (chacun s’y reconnaîtra malheureusement un peu) analyse psychologique de l’être humain à peine à y croire. La musique est envoûtante et énergique. KUROSAWA film avec une très grande virtuosité, simplicité et maîtrise, alternant plans larges (magnifiques ballets/poursuites dans la forêt) et plans serrés qui mettent en valeur le grand jeu des acteurs.
Rashômon... ou la déclinaison de la vérité... Quelle vérité ? Avec ce film, Akira Kurosawa pose la question philosophique de la perception du monde. Qu'en est-il du faux ou du vrai, du monde réel ou de l'illusion, des sentiments, de l'amour, de la haine, de la vie ou de la mort... Le monde de Kurusawa ressemble étrangement à celui dans lequel nous vivons, multiple et complexe, changeant surtout, selon que l'on se trouve au sud ou au nord de la planète. Tout ne semble qu'illusion dans ce monde japonais tiraillé par le pouvoir, les guerres et les famines comme l'annonce le réalisateur en préambule de son film. Tout... Sauf peut-être cette porte des Enfers, Rashomon, lieu du jugement dernier, inamovible sous le déluge, qui préfère, par une étrange pirouette, donner refuge à la vie (le bébé) plutôt qu'aux âmes tourmentées. Une belle parabole pour un film réalisé avec brio et clarté.
Film qui révéla le cinéma japonais au monde entier, ce drame bien construit donne un très beau rôle à Toshiro Mifune. La mise en scène encore assez statique offre certains cadres intéressants et des mouvements que l'on retrouvera chez de multiples cinéastes (exemple de la caméra dos à la femme qui avance et se retourne au niveau du visage, procédé utilisé dans il était une fois dans l'ouest pour découvrir le visage de Fonda). La pellicule est malheureusement abîmée et la lumière pas toujours très bonne, mais ce drame est une très grande oeuvre énigmatique et philosophique.
De ce qu'on peut appeler un film capital du cinéma d'Akira Kurosawa, "Rashômon" s'avère également un film essentiel du cinéma. Hormis les plans d'une esthétique incomparable d'harmonie, propre au cinéma de Kurosawa, et la fusion de l'accalmie japonaise avec les musiques battantes venue d'Hollywood, c'est dans la structuration hiérarchique en strates de la narration que naît la singularité époustouflante de l'oeuvre. Trois hommes de classes divergentes se voient relater les faits d'un procès, lui-même relatant les faits d'un crime. Mise en abîme narrative qui tend à confondre les rapports de narrateur. Ceci étant d'ailleurs accentué par les différentes versions des récits. Quatre moutures pour un crime, toute étrangement différente. L'altérité frappante des témoignages se veut comme le gage de la défiance du monde moderne. Bien que se déroulant au XIème siècle, Kurosawa transpose le message pour le spectateur contemporain. Charge d'un monde changeant, la prise de conscience de la perversion de l'information (car les nécessairement trois faux témoignages sont bien les représentants de la corruption de la verité) est la dynamique de "Rashômon". Le cinéma, principalement témoin objectif de la verité, se confronte là à lui-même, Kurosawa usant ingénieusement du médium cinéma pour questionner la verité des faits. Tout en interrogeant l'essence des choses, Kurosawa dirige son film en un ballet. Ses personnages se déplacent et réagissent avec une musicalité pondérée. Les rires de Tôshiro Mifune accompagnant ses gestes brusques mais congrues, les torsions des masques-visages, Machikô Kyo (Masako) en exemple, cimentant les postures statiques, les apparentes grossièretés gestuelles de Kichijiro Ueda, le roturier, sont les staccatos ininterrompus de la danse des interprétations. La cohésion des acteurs prêtent également au terme de chorégraphie. Danse magnifique autour de la verité, "Rashômon", aux côtés de "Shichinin no samurai", est un prodige de Kurosawa père.