Avis sur La Source de Feu

Adaptation d'un très grand classique de la science-fiction, « La Source de feu » a inévitablement un peu vieilli, mais garde toutefois un certain charme. Pour cela, pas de secret : une mise en scène classique mais très soignée d'Irving Pichel, et surtout un scénario d'une grande richesse, exploité avec intelligence à travers des décors majestueux très bien exploités et un sens du spectacle plus que correct pour l'époque (nous sommes en 1935). Alors bien sûr, on en a vu d'autres depuis, mais cela n'empêche pas le film d'être une belle réflexion sur l'amour, le temps ou l'immortalité (rien que ça !), porté par des personnages nuancés et un réalisateur ayant foi dans le cinéma de divertissement dans ce qu'il a de plus noble : à découvrir.

Une solide distribution pour cette adaptation remarquable d'un des nombreux classiques écrits par Ridder Hagard. Prestation étonnante et réussie de Randolph Scott en aventurier explorateur, lui qui fut un éternel Cowboy aussi célèbre que l'immense John Wayne dans les années 50'. La production fut assurée par Schoenback et Cooper, connus pour l'énorme "King Kong" de 1933. Beaucoup de décors de "She" sont ceux où évolua le grand gorille 2 ans plus tôt.

Ma découverte de l'oeuvre de Henry Rider Haggard s'est fait de cette manière : tout d'abord, je découvrit par hasard le film la Déesse de Feu. Tombé sous le charme de ce film, j'ai appris par la suite qu'il était adapté d'un roman. Curieux je me suis alors penché sur le livre. Cela a été un vrai enchantement pour moi, que ce soit pour ce livre ou pour sa suite, le Retour d'Elle. J'ai repéré ensuite les autres adaptations cinéma et me suis pris d'intérêt pour la Source de Feu. Produit par Merian C. Cooper, le réalisateur de King Kong, le film réutilise également une partie des décors de ce dernier film dont la grande porte. Niveau acteurs, on retrouve Randolph Scott, bien avant que ce dernier ne devienne une star du western. Helen Gahagan livre une interprétation plutôt convaincante dans le rôle d'Ayesha. À noter que son look inspirera celui de la Reine dans Blanche-Neige et les sept nains. Le film impressionne niveau style visuel, nous gratifiant d'effets spéciaux étonnants pour l'époque et de beaux décors stylisés. Il diffère cependant assez de l'oeuvre originale : la cité perdue se situe dans les glaces du Pôle Nord et non plus dans des marécages en Afrique. Ayesha ne se voile pas le visage (sauf lors de sa première apparition) et il n'est fait nul mention de ses pouvoirs surnaturels décrits dans le roman. Le personnage de Ustane est également remplacé par Tanya. Au final, la Source de Feu demeure un agréable film d'aventure ainsi qu'une adaptation acceptable du roman de Haggard. Toutefois, malgré toutes ses qualités, il ne vaut pas pour moi la version avec Ursula Andress. Tout d'abord parce qu'il possède moins de charme et de magie que celle-ci. Ursula Andress est beaucoup plus crédible et éclatante que Helen Gahagan dans le rôle d'Ayesha. Mais le plus grave est que ce film évacue la passion absolue et sublime d'Ayesha pour Leo qui faisait en grande partie la force du roman et que la version avec Andress retient avec raison.