Film important dans la carrière de Tsui Hark puisque il marque les débuts de la Film Workshop , un des studio les plus importants à cette époque de Hong-Kong , studio qui relancera des genres à l'agonies comme le Wu Xia Pian et révolutionnera la comédie en générale , explorée de long et en large par de nombreux réalisateurs .
On a là une histoire d'amour plus qu'originale , outre sa construction assez unique , le film est aussi une chronique sociale , détaillant un Shanghai d'après-guerre avec tout ce que cela implique : La pauvreté de la population , la hausse du prix de la nourriture , la prostitution , l'avenir des anciens combattant contraints de vendre leur sang pour pouvoir survivre ... etc
Ce qui est génial , c'est que Tsui Hark ne cherche pas à apitoyer le spectateur , cette description est faite dans la bonne humeur , dans le rire , en utilisant la comédie , et le pire , c'est que ça marche ... cette histoire d'amour s'intègre parfaitement dans le contexte social de l'époque .
Je disais que la construction était assez unique , en effet nos deux personnages vont se rencontrer pour la 1ère fois en 1945 , sous les bombardements japonais , une séquence qui durera tout juste 10 mn , cette rencontre qui aura lieu sous le pont sera interrompu quelques minutes plus tard .
On retrouvera nos deux héros 2 ans plus tard en 1947 , où aura lieu tout le reste du film .
En plus d'intégrer donc toute une partie sociale à son film , un 3ème personnage va faire son entré , ajoutant encore plus de bordel à cette partie de cache-cache que nos deux nostalgiques se livrent , Sally Yeh .
Tsui Hark maîtrise tellement son récit , qu'il se permet en plein milieu de partir sur des intrigues différentes dont la fameuse élection de Miss Shanghai qui nous réservera bon nombres de fou rire .
Sally Yeh est resplendissante en jeune fille provinciale naïve et peu dégourdit .
Son personnage permettra en outre d'ajouter bon nombres de quiproquos au film et de scènes burlesques en tout genre .
Le film est donc un immense pot pourri , où se mélangent les genres , ou se croisent des personnages hauts en couleurs dans un rythme qui va à 100 à l'heure .
A ce niveau là le film est assez irréprochable , il n'y a aucun temps mort , la mise en scène passe essentiellement par le montage et le mouvement des personnages et leur interactions . Il se passe toujours quelque chose , aucune scène n'est inutile , Shanghai blues est un modèle de rythme maîtrisé de bout en bout .
Saluons une fois de plus la composition de James Wong , propulsant le film avec son thème "Shanghai blues " au sommet , trop peu méconnu hélas ...
Chef d'oeuvre donc , une des meilleures comédies romantiques que j'ai jamais vu .
Mais son oeuvre maîtresse verra le jour 2 ans plus tard : Peking Opera Blues .
On attends qu'une chose , que le Maître clôture cette magnifique trilogie du Blues .