Sortie de ma dévéthèque : « Beignets de tomates vertes » est un film d’une charge émotionnelle poignante. Et tout ça sans violon pleurnichard. C’est une ode à l’amour, une ode à l’amitié, une ode à la tolérance, une ode au droit à la différence, une ode à la femme.
Evelyn, coquette, souriante est une grosse femme effacée ; elle est l’archétype de la femme au foyer qui ne vit que pour entretenir la maison et pour assurer le confort de son mari, obèse. Evelyn a beau aller à des cours de féminité pour briser la monotonie d’un mariage, pour relancer l’intérêt d’une vie de couple, rien n’y fait, son mari préfère se précipiter devant sa télé avec son assiette déjà préparée plutôt que de regarder sa femme. Comment changer, comment faire pour n’être plus transparente ? Lors d’une des visites apparemment dominicales dans une maison de soins, Evelyn, rejetée violemment par la tante de son mari, va faire la connaissance d’une veille femme de 83 ans : Ninny laquelle va lui narrer des souvenirs de sa jeunesse. Ainsi, le film nous bascule des années 80 aux années entre-deux-guerres, dans une Amérique du sud ségrégationniste. Et là, Evelyn, gourmande au sens figuré et propre du terme, va goûter à l’histoire de Idgie et de Ruth. Deux femmes remarquables. Et le film va ainsi s’égrener durant deux belles heures entre récit et prise de conscience. Entre aller et retour, passé et présent. Oui, peu à peu, Evelyn va reprendre le goût à la vie, elle, si dépressive, elle, qui se sent « si inutile », et dont les cours ne l’aident en aucune manière. Elle va de plus en plus s’affirmer, retrouver la confiance et l’amour, celui de l’amitié, celui qui unissait Idgie, la merveilleuse charmeuse d’abeilles, à Ruth, deux caractères bien trempés à leur façon. Histoire de meurtre aussi. Le film alterne l’humour et le drame avec équilibre sans tomber dans la pleurnicherie. Le film est aussi une ode à la vie. Evelyn ne va pas s’inspirer de héros de comics, de romans à l'eau de rose, de collection Harlequin, ce sont Idgie, Ruth et même Ninny qui vont être ses modèles, lesquels vont l’aider à ne plus être transparente, être une femme qui se respecte. Jon Avnet nous conte un double récit qui va permettre à une femme dans le présent de réaccaparer son identité. Quatre étincelantes actrices : Kathy Bates, Evelyn ; Jessica Tandy, Ninny ; Mary-Louise Parker, Ruth et surtout en ce qui me concerne Mary Stuart Masterson. Comment se fait-il que cette actrice n’ait pas eu une place aussi importante dans le paysage du cinéma ? Elle, si émouvante dans « Benny and Joon ». Pour un premier film, Jon Avnet signe un film brillant. Il faut aussi saluer la prestation des autres acteurs. « Beignets de tomates vertes » est un film délicieux et demeurera et dans ma dévéthèque et dans mon coeur ; comme le personnage Ninny et ses souvenirs de jeunesses à jamais gravés. A savourer en V.O, évidemment...