Bien qu'il ai souvent réalisés des films colossaux, aux moyens démesurés et foncièrement spectaculaires, Francis Ford est aussi un cinéaste de l'intime et avec "Coup de cœur", il a l'occasion de donne la parole à l'Amérique qui travaille, de glorifier le working class hero, de s'intéresser aux oubliés du cinéma. Avec cette histoire toute simple d'un couple qui se dispute et se retrouve, le tout au milieu d'éclairages néons criards, des plans tarabiscotés et de séquences oniriques déroutantes, il dilue son propos. Si effectivement, le film se situe à un bon niveau et s'intéresse en profondeur à certains thèmes intéressants comme l'usure de l'amour, la confrontation des envies divergentes, la question de la fidélité, le besoin d'évasion et la recherche de sensation, il reste un peu trop froid et trop cérébral voire cryptique. La maîtrise visuelle de Coppola est indéniable et il offre au spectateur plusieurs plans, plusieurs scènes, plusieurs séquences d'une beauté visuelle renversante. La photo de Storaro est absolument bluffante et certains éclairages marquent la rétine avec insistance tandis que les trucages visuels offrent quelques plans ahurissants. Sa maîtrise de la grammaire visuelle est elle aussi impressionnante si bien que son montage est parfois, voire même souvent, plus parlant que les dialogues, qui ne sont pas vraiment brillants. Le langage des couleurs, leur symbolique en particulier, souligne généralement l'état d'esprit des personnages ou met en perspective la situation (la couleur rouge évoquant tantôt le désir ou l'hypocrisie voire la colère, la couleur verte pour la jalousie, le jaune pour la chaleur et le côté sexy). Les mouvements de caméra impossible sont fréquents tandis que quelques plan-séquences d'une virtuosité folle émaillent le film. Sans oublier des séquences de danse étourdissantes, entre un tango enivrant et une scène de dans collective enthousiasmante. Si je ne me suis pas franchement ennuyé devant le film, j'ai toutefois été un peu dérouté par certains passages, des hésitations de personnages un peu agaçantes et une répétition des situations avant un final un peu tirer par les cheveux et qui nage un peu trop dans la guimauve. Toutefois, son regard sur le couple est assez juste, avec quelques beaux moments de complicité assez touchant, aussi bien dans les disputes, qui font ressortir les incompréhensions, les frustrations et les mensonges ; que dans les moments d'intimité, filmés avec plus de pudeur et magnifiant régulièrement l'adoration, le désir ou bien l'amour tout simplement. C'est beau donc mais aussi, étonnement, un peu froid. La critique complète à lire ici