Film psychologique mais sans lenteur, où tout est parfait. Une histoire brillante et originale, dense, mélancolique mais très humaine, très chaleureuse ; une mise en scène magistrale (au sens étymologique du terme) où cadrage, lumière, montage sont irréprochables ; et enfin une interprétation de rêve ! Si Daniel Auteuil est renversant dans son rôle d’infirme du cœur, Emmanuelle Béart est sublime – c’est rare ! – et André Dussollier toujours excellent… sans oublier Brigitte Catillon – qui remporta pour l’occasion un prix d’interprétation d’un second rôle – et le regretté Maurice Garrel. Et une musique au diapason… du Ravel, excusez du peu ! On peut qualifier ce film de chef-d’œuvre, sans surenchère.
On ne saurait nier à Claude Sautet une certaine maitrise de l’art cinématographique. Ses prises de vue, ses cadrages, son découpage, son montage restent de bonne facture. Il en va de même de la mise en scène proprement dite bien que cet art (la mise en scène) procède plus du théâtre que du cinématographe. Et c’est là où le bât blesse. Trop littéraire, trop ampoulé, le cinéma de Sautet m’agace plus qu’il ne me séduit. A de rares exceptions près (Montand dans « César et Rosalie ») ses acteurs prennent des mines mornes et blasées jusqu’au ridicule. Vous me rétorquerez : « comment ? Vous qui admirez Bresson, vous critiquez cet aspect des choses chez Sautet ? » Et bien oui car chez Bresson les acteurs ne jouent pas la comédie : ils illustrent un drame comme le visage impassible d’une icône russe illustre l’évangile. C’est bien là toute la différence. D’un coté, un art cinématographique poussé à l’extrême du dépouillement comme une église romane ou une chapelle de Le Corbusier tout à la gloire du volume, de l’autre un méli-mélo de théâtre filmé, d’extrait de roman à l’eau de rose, de dialogue insipides assaisonnés d’une bonne dose de musique belle mais élitiste histoire de faire passer la pilule. Le résultat est snob et prétentieux. Même si, pour une fois, Sautet ne nous impose pas des personnages tout droit sortis de la grande bourgeoisie parisienne, ses deux artisans sont des luthiers de haut vol comme le grand Etienne Vatelot, à savoir des gens dotés d’une certaine aisance financière. Bien loin des personnages de Bresson ! Et bien loin des préoccupations de tout un chacun. Regardez autour de vous. Ne voyez-vous que des gens qui font la gueule ? Quand vous invitez ou que vous êtes invité, vous souriez, vous riez, vous plaisantez. Rien de cela chez Sautet. Une caricature du cinéma intellectuel français. Les seuls moments qui donnent un peu d’air à cette atmosphère étouffante sont les scènes de travail dans l’atelier. Trop mince pour susciter l’intérêt jusqu’au bout. Quant à la passion de Camille pour Stéphane qui n’a rien d’un beau ténébreux, elle apparait bien artificielle. La scène de dispute au restaurant aussi. On voit mal un homme rester impavide à ce point sans dire au moins « calmez-vous, on nous regarde ! » surtout dans un film à visée plus psychologique que symbolique ou métaphorique. Conclusion : malgré le talent de Sautet, je n’adhère pas à son cinéma.
Ah le cinéma lent et en manque véritable de transcendance mais qui malgré tout touche parfois très juste de Claude Sautet, et s'il touche parfois très juste c'est grâce à l'écriture fine de certaines scènes (pour ça il faut oublier qu'on les a entre d'autres nettement moins réussie !!!) et puis grâce au jeu assez juste des comédiens... Ce dernier est assez classieux mais cela va assez bien avec le ton Sautet. Si André Dussolier est un peu en retrait, la grande beauté d'Emmanuelle Béart à l'époque n'a pas le moindre mal à capter l’œil du spectateur et Daniel Auteuil malgré l'extrême froideur d'apparence et de son comportement réussit à faire ressentir de l'empathie (sauf pour la réaction qu'il a quand il s'arrête en voiture avec Béart devant un hôtel !!!), surtout si on ressemble pas mal à son personnage. On a le droit aussi à un subtil parallèle scénaristique pour ce dernier, luthier capable de faire sortir n'importe quel son d'un violon mais incapable de sortir la moindre émotion de soi-même. Le fait que Maurice Ravel soit à la BO constitue un plus considérable... Comme 80 % de ce qu'a réalisé Claude Sautet, pas pleinement emballé mais je regrette pas de l'avoir regardé quand même...
Stéphane est en pleine crise affective et comme condamné à ne pas ou plus aimé, Maxime aime Camille, et cette dernière aime Maxime mais elle préfère Stéphane. Les positions sont simples, et elles ne changeront à aucun moment du film. En effet, les personnages agissent de façon tout à fait normale en fonction de l'étiquette (très solidement fixée) qu'ils portent. Sans surprise et sans passion, ce film de Claude Sautet est finalement bien triste, sinistre même, que ce soit dans sa maigre originalité formelle ou dans son scénario d'une extrême platitude. "Un cœur en hiver" est un pur drame, austère mais sans génie, et qui s'oublie une fois le générique terminé. Après cela, on a qu'une seule envie: voir du cinéma, du vrai.
Beaucoup trop de longueurs dans ce film et trop de musiques dont il eut pu être fait usage avec plus de modération. Un malaise persistant plane tout le long de ce film somme toute assez banal et on s'ennuie, on s'ennuie... Seuls les comédiens semblent croire à ce qui n'est pas une aventure, mais à un récit au scénario soporifique.
Un film envoutant à la mise en scène sobre et clair. Claude Sautet met ici en scène le prototype même du film français classique. La mise en scène est d'une grande sobriété mais toute en finesse et en délicatesse. Le tout est servi par une histoire touchante et des personnages assez intéressants, même s'ils n'évoluent pas beaucoup. Parfois un brin sur écrits, les dialogues sont parfois assez convenus et sans reliefs, mais le tout est rattrapé par le charme immense des acteurs. Daniel Auteuil, tout en retenue est assez touchant et Emanuelle Béart est renversante.
On a du mal à se laisser convaincre par cette opération de séduction par la froideur, et le film tombe un peu dans son propre piège d'apathie. Dommage, car il est bien écrit et très musical - peut-être trop animé par la sophistication au détriment de la spontanéité ?
Un coeur en hiver, mon premier Claude Sautet, et bien je ne sais pas trop quoi en penser, une romance assez originale et psychologique, un peu difficile à cerner au départ, malgré tout nous avons là une histoire intéressante même si pas follement passionnante, de plus le casting est parfait, Emmanuelle Béart superbe et Daniel Auteuil jouant un personnage complexe sans émotion. Voilà en bref un bon film, bien travaillé, soigné, en plus la bande son est un régal. Sans être une perle ça reste bon.
Avant dernier film de Claude Sautet qui livrera son dernier souffle en 2000, "Un Cœur en Hiver" nous fait suivre Maxime et Stéphane, deux amis qui travaillent ensemble dans un atelier de lutherie puis Maxime tombe amoureux d'une jeune violoniste, qui ne laisse pas indifférente Stéphane. Il s'est d'ailleurs inspiré de la vie du compositeur Maurice Ravel.
"Un Cœur en Hiver" brille d'abord par sa qualité d'écriture avec une histoire qui ne tombe jamais dans la caricature ou dans le pathos, c'est d'ailleurs dans un style très "Bergman" mais c'est surtout réussi au niveau des personnages. Stéphane dont on ne sait jamais les sentiments et à quel jeu joue t-il, d'ailleurs il parait être émotionnellement handicapé, face à lui cet envoutant objet de désirs dont les rencontres commencent par leur commun amour du violon... Il donne une véritable dimension psychologique à son récit et laisse toujours planer le doute vis à vis de Stéphane.
Côté interprétation, Daniel Auteuil est troublant et énigmatique tandis que Béart est envoutante. Si André Dussollier est un peu en retrait vis à vis des deux autres, il n'en est pas moins impeccable.
Un beau film, cruel et mélancolique, doté d'une bonne qualité d'écritures et d'excellentes interprétations.
Même si la mise en scène de bonne facture permet d'éviter le ratage, le personnage joué par Daniel Auteuil est beaucoup trop tarte pour que l'histoire soit crédible.
Même si le triangle amoureux est intéressant et les acteurs classieux, "Un cœur en hiver" n'est absolument pas transcendant, voir même un peu trop mou pour réellement nous passionner voir nous intéresser! Sautet s'entête a mettre des discours et dialogues pseudo philosophiques, faussement intellectuels, qui, lorsqu'ils ne sont pas à la limite du ridicule, reste d'un ennui non relatif! Les acteurs bien que prestigieux et talentueux, interprètent des personnages vides et offrent des prestations monocordes assez fades qui mériteraient une bonne ouverture pour éviter les personnages terriblement coincés auxquels ont a eu droit... Dommage l'histoire avait un bon potentiel, la technique n'est pas mauvaise, et une certaine ambiance planait la dessus, mais il manque une ferveur, une effervescence, une passion pour mettre un bon coup d'accélérateur dans ce film...