Impitoyable, c’est le Western crépusculaire par excellence, la fin du mythe. Clint Eastwood y tient de manière symbolique le rôle principal, celui de William Munny, ancienne terreur du Far west. Munny, à l’instar de son interprète, n’est plus que l’ombre du personnage extraordinaire qu’il a été. A travers ce protagoniste, Clint Eastwood nous offre une magnifique métaphore de la situation actuelle d’un genre cinématographique à part entière, le western. Ainsi le vieillard que l’on nous présente comme William Munny, ancien hors-la-loi impitoyable, aux actions mémorables, est introduit pour la première fois dans le film traînant dans la boue, ridiculisé par ses cochons malades. Son passé est très loin derrière lui. Il s’embarque, néanmoins, dans une dernière aventure avec son ami de toujours, Ned Logan auquel Morgan Freeman prête ses traits. Cependant, Munny est devenu faible, docile et tout affrontement l’effraie.
Clint Eastwood qui est à la fois devant et derrière la caméra, nous dépeint une histoire de la conquête de l’Ouest basée sur des mythes. Il nous montre alors, la vraie face d’une Amérique fantasmée. De cette manière, English Bob incarné par Richard Harris puis Little Bill joué par Gene Hackman, ont recourt à la plume d’un écrivain pour écrire leur biographie qu’ils faussent en y ajoutant des éléments de bravoures afin d’améliorer leur histoire, leur légende qu’il convient seule d’imprimer si elle s’avère plus belle que la réalité comme se plaisait à le dire John Ford.
Il faudra attendre le troisième acte du film, pour retrouver un Clint Eastwood au sommet. En effet, Munny, animé par un désir de vengeance, redevient ce qu’il était, un homme froid, dangereux et sans pitié. La dernière scène du long-métrage voit s’affronter deux des derniers géants du cinéma américain, l’acteur fétiche de Sergi Leone tient tête dans un duel magistral, au grand Gene Hackman bien loin de ses rôles sympathiques.
Un face à face d’autant plus captivant, qu’il met en scène deux personnages similaires, deux anciens gangsters, qui ont prie des routes différentes. Little Bill aurait tout aussi bien pu tenir le rôle de protagoniste, car l’œuvre ne présente aucun manichéisme. Permettant ainsi, l’évolution de personnages complexes et torturés.
Le récit en lui-même n’a pas tellement d’intérêt si ce n’est d’illustrer toute la symbolique du film.
Je ne saurais parler du film, sans raconter la fin.
Après avoir nourrit sa légende une dernière fois, Munny retourne chez lui, au fin fond de nulle part, retrouver une vie tranquille. Le dernier plan nous montre le protagoniste disparaître tel un fantôme dans le désert de l’Ouest. C’est la fin d’une époque.
Impitoyable a largement mérité ses quatre Oscars en 1992. Clint Eastwood signe un grand film qui redonne ses lettres de noblesse au Western tout en se présentant comme la ponctuation final de ce genre presque enterré, un dernier souffle remarquable signé par l’une de ses plus grandes icônes.