Dans ses mémoires John Huston évoque le fait qu'il déteste Le Vent de la Plaine, n'y voyant qu'un "banal film d'action", là où il voulait résolument tourner un film contre le racisme.
Il dira même : "Certains de mes films ne me plaisent guère, mais celui-ci est le seul que je déteste vraiment. Tout y est faux, grandiloquent, démesuré"
Il évoque ici l'histoire d'une famille d'éleveur de chevaux dont la fille, récemment promise, a possiblement été échangée à la naissance avec une indienne.
Capable de s'attaquer à tous les genres avec brio, John Huston mêle ici western et drame familial où il va s'intéresser aux origines de cette fille, sachant créer le trouble tant chez les autres protagonistes que sur le spectateur. C'est en partie là tout l'intérêt, et la réussite, du film, dans la façon dont le metteur en scène d'Un Faucon Maltais dresse le portrait de cette femme, ainsi que de ses frères, et toute l’ambiguïté qu'il fait planer dessus, ce qui se ressent durant l'intégralité du film.
Si l’œuvre n'est jamais réellement transcendante non plus, la faute notamment à une émotion qui n'est pas forcément présente, elle n'en reste pas moins réussie. Se rapprochant parfois du remarquable La Prisonnière du Désert de John Ford, adapté du même auteur et dont les thématiques sont proches, Le Vent de la Plaine en aborde aussi diverses tels que le racisme, la famille ou encore le poids du passé, et ce avec un certain intérêt bien que ce soit parfois maladroit, notamment dans le final et pas toujours assez bien exploité.
La réussite du film de Huston se trouve dans sa belle mise en scène ainsi qu'un certain côté minutieux, où le réalisateur de La Nuit de l'Iguane sublime chaque paysage, voire même personnage, où ils sont aussi nombreux que passionnants. Dans l'impression casting mis à disposition du cinéaste américain, on peut regretter qu'Audrey Hepburn (qui était enceinte durant le tournage et qui finira par faire une fausse couche, ce que Huston se reprochait à lui-même alors qu'elle fut sérieusement blessée au dos suite à une chute de cheval) pêche dans le jeu dramatique, alors que tous les autres comédiens sont impeccables et en premier lieu le toujours génial Burt Lancaster, tandis que voir Lillian Gish est toujours un immense plaisir.
John Huston propose avec Le Vent de la Plaine une œuvre intéressante, parfois plaisante, grâce à son contexte et son alternance des tons qui fonctionne plutôt bien, mais frustrante tant elle aurait pu prétendre à mieux, notamment dans les thèmes abordés et l'émotion proposée.