Un troisième opus qui est en quelque sorte l'antithèse du film de Cameron, modérément antispectaculaire, obscur et misant sur un climat de désespoir total, rien que l'intro j'adore, notamment ces plans des cadavres du Sulaco annoncés par l'ordinateur de bord avec le fond sonore, c'est déjà glaçant et poisseux, autant dire que ça annonce la couleur. L'ambiance de cette planète pénitentiaire est carrément glauque et déprimante, pas de place pour l'héroïsme, il n'y a que des cafards tordus qui voit l'arrivée de Ripley comme une intrusion à leur mode vie repentante, un sectarisme spirituel inspiré du scénario d'origine où ce lieu devait être un couvent de moines, sans doute pas anodin qu'ils définissent l'alien au premier abord comme un dragon, ou est-ce une coïncidence (je ne pense pas). Du coup on se demande ce que le film va bien pouvoir tirer de ce background, et il en fait un survival absolu, les moyens de défense sont limités face à la menace (pas d'arsenal de marines mais simplement quelques explosifs et de l'huile de coude), les couloirs semblent former un labyrinthe où la créature peut se cacher entre n'importe quel tuyau, puis Ripley découvre qu'elle couve une pondeuse et que la compagnie est au fait pour la rapatrier, il n'y a donc pas d'échappatoire...
Les personnages se battent pour leur vie et leur salut, comme un dernier baroud d'honneur, et je trouve assez fort de rendre cette troupe sordide d'ex criminels sympathique, on aurait tendance à se foutre de leur sort mais de toute évidence on veut qu'ils survivent, que la mission aille au bout et advienne que pourra. J'aime particulièrement la séquence du piège des SAS avec la vue subjective du xénomorphe, je me rappelle qu'étant gosse ça m'avait scotché, d'ailleurs reprise pour le gameplay de la campagne Alien dans le jeu Alien vs Predator, tellement stylé, même si les FX (le monstre en CGI la plupart du temps) étaient encore au stade expérimental, bien que le chef op ai fait un boulot plus que correct pour tenter de masquer les défauts. Et puis je trouve surtout le final magnifique, lorsque Ripley se sacrifie avec ce saut de l'ange dans le feu, on ne peut pas faire mieux comme mort et pour moi la saga aurait du s'arrêter là, du moins en ce qui concerne les sequels, il y a le symbole, l'émotion, la grâce du plan, bref superbe.
Une suite de qualité qui renoue avec la simplicité du film de Scott, mais dans un univers cauchemardesque et sans retour, radicalement chaos.