Alien 3: Un Pari Audacieux, mais un Échec en Demi-Teinte
David Fincher, en 1992, nous livre le troisième opus de la saga Alien avec "Alien 3" (ou ALIEN³). Dès le début, le film adopte un ton résolument différent de ses prédécesseurs, plongeant dans une atmosphère plus sombre et introspective, presque claustrophobique. Les ambitions de Fincher sont indéniables, mais le résultat final reste mitigé, offrant une expérience à la fois captivante et frustrante.
L’Histoire et ses Limites
"Alien 3" se déroule en 2179, où Ellen Ripley (interprétée par Sigourney Weaver) est la seule survivante d’un crash sur Fiorina « Fury » 161, une planète-prison austère. Le cadre est immédiatement sinistre, dépeignant une colonie minière en ruine peuplée de criminels endurcis. Fincher utilise cet environnement pour créer une tension palpable, mais le scénario peine à soutenir cette ambiance. L'idée de confronter Ripley à des détenus dangereux tout en introduisant un nouvel Alien est prometteuse, mais les interactions entre les personnages manquent de profondeur.
Une Réalisation Visuelle Impressionnante
Fincher, connu pour son sens aigu de l’esthétique, réussit à imprimer une patte visuelle distinctive à "Alien 3". Les décors métalliques et sales de la prison, ainsi que l’éclairage sombre, contribuent à une atmosphère oppressante. La créature elle-même, sortie pour la première fois d’un animal (un chien), présente une morphologie différente, se déplaçant à quatre pattes et dégageant une menace inédite. Ces choix visuels renforcent l'aspect horrifique et anxiogène du film, bien que certains effets spéciaux, en particulier ceux utilisant les premières images de synthèse, apparaissent aujourd'hui datés.
Un Casting de Talent mais Sous-Exploité
Sigourney Weaver reprend son rôle emblématique avec brio, incarnant une Ripley plus vulnérable et désespérée que jamais. Charles S. Dutton, dans le rôle de Dillon, apporte une présence charismatique et autoritaire, tandis que Charles Dance, en médecin tourmenté, offre une performance nuancée. Cependant, la plupart des autres personnages sont rapidement relégués à des stéréotypes de détenus, manquant ainsi d'une véritable consistance narrative.
Une Musique Anxiogène
La bande sonore d’Elliot Goldenthal mérite une mention spéciale. Composée pendant les émeutes de 1992 à Los Angeles, la musique renforce l’atmosphère chaotique et désespérée du film. Ses compositions, souvent dissonantes et troublantes, accompagnent parfaitement les scènes de tension et de suspense.
Les Faiblesses du Scénario
Le scénario de "Alien 3" est probablement son talon d’Achille. Développé à travers de multiples réécritures et changements de direction, il manque de cohérence et de clarté. L’intrigue semble parfois se perdre dans des méandres inutiles, et certains arcs narratifs sont brusquement abandonnés. La mort rapide des personnages de Newt et Hicks, pourtant centraux dans le film précédent, a été une déception pour de nombreux fans, et la présence de l’embryon de reine Alien en Ripley semble être une tentative forcée de maintenir la tension sans réelle innovation.
Un Héritage Complexe
"Alien 3" est souvent considéré comme l’épisode le plus controversé de la saga. Si Fincher réussit à imposer une vision unique et audacieuse, les problèmes de production et les divergences artistiques laissent une impression d’inachevé. Le film explore des thèmes intéressants tels que la rédemption et le sacrifice, mais il le fait de manière trop brouillonne pour véritablement marquer les esprits. La version longue, sortie en 2003, offre une vision plus complète et cohérente, mais ne parvient pas à corriger tous les défauts de l’original.
En conclusion, "Alien 3" est une œuvre ambitieuse mais imparfaite, marquée par une réalisation visuellement captivante et des performances solides, mais ternie par un scénario mal structuré et une production chaotique. Si le film possède des moments de grandeur et une atmosphère unique, il n’atteint pas les sommets de ses prédécesseurs, laissant un goût mitigé aux fans de la saga.