Excellent film, Alien 3 tranche surtout radicalement avec Alien 2. Tandis que Cameron jouait la carte du huis clos à fond, Fincher complexifie clairement son histoire et sans atteindre la portée d’Alien 4 à ce niveau il parvient à lui donner une réelle identité. Le scénario en effet est très solide, et annonce parfaitement ce qui se concrétisera dans le 4, à savoir des expériences avec les Aliens. Le seul regret vient peut-être de la manière trop visible du début avec laquelle Fincher tranche avec le film de Cameron. Pour le reste le déroulement est excellent, plein de rebondissements, le fait que le métrage se déroule au milieu de prisonniers qui n’ont pas vu de femme depuis longtemps crée une tension supplémentaire très bienvenue. La fin est excellente, et est sans doute la meilleure de la quadrilogie. Elle est franchement pleine de tension (mais comment donc Ripley pourra-t-elle échapper à son destin ?). Les acteurs sont très bons. Outre Sigourney Weaver sur laquelle je ne m’étendrai pas me contentant de dire qu’elle est un métronome du point de vue de la qualité de sa prestation, on trouve toujours d’excellents seconds rôles. Surtout Charles Dutton mieux dégrossi que ses acolytes. On aurait pu craindre avec des personnages somme toute assez proches par leur statut, leur isolement, un manque d’épaisseur. Fincher arrive bien à éviter ce piège, et sans livrer non plus des modèles de personnages inoubliables, ils sont individualisés et donnent du relief au métrage. Du point de vue visuel, les décors, l’atmosphère, les éclairages, sont franchement une réussite. C’est là vraiment le fil conducteur de la saga, et s’en distinguer par trop aurait ruiné l’ensemble. Il y a toujours ce coté métallique, froid, ces longs couloirs, la demi-obscurité quasi constante. L’ambiance est bien pesante est encore une fois, le fait que l’intrigue se déroule dans une prison laisse planer un suspense et des craintes latentes qui sont du coup parfaitement décuplés. La mise en scène est encore à souligner, et quoique moins percutante et impressionnante que celle de Cameron, elle est tout à fait à la hauteur de l’enjeu. Certains reprochent à Alien 3 de ne pas être assez effrayant, et il est un peu le mal-aimé de la saga. Pour ma part, s’il n’atteint pas la qualité du 4, il n’a rien à envier à ses predecesseurs (avec quelques scènes horrifiques bien senties). Donnant une dimension plus tragique à son récit, Fincher se concentre clairement sur la manière dont il peut extirper la saga du vu et revu et utiliser avantageusement une matière dont en deux films sublimes on pouvait facilement avoir fait le tour. En cela je trouve que Alien 3 se rapproche beaucoup de Alien 4, car les deux films étaient obligés d’être novateurs si, plutôt que d’être des suites sympathiques mais sans plus (comme il en existe beaucoup) destinées au fan, ils voulaient acquérir le statut de chef-d’œuvre culte.