Évadé de prison, Gustave retrouve Manouche et Alban alors qu’ils traversent une mauvaise passe. Traqué par le commissaire Blot, il est engagé par une équipe projetant le braquage d’un transporteur de fond.
Ce film est le premier de la seconde période de Melville, celle des 5 derniers films, où s’affirment son style et ses préférences. Un style hiératique, réduisant les effets, dilatant les scènes, usant d’ellipses qui forcent à la réflexion, goûtant les silences, les lieux déserts, les banlieues minables, les chambres sordides, mais aussi l’artifice des cabarets, la musique de Jazz et les voitures américaines ; une façon de filmer créant une impression de vacuité envoutante. Les personnages sont plus importants que l’action ; ce sont des solitaires, à la marge de la société, guidés par leur morale et vivant d’amitié.
Basé sur un roman de José Giovanni, Le deuxième souffle est l’archétype de ce style, avec ses aspects positifs et négatifs. Au crédit : la séquence d’ouverture sans une parole, l’ambiance des cabarets, la préparation de l’attaque (sur la route des crêtes entre Cassis et la Ciotat), la scène où « Gu » est manipulé, la sobriété des scènes d’action, des dialogues assez percutants, le jeu de Lino Ventura et de Michel Constantin. Au débit, une langueur qui tient à une excessive dilatation (film de 2h20 !) et à un choix de séquences discutable. Contestable aussi la prestation de Paul Meurisse, qui bien qu’excellente, participe du climat des comédies brillantes façon Sacha Guitry, à l’opposé de l’atmosphère de Melville.
On admire donc presque toujours, on est pris parfois par les personnages ou l’intrigue, et l’on s’ennuie d’un ennui de qualité pendant d’assez longs moments.