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Alasky
348 abonnés
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4,0
Publiée le 11 juillet 2024
Je ne m'attendais pas à un tel scénario, très troublant, ni à un tel jeu d'acteurs, Kim Stanley et Richard Attenborough sont incroyables, quelle ambiance, oppressante, un suspense efficace, tout en subtilité et en sobriété, et les plans sont impeccables, captivants.
Le cinéma anglais, patrie d' Hitchcock nous réserve toujours de bonnes surprises dans le domaine du suspense comme ce film de Bryan Forbes auteur au talent protéiforme car tout à la fois écrivain, scénariste, réalisateur, acteur et producteur. Séducteur peut-être aussi car il fait jouer ici sa magnifique épouse Nanette Newman épousée en 1955 qui en mère éplorée ajoute au plaisir que nous procure ce film envoûtant et étouffant. Le scénario écrit par Forbes lui-même s'inspire d'un roman de la série noire de Marc McShane (Seance on wet afternoon, 1961), curieux mélange entre enlèvement crapuleux, spiritisme et démence. Le couple diabolique formé par Richard Attenborough et Kim Stanley est au centre d'un acte criminel né d'une relation inextricable où un homme faible et amoureux refuse de voir la psychose de sa femme subtilement cachée derrière les apparats d'un supposé don pour la voyance. Par identification on compatit à la stupéfaction progressive d'Attenborough qui spoiler: se conformant au plan machiavélique bâti par sa femme pour enfin voir ses dons reconnus, constate à travers ses exigences toujours plus extrêmes, l'étendue de son désordre mental. Les rebondissements tous crédibles et remarquablement bien rythmés nous conduisent haletants à un dénouement pathétique où Kim Stanley actrice de théâtre américaine arrivée sur le rôle après les défections de Deborah Kerr et de Simone Signoret conclut magistralement une interprétation où elle conjugue à froide lucidité et élucubrations inquiétantes. La critique ne s'y est pas trompée à l'époque qui a loué le film tant en Europe qu'en Amérique. Les deux acteurs ont été plusieurs fois récompensés et Kim Stanley à été nommée aux Oscars devant laisser la statuette à Julie Andrews pour le très consensuel "Mary Poppins". Depuis le film a totalement sombré dans l'oubli au contraire des "Les innocents" de Jack Clayton autre chef d'œuvre du genre sorti en 1961 et adapté du "Tour d'écrou" d'Henry James avec lequel la comparaison n'est pas infamante. A voir d'urgence pour ceux qui aiment les films où les tourments de l'esprit sont au centre d'une intrigue à suspense.
Bryan Forbes était un médiocre réalisateur de comédies mais par contre en ce qui concernait les films dramatiques qui mettaient en scène des personnages troubles, il avait un talent très solide... "Le Rideau de brume" en est un très bel exemple. On peut trouver le début un peu long mais il a le mérite de parvenir à nous plonger dans la psychologie très trouble de ses deux protagonistes, une soi-disant médium brisée et fragile depuis la mort de son enfant unique et son mari, plus lucide mais faible de caractère se laissant manipuler par son épouse. Dans ses rôles, on retrouve Kim Stanley, dont la seule fois que je l'avais vue jusqu'ici était en actrice dépressive fortement inspirée de Marilyn dans "The Goddess" où personnellement j'avais trouvé son jeu un peu excessif mais là dans un rôle très casse-gueule elle est absolument parfaite, intense et, bien malgré nous, émouvante (la nomination à l'Oscar était pleinement justifiée, ne serait-ce que pour la scène finale !!!), et le toujours brillant Richard Attenborough ajoute un contrepoint sobre et juste idéal. Le duo de comédiens se complètent brillamment. La réalisation et le scénario font le reste... A part la séquence du kidnapping, où c'est plus l'angoisse du kidnappeur que l'on ressent ici que la perversité de l'acte, et celle dans le métro, pas d'action (mais les deux scènes citées précédemment réalisées de manière impeccable et réaliste suffisent largement dans ce domaine !!!) on sent bien que c'est surtout la psychologique qui intéresse le réalisateur, de nous faire ressentir une profonde empathie pour les deux personnages malgré leurs actes. C'est pleinement réussi, on éprouve même, bien involontairement et bien malgré nous, de la crainte pour eux à un moment précis du film. Une oeuvre trouble et forte admirablement bien servie devant la caméra et solidement et ambitieusement servie derrière.