Beaucoup considèrent que la saga "L'Arme Fatale" est morte avec ce troisième opus, trop auto-caricaturale pour être honnête. Je ne suis absolument pas d'accord et, même s'il n'atteint pas le niveau de son fantastique prédécesseur, je l'ai trouvé, au moins, aussi bon que le premier épisode. Certes, il s'agit du premier opus de la saga que j'ai vu gamin (ce qui explique, peut-être, une certaine bienveillance) mais, en toute honnêteté, comment ne pas être enthousiasmé par le cocktail détonant que nous propose, une fois, encore le réalisateur Richard Donner ? Il réunit, tout, d'abord, l'intégralité du casting, y compris les seconds rôles auxquels on s'est attaché au cours des années (la famille de Murthaugh, le Capitaine Murphy, la malheureuse psy...), ce qui achève de conférer à la saga une ambiance familiale terriblement attachante. Quel plaidir de retrouver, à nouveau le génialissime duo Riggs - Murtaugh (toujours campé par Mel Gibson et Danny Glover), qui enfonce le clou de l'amitié virile (il resteront comme le summum indépassable du buddy movie) et amorce un certain assagissement. Autre plaisir coupable, le retour de l'impayable Leo Getz et ses "OK OK OK" (hallucinant Joe Pesci dans ce qui restera comme son rôle le plus culte) qui fait prendre un virage un peu plus comique à la saga (ce qui conforte l'assagissement général). Parmi les petits nouveaus, on retiendra, bien évidemment, l'épatante René Russo, qui tient la dragée haute à Mel Gibson en action woman improbable (et bouleverse totalement les codes habituels du sidekick féminin) ainsi que, dans une moindre mesure, Stuart Wilson, en grand méchant mégalo. Ce troisième épisode tire, par ailleurs, son épingle du jeu car il reste, à mon sens, le plus drôle de la série mais, également, le plus fun. On ne compte plus les scènes hallucinantes où la décontraction suicidaire de ce brave Riggs et l'air catastrophé de Murtaugh tranchent considérablement, avec les événements se déroulant sous leurs yeux. A ce titre, la scène d'intro (où Riggs refuse d'attendre la bridage de déminage et préfère désamorcer une bombe tout seul) est un modèle du genre. Le film pullule de scènes de cet acabit (voir la poursuite en camion) mais, également, de scènes plus graves (le final dans le village en bois) et de moments du pure comédie (Léo Getz qui s'est fait faire un examen rectal contre son gré). C'est tout le charme de cette saga qui a toujours su trouver l'équilibre parfait entre action et comédie, le tout saupoudré d'une classe folle. Les dialogues sont, sans surprise, de moments d'anthologie ("putain, y a plus de plastique que dans Cher", "on a frôlé le chatastrophe", "un jour normal, j'te péterai la gueule... C'est un jour normal !", "c'est ma nana", "chaque fois que j'essaie de me lécher les couilles, je tombe du canapé"...). Je ne vois, donc, pas grand-chose à reprocher à cet "Arme Fatale 3", si ce n'est qu'il fait suite au meilleur épisode de la saga qui avait marqué par la noirceur de son propos.