Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
soniadidierkmurgia
1 177 abonnés
4 170 critiques
Suivre son activité
5,0
Publiée le 20 mai 2017
Ingmar Bergman au sommet de son art et de sa reconnaissance internationale livre sa vision du couple en six chapitres. Deux couples sont en réunion amicale. Le premier (Erland Josephson et Liv Ullman) vient de faire la une d'un magazine pour le modèle d'équilibre et de réussite sociale qu'il représente, le second (Bibi Andersson et Jan Malmsjö) semble au bord de la rupture et ne parvient plus à communiquer qu'en donnant en spectacle ses déchirures. Mais contrairement aux apparences exposées de prime abord par Bergman c'est dans le couple modèle que le gouffre va se révéler béant. Le réalisateur lucide et pessimiste comme jamais, expose les différentes phases de ruptures et de réconciliations avortées qui jalonnent cette séparation qui n'en finit pas . Sa caméra comme toujours au plus près des visages, révèle tout des tourments de chacun des personnages. Liv Ullman et Erland Josephson sur le gril pendant près de trois heures sont magnifiques et bouleversants tous les deux, ne parvenant pas à se résigner à voir disparaître le douillet confort des habitudes né de la connaissance profonde qu'ils ont l'un de l'autre. Bergman qui a multiplié au cours de sa longue vie les expériences amoureuses, livre une vision sans illusion sur l'union des êtres qui revêt selon lui toujours du factice. Sublime de lucidité mais aussi de désespoir.
Incroyable projet que de filmer la vie d'un couple en cinq heures (six épisodes d'une cinquantaine de minutes) et de ne garder que très peu de personnages secondaires autour de Johann et de Marianne, incarnés par le merveilleux duo d'acteurs Erland Josephson-Liv Ullmann. En épurant sa mise en scène, notamment au niveau de l'échelle des plans avec une quasi-exclusivité de plans moyens, de plans rapprochés et de gros plans, Bergman mise avant tout sur l'expressivité de ses acteurs afin de saisir les moindres nuances qui parcourent leurs visages et installe une atmosphère anxiogène, renforcée par l'absence de musique et par l'idée du huis-clos. Il s’agit donc, au fil des réflexions abordées et des tensions accrues, de montrer le passage d’une relation-modèle à un couple fracturé, qui se rend compte qu’il ne tenait que grâce aux non-dits et à une hypocrisie jamais avouée mais secrètement partagée. C’est donc le sujet de l’infidélité qui fait basculer le film dans le drame, sans toutefois que la rupture entre Johann et Marianne ne remette en cause l’amour (ou l’affection) qu’ils éprouvent l’un pour l’autre, comme en témoigne une fin étrangement apaisée, qui fait écho à une ouverture montrant la complicité du couple; sauf que ce moment dans une « maison obscure quelque part sur terre » laisse derrière lui des flots de larmes, de cris et de coups qui se seront immiscés au milieu d’une parole exigeante, laquelle aura exploré avec une intelligence et une maturité impressionnantes les questionnements existentiels des deux personnages. Quant à Johan et Marianne, s’ils sont si émouvants, c’est parce que leurs problèmes sont les nôtres et parce que Bergman aura réussi à créer une langue à la fois singulière (quels films, sinon ceux du maître suédois, sont écrits de la sorte ?) et complètement universelle pour les exprimer. « Scènes de la vie conjugale » est donc une des œuvres les plus passionnantes du cinéaste, parce que sa mise en scène s’efface au profit des personnages, qu’il laisse s’aimer, se battre et se réunir avec une compassion et une tendresse des plus vibrantes.
Bon, évidemment, ce parcours psychologique et émotionnel de 2h40 en immersion aux côtés d'un couple qui se déchire et se retrouve dans un confort loin de tout absolu bénéficie de toute l'intelligence d'Ingmar Bergman, metteur en scène attentif à l'humain jusque dans les moindres détails, et déjà fort à l'époque d'un parcours personnel qui lui permet une vraie crédibilité sur un sujet aussi complexe. D'ailleurs, à bien des reprises, les situations et les comportements de Scènes de la vie conjugale sonnent vrai, même dans les cas où certains d'entre eux paraissent au premier regard un peu exagérés (la cruauté de Johan, la tendance sacrificielle de Marianne). Évidemment, il s'agit quand même de souligner toute la profondeur des contradictions humaines dans son rapport à un partenaire censé tout lui apporter sans rien lui retirer, équation si difficile à résoudre de façon symétrique. Rien de mieux, dans ce cas, que de mettre en lumière les extrémités auxquelles les attentes émotionnelles peuvent pousser des êtres qui, dans l'amour, essaient de se livrer totalement. Rien n'est toutefois grotesque ou outrancier, parce que Bergman partage les torts, évitant un discours unilatéral et acerbe, mais aussi parce qu'il désamorce lentement la violence de certains gestes en faisant inévitablement graviter ses deux personnages l'un autour de l'autre, entre recherche perpétuelle, déchirement et réconciliation. Ce que Johan et Marianne ont trouvé l'un en l'autre, c'est la forme la plus proche de l'amour tels qu'ils le convoitent, et c'est pour ce Graal sur lequel chacun tire si fort de son côté que leurs démêlés ou leurs attitudes peuvent a priori et injustement se révéler outrancières par moments. Le problème n'est pas dans l'écriture, mais plutôt dans le support. Assez proche du travail de Milan Kundera, par exemple dans l'Insoutenable légèreté de l'être, Scènes de la vie conjugales se prêterait sans doute mieux à la littérature, medium psychologique pratiquement par essence, qui porte toujours en lui le questionnement séminal de l'écrivain. Ici, l'image n'apporte pratiquement aucune plus-value, même si les comédiens se débrouillent bien. Je sais bien que l'idée est de venir chercher un côté brut que n'aura jamais un livre, en mettant le spectateur face à une image tangible et inarrêtable qui s'approche de la vérité autant par sa matérialité que par l'absence de contrôle qu'on a sur elle (l'image défile sans retour en arrière possible, et la proximité qu'on sent vis à vis d'elle ravive le désir de changer ce qui ne nous y plait pas). Pour moi, ce côté est sabordé par un aspect catalogue qui cherche à regrouper sous une seule relation une multitude d'égarements amoureux, faisant souffrir les personnages qui, coincés entre cette prétention à la vérité et une volonté de trop en dire, perdent parfois leur caractère inviolable, leur spontanéité et leur liberté. Tout est vrai, d'une vérité parfois un peu trop lourde pour qu'un seul couple puisse la porter de façon si intense tout en restant indubitablement crédible et touchant. Ça n'empêche pas le final d'être magnifique, et l'ensemble des dialogues de témoigner d'une conscience délicate, tout en sachant rester interrogative et vivante, du déséquilibre des amours humains. Intelligent, mais assez peu cinématographique.
Un très bon Bergman, compliqué à digérer vers le milieu mais les deux derniers chapitres selon moi réhaussent l'ensemble. Toute la troupe a Bergman est présente, il est agréable de les découvrir au fur et à mesure. La réalisation, l'éclairage et les décors sont soigné comme d'hab, peut être l'un de ses plus beau film en couleur après Fanny et Alexandre. Erland Josephsson et Liv Ullman y jouent un couple formidable en proie à des problèmes classiques au cinéma du moins, le genre de trucs ennuyeux pour rester poli que seul Bergman pouvait rendre vibrant, passionnant. C'est très bavard comme souvent, un peu trop parfois mais avec Bergman c'est un effort à faire qui vaut le coup. Les couleurs sont magnifiques par moments, les scènes tranchantes (le repas d'amis, la dispute du divorce). Bref Ingmar Bergman dans ce qu'il fait de mieux nous régales une nouvelle fois.
Un film passionnant qui dissèque avec brio la dislocation de l'amour et du couple. Bergman, le chirurgien s'autoanalyse en mettant en scène Liv Ullmann et lui-même à travers Erland Josephson, dans une histoire qui intrigue et permet à ses personnages d'évoluer inexorablement mais de manière très délicate. Tout s'écroule autour du spectateur qui est plongé dans l'évolution inévitable des sentiments et vit avec ce couple parfait qui voit la fin de l'utopie que représente pour le cinéaste suédois le couple éternel. C'est magnifiquement mis en scène, et superbement joué, souvent déchirant, parfois drôle, en tout cas très marquant.
Initialement réalisé pour la télévision en 6 épisodes, Scènes de la vie conjugale est sorti en 1974, dans une version raccourcie – de 2h50 tout de même. Porté par les magnifiques Liv Ullmann (vraiment superbe) et Erland Josephson, le film est une œuvre puissante sur le couple, exposé sous toutes ses coutures : ses moments de tendresse, d'amour, de joie, mais aussi ses tensions, ses non-dits, ses petites hypocrisies, et ses épisodes de violence, y compris physique. Ingmar Bergman, qui fut marié cinq fois, s'est ici fortement inspiré de sa propre vie amoureuse.
Film de dialogues très surprenant dans le fond comme dans la forme. Peut plaire comme déplaire pour son côté un peu dérangeant entre un couple en passe de divorcer.
La continuité des 6 chapitres du film est totalement abracadabrantesque.
La belle Liv Ullmann a quand même un rôle assez nunuche.
Avec Scènes de la vie conjugale, Ingmar Bergman n’y va pas avec le dos de la cuillère. C’est violent, âpre, sauvage dans l’exploration des sentiments mais aussi, de par l’aspect féminin qui s’en dégage, empli de compassion et d’intelligence. C’est presque un polar des sentiments avec son lot de meurtrissures et l’œuvre, puissante, n’épargne aucun détail dans la cruauté de son analyse du couple. Pire, un désespoir profond y guette l’homme dans la sorte de cannibalisme glacé qui habite son âme face à la toute puissance de la femme dans sa douceur et sa spiritualité. Avec Bergman si l’amour n’est envisageable que par instants fugaces, c’est parce que la figure féminine dans son pardon, à la fois femme et génitrice, parvient à transcender des peines et qui sont les maux de l’humanité toute entière. « Attends-toi à ce que je parte au minimum sept mois, mais je reviendrai peut-être dans huit jours… » nous dit le personnage de Liv Ullmann. Si le dialogue semble être la seule issue au milieu du silence, il est en même temps la somme de tous les tourments de par son incapacité à résoudre les maux. Et si le silence ressemble à une crucifixion, c’est une re-découverte de l’autre comme après une mort consumée qui débouche sur la vie, et c’est aussi le temps qui fait office de guérison. Tout est exploré dans ce film du désir, de la sexualité et de la frustration. « L’amour c’est ce qui commence après que l’on se soit aimés et quittés ». Voilà ce que nous dit encore le personnage de la femme dans cette œuvre passionnante qui opère une véritable dissection de la relation amoureuse.
J'ai découvert l'oeuvre de Bergman grâce à ce film, c'est pourquoi j' y éprouve un sentiment particulier. Les premières minutes, ma première impression fut plus que mitigée, trop cérébral, trop figé, ce couple de notables suédois qui s'autogratulent est d'un ennui profond... Puis, petit à petit chaque personnage se dévoile, l'atmosphère y devient lourde et dramatique, on plaint la femme puis l'homme puis les deux ! On espère une réconciliation, on s'attire de nouveau puis tout explose encore, les rôles s'inversent les reproches et les aveux aussi, situations qui évoluent crescendo atteignant presque son paroxysme. Film à la limite du machiavélisme. Liv Hullman, à la fois soumise,sensuelle parfois perverse y est magistrale.
Ne vous attendez pas à être surpris par le scénario: ce sont des tout bonnement des scènes de vie conjugale. Est-ce pour autant aussi banal qu'un catalogue de scènes de vie conjugale? Non! Bergman réussit à captiver le spectateur pendant près de 3h (!!!) avec des... scènes de ménage. Comment cela se fait-il? Premièrement, la caméra de Bergman est à l'affût. Quitte à bousiller un peu les codes esthétiques de la mise en scène et à rendre l'impression d'ensemble un peu rêche et saccadé, il parvient à se mettre au plus près des ressentis des acteurs, de leurs réactions, et donc des attitudes typiques de couple. En plus de l'intelligence et de la clairvoyance du réalisateur, il a donc fallu un jeu d'acteur proche de la perfection. Et Liv Ullmann s'en charge à merveille. Certains plans sont magistraux. Les dialogues le sont encore plus, même s'ils ont parfois tendance à s'étirer en longueur. La vision du réalisateur est certes plutôt pessimiste (pour lui la vie en couple tue l'amour, et ce de manière inexorable; ce n'est qu'en créant le manque que l'amour revient, autrement il tend à s'estomper et à laisser place à une affection qui se transforme en amour feint) mais le fait est que son regard acéré, servi par une caméra non moins acérée,a permis un vrai tableau du couple moderne, lucide et intense autant dans le fusionnel que dans le dégoût mutuel, alternance nécessaire dans le couple à la Bergman.
Sur maintenant plus d'une dizaine de films vus de ce réalisateur, je continue de croire que c'est le meilleur de Bergman - du moins pour le moment - qu'il m'ait été donné de voir. Pourtant, le sujet du début n'était pas franchement emballant. Si on en se référait simplement à ça, j'aurais plutôt dû trouver mon plaisir ultime dans un "l'Heure du Loup" ou bien "Persona", voire "Cris et Chuchotements", et si chacun de ceux-là m'ont comblé, c'est bien Scènes de la vie conjugale qui reste tout en haut de la liste.
Car ce film montre à quel point, sur une situation semble toute simple - un homme qui s'engueule avec sa femme pour le dire brièvement - Bergman parvient, 2h40 durant, à conquérir le spectateur. Sur le plan du dialogue, je ne crois pas avoir vu une démonstration aussi prodigieuse. Toutes les situations, tous les dialogues, sont aussi réalistes que cruels, également touchants par moments, à partir d'un cadre que pratiquement tout couple connaît Bergman en ressort quelque chose de quasi-universel.
Dans cette entrée dans sa période "famille" (amorcée partiellement avec Cris et Chuchotements, consolidée avec ce film qui est également une série et renforcée quelques années plus tard par Sonate d'automne), Bergman réduit comme il sait si bien le faire le cadre aux rapports humains, et ici le couple. Ce qui est déjà beau, c'est qu'il n'y a pas de concession. Au vu de ce qu'a produit le réalisateur on pouvait aisément s'y attendre, mais ici il enfonce le clou. Toute la scène où ils en viennent aux mains est sur ce point glaçante. Cruelle, dure, mais on est dedans, on s'y voit, on craint que tout couple tombe là-dedans mais c'est naturel, et Bergman nous le montre simplement. Et dans cet univers où les deux époux s'entre-déchirent, subsistent ces quelques moments rares de complicité, d'intimité, finalement presque tronquée, comme le montre la fin, et j'ai trouvé ça d'une beauté rare. Un très grand film, Ullmann magnifique, et Josephson bouleversant.
Le thème ultra-récurrent de la mort qui tue de l'oeuvre bergmanienne : le couple ; et avec "Scènes de la vie conjugale" il n'a jamais été autant ultra-récurrent de la mort qui tue. La vision du couple est juste, et Liv Ullmann et Erland Josephson sont parfaits. Mais en toute franchise, qu'est qu'on s'emmerde. Le maximum d'action qu'on lui puisse avoir là-dedans consiste à faire des champs-contrechamps pour des séquences qui se contentent de filmer des dialogues, juste des dialogues ; et excepté, dans trois scènes situées vers les débuts du film, le fait que l'on soit confiné tout le temps aux deux protagonistes, en dépit du grand talent des acteurs, n'arrange rien. En plus, ça dure près de 2h45. Des très nombreux films de Bergman sur le couple, je préfère largement des oeuvres comme "Une Leçon d'amour", "Sourires d'une nuit d'été" ou encore le beaucoup plus grave "La Nuit des forains", toutes aussi justes et pas du tout ennuyeuses. Encore heureux que j'ai visionné la version ciné et pas celle télévisuelle qui est la plus longue.
En 2h30, avec un casting se résumant 90% du temps à Liv Ullmann et Erland Josephson (à l'exception de la première partie du film, par ailleurs fascinante), et des décors rachitiques (c'est de toute façon dans ses gros plans que le film est le plus beau, peu importe les décors), et dans un style ultra-réaliste qui demande un certain effort au spectateur, Bergman dresse un portrait complet de la vie de couple, et plus largement des relations hommes-femmes. Epoux, ennemis, divorcés, amis, amants, Marianne et Johan existent dans la Suède des années 1970, mais les sentiments conflictuels et paradoxaux qui les animent peuvent se retrouver n'importe où, n'importe quand. "Scènes de la vie conjugale" est probablement LE film sur le couple. Au-delà de ses évidentes qualités cinématographiques (les cadrages sont riches de sens et les mouvements de caméras sont d'autant plus grandioses qu'ils sont d'une grande discrétion), "Scènes de la vie conjugale" est le film à voir avant/pendant/après toute relation de couple un tant soit peu sérieuse. D'autant plus facilement regardable qu'il est découpé en 6 parties bien distinctes, un film donc doublement indispensable.
"Scènes de la vie conjugale"(1973)était destiné à la télévision suédoise,et son exploitation au cinéma n'était pas la meilleure chose à faire;A la fois trop long et trop court,construit en 6 chapitres,il ausculte la délitation d'un couple et son retour de flamme les années passant.Pour suivre un film d'Ingmar Bergman,il faut toujours s'accrocher,tant il ne cherche pas à rendre sa mise en scènes aimable(qui est même très laide ici),ni à couper dans le flot incessant de dialogues existentiels.Toutefois,lorsqu'on s'attarde sur la précision des dialogues,on ne peut qu'être marqué par leur vérité,leur pouvoir de réflexion.Ce n'est pas pour rien qu'à l'époque,le feuilleton fut analysé très minutieusement,pour mieux comprendre la dynamique d'un couple,ses plusions,ses non-dits,ses petites trahisons et mesquineries,mais ausi ses élans passionnés.Liv Ullmann,dans un mélange de trouble et de distanciation donne corps à l'indécision féminine,alors que Erland Josephson est le digne représentant du mâle vaniteux et pulsionnel.3 heures,c'est dur à digérer d'autant que ce huis clos sentimental ne se fait quasiment qu'avec cet homme et cette femme.Le film est exigeant,mais révélateur,pour qui a le courage de s'y frotter.