Avoir traduit "Flaming Star " par "Les Rôdeurs De La Plaine" restera à jamais étonnamment stupide. Premièrement, il n'y a pas de "rôdeurs" dans le film. Les "traducteux" ne pouvaient pas songer aux deux chasseurs infâmes qui reçoivent une correction bien méritée. En effet, ces derniers ont un rôle très accessoire dans le film, et n'y apparaissent que 5 minutes. C'est donc aux indiens qu'ils pensaient. Or ces indiens, sur le sentier de la guerre, ne sont pas des "rôdeurs". Ils sont sur leur territoire. Un territoire qui ne se limite, d'ailleurs pas, à la "plaine", mais comprend les montagnes, les forêts, les lacs, les espaces de chasse, bref, tout ce qui représente l'espace vital dont ces indiens voyaient, chaque année, se voir peu à peu priver, à mesure que le nombre de familles immigrées augmentaient de manière exponentielle. Ce message est clairement énoncé par les personnages indiens dans le film, et à ce titre, il est extraordinairement avant-gardiste, pour l'époque. En 1960, et pendant des décennies, peu, pour ne pas dire aucun film ne parlait de la Conquête de l'Ouest sous cet angle. Deuxièmement, le fait de ne pas reprendre, dans le titre, le concept de l'étoile qui brille, revient à passer à côté du deuxième message essentiel du film. Ce message est énoncé dans la chanson du générique. Il est censé être une croyance Kiowa, selon laquelle on voit l'éclat de cette étoile lorsqu'approche le moment de sa mort. Ce qui est le cas de deux des personnages principaux du film. Autre élément important à propos de ce film, est son destin doublement frustrant. D'abord, il est souvent considéré comme un "bon petit western", c'est à dire, un film mineur, alors qu'il est un western majeur. Majeur dans la résonnance prophétique qu'auront les dialogues qui résument les problématiques liées à l'immigration qu'ont connues, et connaît encore l'Amérique. Le film est majeur aussi pour l'histoire même du cinéma américain. Et ce, en raison de la présence en même temps, de deux monuments que sont Elvis Presley, et Barbara Del Rio. Dans le cas d'Elvis, que l'on a souvent cantonné dans le rôle de chanteur, crooner et rocker, il révèle, ici le jeu très complexe qu'il pouvait déployer, et dément magistralement tous ceux qui pouvaient douter de son talent d'acteur de composition. Quant à l'actrice mexicaine Barbara Del Rio, si elle rend son personnage extrêmement intense, et parfaitement crédible, ce n'est pas en raison de l'étrange maquillage dont on l'affuble dans le film. C'est par le magnétisme, qui se verra tout au long de sa carrière bien remplie, à la fois à Hollywood, mais aussi au Mexique. Il est affligeant qu'une carrière, si riche en rebondissements ne fasse même pas l'objet de quelques lignes de biographie sur le site Allociné. En fait si elle n'est pas entrée dans le panthéon des grands acteurs de Hollywood, c'est précisément pour ses prises de position "engagées", qui lui ont valu bien des ennuis durant le Maccarthisme, entre autres. Alors que la religion Woke domine partout dans les média, il est incompréhensible, que ses positions féministes, et multiculturalistes ne fassent pas d'elle une égérie du cinéma mondial. Enfin, ce qui est également frustrant avec "Flaming Star", c'est qu'il est évoqué comme film désuet, un simple western, un symbole du passé. Or, son traitement du quotidien, d'amis qui fêtent un anniversaire, se quittent, se raccompagnent, sont inédites pour un western. Quant aux dialogues, aux thématiques, et surtout aux personnages, tout cela est d'une grande modernité. Aucun personnage n'est un "flat character", traduire, simpliste. Ils sont tous "round", c'est à dire, complexes. Tous, ils sont torturés, en proie à des choix difficiles. Ils semblent tous animés par des motivations sincères, mais ne peuvent rester neutres. Ils prennent tous des positions qui changent, dans un contexte historique qui avance irrémédiablement, telle une machine infernale, et qui finalement décide pour eux.