Avec "1492 : Christophe Colomb", Ridley Scott – qui venait d'obtenir un immense succès avec "Thelma & Louise" – s'est attaché à raconter la vie pour le moins tourmentée d'un des plus célèbres explorateurs de l'Histoire. Malheureusement, l'échec monumental – à la fois publique et critique – que va connaître son film va plomber la carrière du réalisateur britannique pendant toutes les années 90 et il faudra attendre "Gladiator", en 2000, pour le voir renouer avec le succès. Comment expliquer ce fiasco ? J'y vois au moins deux raisons. La première est le scénario – écrit par Roselyne Bosch (la future réalisatrice de l'acclamée "La Rafle") –, qui est vraiment faible, car plombé par trop d'ellipses, de longueurs et surtout un manque flagrant de cohésion et de lien entre beaucoup de scènes. Le montage aurait pu masquer ces failles scénaristiques, mais il n'en ait rien. La seconde raison est que ce film manque cruellement de souffle épique, ce qui est d'autant plus rageant que Ridley Scott est un réalisateur habitué à donner de la force à ses images. De plus, certaines scènes de violence sont un peu gratuites (surtout les épouvantables scènes d'étranglement). Malgré ces défauts handicapants, "1492" se rattrape sur d'autres points. Tout d'abord, l'interprétation globale est excellente. Gérard Depardieu est monumental dans le rôle de Christophe Colomb. Il fait ressortir toutes les facettes de son personnage complexe, qui avait un mode de pensée à contre-courant de celui en cours à la fin du quinzième siècle, mais qui n'est jamais allé à l'encontre de ses convictions profondes. On comprend mieux pourquoi Ridley Scott a accepté de réaliser ce film à la seule condition que ce soit l'acteur français qui incarne l'explorateur. Avec "Vatel", c'est sans conteste son meilleur rôle en anglais (une langue qu'il n'a jamais très bien maîtrisé, ce qui l'a véritablement empêché de faire une grosse carrière aux USA), même si son accent français en VO est anachronique. Mais après tout, faire parler des espagnols en anglais, c'est également anachronique ! Les autres comédiens sont remarquables, en particulier Armand Assante, Tcheky Karyo (même si ses rajouts capillaires sont un peu risibles), Michael Wincott (qui a quasiment enchaîné quatre rôles de méchants d'affilée avec la même coupe de cheveux au début des années 90 !) et Sigourney Weaver (bien que j'aurais aimé la voir un peu plus). En outre, certaines scènes sont marquantes, notamment le départ des caravelles et l'arrivée de Colomb et de ses hommes sur le continent américain. Et puis, on ne peut pas parler de ce film sans mentionner la partition grandiose et magnifique de Vangelis, qui, elle, pour le coup, apporte du souffle aux images. "1492 : Christophe Colomb" est loin de compter parmi les chefs-d'oeuvre de Ridley Scott, mais il a des qualités suffisantes pour être vu au moins une fois.