Ridley Scott, explorateur de Seul sur Mars (2015) et des terres d’outre-espace avec Alien (1979), était parfait pour la recherche outre-mer, du temps où il y avait une Mer Océane – l’Atlantique. Colomb et ses colons débarquèrent sans colombes, peut-être parce qu’ils ne connaîtraient pas le Pacifique avant 1501. Non que cette nouvelle découverte, cependant, dussent leur faire regretter les sévices infligés depuis 9 ans au Nouveau Monde.
Scott, se rappelant sûrement de son Legend (1985), transmet magnifiquement ce sentiment unique – et maintenant impossible à vivre sur le sol de notre planète – de découvrir pour la première fois la verdure virginale d’une Terra Incognita, ces Amériques déguisées en Asie. Son Éden est court, mais point trop n’en faut ; pour le quinticentenaire du « couronnement » de Colomb vice-roi des Indes, on ne pouvait pas faire un plus joli rêve, une plus belle utopie passée pour le futur.
On a un peu forcé la main à Scott avec Depardieu. C’est dommage, d’abord car supporter son fort accent français pour un rôle d’Italien en Espagne pendant deux heures et demi est un supplice, mais surtout car le rôle ne s’accorde pas à son tempérament mi-miel mi-ours. Il est trop mou, même pour un rôle de mou, ce qui rend peu crédible et trop ostentatoire l’adoption par le personnage de Colomb des valeurs qu’il reniait, comme les châtiments. Qu’il soit contre en esprit et pour dans les faits, cela se comprend mais n’est pas forcément clair. On regrettera des sauts dans le temps qui rendent dispensables les personnages et leur prétendu pragmatisme.
Niveau ambiance, pas de plagiat, puisqu’il me rappelle deux films postérieurs : Le Nouveau Monde (Terrence Malick, 2005) et The Fountain (Darren Aronofsky, 2006). Une fontaine de jouvence pour l’humanité et ses vices à la fois, où la violence par et sur le corps humain place un témoignage dans l’hommage qui dit : « nous n’apprendrons pas ». La vérité sur Colomb est déjà palimpseste, et il est peut-être mieux, en cela, que le film ne sache commencer ni finir que par des sceaux de poésie enrubannés d’encarts explicatifs.
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