Même si ces derniers temps j'ai tendance à cracher sur Tim Burton et ses fresques mercantilistes, il ne fallait pas que j'oublie ses débuts de carrière qui étaient très bons. Pourtant, parmi cette première période dans le cinéma de Burton, les seuls films que je n'ai pas encore vu de lui sont les deux "Batman", avec Michael Keaton dans le rôle titre. Heureusement rien n'est jamais trop tard. C'est avec ma logique irraisonné que je commence ces séances de rattrapage avec "Batman, le défi", soit le deuxième opus des aventures "burtonesques" du justicier de Gotham, et ce sans avoir vu le premier (pas grave, ça ne m'a pas empêché de comprendre l'histoire). En tout cas, une chose est sûre après avoir vu le film, c'est que les "Batman" de Burton ne doivent pas être comparés à la trilogie de Nolan, l'univers et l'ambiance étant complètements (même trop) différent. "Batman, le défi" commence par une excellente scène d'introduction. Celle où le grand méchant du film, alias le Pingouin, se retrouve rejeté par ses parents et abandonné froidement. Premières minutes magnifiques, de par le mélange entre cruauté et incompréhension. On retrouve bien la patte de Burton dans ce qui est de mettre en avant ces freaks, et même d'y ressentir une once de pitié. Car l'un des grands avantages de "Batman, le défi" est que, au lieu de s'intéresser et de se focaliser uniquement sur Bruce Wayne, Burton développe la psychologie des méchants à la perfection, notamment durant la première heure du film (dans laquelle Batman n'apparaît que 10 bonnes minutes à tout casser). Une approche originale qui fait du Pingouin (formidable Danny DeVito) non pas un vulgaire bad guy, mais le véritable "héros" de l'histoire. Hélas, après une première heure formidable introduisant Max Shreck (Christopher Walken), le dit Pingouin ainsi que Catwoman (Michelle Pfeiffer en tenue SM, graou!) dans l'univers de Gotham, la seconde heure tombe dans le basique. Cette dernière heure abandonne les personnalités exubérantes des personnages précédemment cités pour se consacrer (quand même!) à Bruce Wayne. A partir de là, le scénario commence à baisser en qualité, en suivant le code classique des films de super-héros, en outre Batman qui essaie de déjouer les plans machiavéliques des méchants. Dommage qu'après la surprise vienne le déjà-vu. La maturité grand-guignolesque du début laisse place à des scènes idiotes (l'armée de pingouins avec leurs fusées par exemple) et à un classicisme qui nuit au long-métrage. Pour moi, "Batman, le défi" commence très très bien, mais se termine dans un spectacle sans saveur. Que Burton fasse sa version personnelle de Batman ne me dérange absolument pas, mais quand viennent s'ajouter des facilités scénaristiques à l'ensemble, et que le génie de la première partie s'essouffle subitement, on ne peut qu'être déçu. "Batman, le défi" est un agréable divertissement, qui vaut surtout pour sa première heure, exceptionnelle dans le traitement des vilains qui possèdent une vraie personnalité. La suite, quant à elle, est casuelle et se contente de rester dans le simple et éternel face à face du bien contre le mal.