Grand, profond, cru, violent, le film de Ralph Nelson ne peut qu'impressionner le spectateur qui se retrouve plongé au dix-neuvième siècle en Amérique du temps des guerres entre la cavalerie et les indiens. Le réalisateur décide de ne rien nous épargner, les batailles sont sanglantes, le langage réaliste, la morale américaine des années de John Wayne tombe comme les feuilles des arbres au printemps, une époque où les films considéraient les blancs comme des gentlemen et les indiens comme des sauvages. Eh oui, "Danse avec les loups" de Kevin Costner n'est pas le premier film à montrer les indiens comme les victimes de l'invasion des blancs. Si " Le soldat bleu", qui porte ce nom pour désigner la cavalerie, n'a pas connu un succès énorme, c'est parce qu'il est non seulement subversif mais dégage des images d'une violence parfois insoutenable digne d'un réalisateur comme Sam Peckinpah. Que retient-on de ce long-métrage? Que les chefs de la cavalerie exerçaient sur leurs inférieurs un bourrage de crâne massif leur indiquant que les indiens ne sont pas des hommes mais des bêtes qu'il faut attaquer, massacrer, torturer, violer, scalper pour afficher la notion de la supériorité des blancs sur les indiens. On apprend également que les indiens en l'occurence les Cheyennes, avaient conclu un pacte avec les blancs, une médaille qui représentait la paix entre les deux peuples. L'héroïne incarnée par Candice Bergen est une blanche qui avait appris à vivre avec eux et qui se sentait heureuse parmi eux, preuve que ce peuple ne rejetait pas les femmes de la race ennemie. Mais pour les blancs, civils ou militaires, une femme de leur race qui couche avec les indiens est considérée comme une traîtresse et une dévergondée qui doit être traitée de façon exemplaire. De même, un soldat bleu qui refuse de participer aux massacres et aux viols doit être puni. Le film dispose d'un scénario très riche, très dense, les paysages et la musique sont magnifiques, la romance et l'aventure que partagent deux êtres différents donnent l'impression que l'on va assister à un dénouement heureux malgré les épreuves qu'ils traversent mais le final change la physionomie du film qui montre la lâcheté, la barbarie en montrant des scènes d'une extrême violence à la limite du soutenable. Au final, Ralph Nelson réalise un chef-d'oeuvre du septième art et sans doute le western le plus violent jamais élaboré depuis que le cinéma existe. Grandiose et terrifiant! Ames sensibles, s'abstenir, absolument!