Beau spectacle
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Réalisateur, producteur, scénariste britannique, David Lean propose, avec la Fille de Ryan (1970), un tableau romantique, poétique, nostalgique, métaphorique, historique, doté d’une singulière douceur.
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En harmonie avec la beauté des paysages filmés, la musique du générique d’ouverture donne immédiatement le ton de l’histoire. L’insouciance côtoie l’inconnu; l’innocence, l’amour; les rêves, la désillusion; la beauté, le lugubre; le bonheur, le drame; le calme, la tempête. Le talent du compositeur français, Maurice Jarre, s’accorde indéniablement avec celui du réalisateur. En effet, le travail des deux hommes participe au mariage de contrastes envoûtants tout au long de l’aventure. Adaptée à la situation, aux ressentis des personnages, la bande originale permet aux éléments du décor de prendre vie. La nature s’éveille sous le regard du spectateur émerveillé par la mise en scène, dévoilant une réalité à la frontière du chimérique, notamment lors des scènes sur la plage. Immergé dans un univers aux couleurs enchanteresses, qui ne sont pas s’en rappeler celles de certains dessins animés, il assiste à un véritable spectacle d’émotions discrètes. La chaleur du soleil, l’odeur iodé de l’air marin, la menace des nuages, la violence ou la quiétude des vagues, traversent l’écran. La prestation sobre des acteurs n’en est pas moins efficace. Les pensées des héros se devinent sans un mot, sans un geste. Le silence en dit long, un simple regard raconte la vérité. Ce merveilleux langage muet séduit.
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La longueur du film ne semble cependant pas justifiée au regard des événements qui s’y déroulent. L’absence de péripéties secondaires, d’un contexte d’époque davantage marqué, de lieux de tournage davantage diversifiés, peuvent déranger. Pourtant, rien n’est indigeste, superflu. Chaque détail détient son importance. David Lean prend le temps. Il expose, avec simplicité, goût et intelligence, les subtilités de l’existence, de l’amour, des sentiments, des passions humaines. Le public apprend alors à écouter, observer, apprécier la magie qui se dégage de son art.
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La Fille de Ryan évoque les tourments de l’âme, les élans du cœurs. Avis aux rêveurs en quête d’évasion.
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