En Irlande en plein milieu de la première guerre mondiale mais aussi du conflit contre l’occupant anglais, chaude période, Sarah attend que quelque chose arrive dans sa vie. Et c’est l’instituteur du village de 15 ans son aîné sur lequel elle jette son dévolu. Il est le seul du village à voyager hors du village ; l’aventurier va même jusqu’à Dublin. Wouah ! Lui sent bien qu’il aura du mal à contenter la jeune pousse pleine de vie et partante pour une vie pétillante. Dès la nuit de noce, on voie bien que çà ne va pas coller. Il honore sans conviction la belle et les voilà tous deux dans une vie de vieux couple dès les premières soirées. Mais l’aventure est au bout du chemin, ou plutôt dans la caserne de l’occupant anglais où un jeune officier charmant vient d’arriver. Et là, la boulette, cette relation adultérine ne colle pas avec les valeurs puritaines de cette petite communauté enfermée sur elle-même autour de sa rue principale et de son curé autoritaire. Mais surtout elle couche avec l’occupant ; la fille de Ryan, un résistant à la mord moi le nœud, verra la fureur de la population lorsqu’elle sera accusée de traitrise… çà rappelle des images de la libération en France.
David Lean est un spécialiste des épopées lyriques (Lawrence d’Arabie, Le pont de la rivière Kwaï, Le docteur Jivago), et pour son avant dernier film il livre à nouveau un film fleuve de plus de 3 heures. Le tournage dura même 52 semaines ; perfectionniste de l’image, il vient de la photographie, il est capable d’attendre des heures avec les comédiens voire des jours pour avoir la bonne lumière, le bon nombre de mouettes,… Le résultat est grandiose, impressionnant ; de vrais images de cinémascope. Son film est une ode à l’Irlande. Il obtint même l’Oscar de la meilleure photo et c’est amplement mérité. Pour la scène de la tempête, il délocalisa même le tournage en Afrique du Sud, fit prendre des risques inconsidérés à ces acteurs et techniciens…Un bras et une jambe furent même emportés par les flots… Oulala un métier à risques. Par contre en directeur d’acteurs, le résultat est médiocre. Donnant peu d’instruction à ces comédiens, les intentions de jeu sont parfois imparfaites et télécommandées. Il s’appuie pourtant sur un immense comédien dans un rôle émouvant de retenue et de romantisme Robert Mitchum, une première et une dernière pour lui. Immense, lui tient bien la séquence. Ensuite, ce film se veut une version revisitée de Mme de Bovary. Mais la caricature trop présente pénalise sérieusement le film : le hameau est peuplé d’analphabètes cruels et sales, mangeurs de patates et buveurs de Guiness. La vertu de ce parti pris permet de montrer au combien la foule est un individu à part entière et comment elle peut enfermer les gens et les priver de liberté. Sortir du lot est difficile. Condamné fortement à sa sortie par la critique, David Lean mettra 14 ans avant de faire le suivant et dernier. Injustement malgré tout, même si on s’ennuie un peu et qu’il n’a pas le souffle épique des précédents, il a énormément de qualité esthétique proche de Terrence Malick.
Injustemment lapidé lors de sa sortie, vaut le détour pour sa beauté picturale