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Michel Gillen
24 abonnés
171 critiques
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5,0
Publiée le 16 juin 2024
Remarquable film de Forman, politiquement très intelligent. A mon avis traite de l'impossibilité de régler autrement que par une action révolutionnaire le problème noir aux EU ceci comme tous les autres problèmes de la planète. Forman va jusqu'au bout de son propos avec une grande rigueur et montre les personnages avec beaucoup de subtilité.
Après une première heure amorphe, « Ragtime » trouve enfin son rythme. Malgré des thématiques fortes, une reconstitution maîtrisée et une bonne interprétation, le film de Milos Forman ne m’a que moyennement convaincu.
Tout le cinéma de Milos Forman est subordonné à la figure du dissident. Que celui-ci ait les traits de R.P. McMurphy (Jack Nicholson dans Vol au-dessus d'un nid de coucou, 1975), du hippie George Berger (Treat Williams dans Hair, 1979), de Mozart (Tom Hulce dans Amadeus, 1984) ou encore de Larry Flynt (Woody Harrelson dans Larry Flynt, 1996), tous se heurtent aux institutions, rejettent la norme et les règles pour apparaître rebelles et insoumis aux yeux de tous les pouvoirs. Dans Ragtime (1981), une fresque sociale sans concession des Etats-Unis à la veille de la Première Guerre mondiale, Coalhouse Walker Jr (Howard E. Rollins Jr.) est de cette trempe. Pianiste afro-américain de ragtime talentueux et ambitieux, propriétaire d'une Ford T flambant neuve comme preuve de sa bonne fortune professionnelle et sociale, il n'est pas à l'abri des discriminations et des humiliations perpétrées contre lui par des Blancs ne supportant visiblement pas cette réussite matérielle. spoiler: Victime d'un acte raciste, il cherche en vain à obtenir réparation par tous les moyens légaux. Devant la mauvaise volonté de la justice et de la police, il finit par basculer dans la violence en posant des bombes dans les casernes de pompiers environnantes......
Voir la suite de ma chronique à partir d'un photogramme du film: http://etoilesdetoiles.blogspot.com/2021/12/le-dissident-chez-milos-forman.html
4 687 abonnés
18 103 critiques
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1,5
Publiée le 30 mai 2021
Ragtime est trop hétérogène bien que sur le papier presque tout semble correct. Les valeurs de production sont de premier ordre et la distribution est excellente. On ne peut pas non plus critiquer la mise en scène mais il manque quelque chose d'important. Il y a quelque chose dans le ce film de Foreman qui ne sonne tout simplement pas vrai. Tout semble tellement mis en scène et délibéré et il manque tout simplement un sentiment de réalité. Cela me rappelle l'un de ces films historiques indigestes que j'ai dû regarder à l'école primaire dans les années 1970. Ces films montrant les progrès de l'Amérique étaient divertissants mais jamais crédibles même pendant une minute. C'est le cas de Ragtime plutôt que de ressentir quelque chose pour l'un des personnages le film est présenté comme une sorte de spectacle historique. C'était peut-être le but de Foreman mais le film ne fonctionne pas comme un drame et ne m'entraîne jamais dans son univers...
C’est Dino de Laurentiis lui-même qui a eu l’idée d’adapter « Ragtime », le livre de E.L Doctorow, énorme succès de librairie en 1975. Le livre est une transposition du court roman « Michael Kohlhaas » de l’écrivain allemand Heinrich von Kleist (1777-1811) narrant le combat d’un marchand de chevaux victime d’une injustice qui tente d’obtenir réparation par tous les moyens. Selon sa règle habituelle d’alterner films commerciaux et projets ambitieux, De Laurentiis pense d’abord faire appel à Robert Altman pour porter « Ragtime » à l’écran. Les deux hommes ne s’entendant pas, le producteur fait appel à Milos Forman qui vient d’obtenir un succès d’estime un peu décevant avec « Hair ». Le Ragtime est à l’origine une musique apparue à la fin du XIXème siècle (1897) et qui jusqu’en 1918 fera office de précurseur du jazz. Le morceau le plus célèbre de ce mouvement éphémère essentiellement joué au piano est «Mapple Leaf Rag » de Scott Joplin. L’intrigue située exactement à cette période et le personnage central étant un pianiste noir (Edward E. Rollins Jr.) se rebellant par les armes après qu’il n’a pas pu obtenir réparation de la souillure de sa Ford Model T, on comprend mieux le titre du film comme du roman. L’intrigue imbrique l’un dans l’autre deux faits divers significatifs du climat sociétal de l’époque aux Etats-Unis à propos de la faculté des dominants à se sortir sans dommage de tous les obstacles y compris d’un meurtre sordide et de l’impossibilité des noirs à faire valoir leurs droits quand ils sont victimes d’une injustice flagrante. Une dénonciation du racisme et de la domination de l’homme blanc qui passerait sans encombre la censure des comités auto-proclamés de bien-pensance actuels. Mais Milos Forman qui a bien connu les affres de la censure et de la vindicte politique quand il œuvrait encore en Tchécoslovaquie au moment du printemps de Prague (1968) , apporte au traitement de son histoire l’indispensable nuance qui ferait sans doute défaut aujourd’hui si l’adaptation du roman de E.L Doctorow était à nouveau d’actualité. Il trouve cette nuance en faisant le joint entre les deux intrigues grâce à une famille de la haute-bourgeoisie résidant à New Rochelle (banlieue nord de New York) qui apporte la démonstration avec le couple humaniste interprété par James Olson et Mary Steenburger que si la société américaine était bien sûr raciste, l’essentialisation n’est jamais probantespoiler: .Le pianiste noir qui finit par prendre les armes dont on peut comprendre le ressentiment légitime ne semble mu que par sa propre soif de vengeance, faisant peu de cas du sort de son jeune fils généreusement recueilli par la famille citée plus haut. Les questions posées par Milos Forman dépassent donc le seul problème du racisme, les pompiers ayant dégradé la voiture du pianiste avec à leur tête un rustre interprété avec force par Kenneth McMillan, paraissant plus bêtes que réellement méchants . L'ensemble rythmé par la musique de Randy Newman est très finement orchestré par un réalisateur au mieux de sa forme qui démontre en sus sa capacité à proposer une reconstitution historique très fluide et soignée sur plus de deux heures trente. L’intervention de James Cagney faisant sa première apparition devant une caméra depuis vingt ans dans le rôle du préfet de police goguenard qui doit stopper l’insurrection du petit groupe armé, retranché dans la bibliothèque municipale est succulente. Les cinéphiles apprécieront aussi l’apparition de Bessie Love, ex-star du muet un peu oubliée qui fut pourtant la sœur d’armes de Marie Pickford et des sœurs Gish auprès du grand D.W Griffith. Milos Forman disparu en 2018 qui a œuvré pendant 40 ans dans deux cinémas très différents ne laisse jamais le spectateur à distance, s’étant emparé avec force et humanité de tous les sujets qui lui tenaient à cœur.
Un beau film superbement photographié en cinémascope ! . Un film que je n avais pas eu l occasion de découvrir avant et mon attente a été récompensé. Une histoire qui prend son temps mais qui à partir du moment où elle s est installée est passionnante. Les comédiens sont formidables et la mise en scène flamboyante.
"Ragtime" est une fresque puissante sur les tensions raciales aux Etats-Unis au début du XXe siècle; toutefois, le film met du temps à dévoiler sa nature. Sa première partie est d'ailleurs déroutante en ce qu'elle présente un certain nombre de lieux, de personnages et de relations sans pour autant fixer un enjeu très net. Cette manière de procéder par petites touches donne à cette écriture sa singularité : on suit entre autres une famille bourgeoise abritant une jeune femme noire et son bébé qu'elle avait abandonné, le procès d'un milliardaire qui a tué un architecte, lé début d'une histoire d'amour entre un jeune homme timide et une future actrice. Forman ne réalise donc pas le grand portrait de l'Amérique sous un angle prudent et didactique; il croque une galerie de personnages saisis dans tout ce qu'ils peuvent avoir de sensible, de ridicule et de rageur. En se focalisant sur des émotions variées, Forman évite non seulement le piège de l'académisme mais fait encore mieux : il saisit le caractère intolérable et cruel de certaines situations, en particulier dans une seconde partie beaucoup moins éparse où le racisme provoque au premier degré une colère naturelle mais les situations qu'elle engendre possèdent quelque chose de tout à fait burlesque que le cinéaste n'atténue pas, bien au contraire. Après que la voiture de Coalhouse Walker Jr a été endommagée par une bande de pompiers racistes, le pianiste noir tente de se plaindre auprès des autorités locales mais se trouve renvoyé telle une balle de ping-pong de bureau en bureau. Le burlesque est présent dans l'injustice mais aussi dans la vengeance orchestrée par la communauté noire. Alors que Coalhouse se barricade avec quelques-uns de ses acolytes dans une bibliothèque, ceux-ci se déguisent à l'aide de masques blancs qui ne sont pas sans rappeler ceux utilisés par les membres de Ku Klux Klan : renversement politique provocateur ou simple clin d’œil ironique ? Farceur, le cinéaste sait interrompre le rire par une violence froide tout en désamorçant celle-ci dans la seconde qui suit par une réplique comique ou un plan incongru. Mais pour avoir une telle habileté dans cette variation de tonalités, pour être aussi inventif à travers une écriture d'abord très dense avant qu'elle ne se resserre, il faut avoir une vraie hauteur de vue sur le sujet abordé. C'est peu dire que Milos Forman est à son affaire et qu'il ne traite pas son histoire en touriste : il a un parti pris très clair et la connaissance pointue qu'il a de son propre art lui permet de déployer ses digressions comme bon lui semble (il se permet même une belle parenthèse personnelle et décalée à travers un personnage de cinéaste) avant de finir sur un suspense redoutable. Un très beau film à travers lequel le cinéaste peut étaler tout son talent et son originalité.
Un très grand film qui n’a eu à sa sortie ni le succès ni le retentissement mérité. Plusieurs caractéristiques du film peuvent l’expliquer : pas de star médiatisée (à l’exception peut-être d’un James Cagney de 80 ans qui campe un commissaire absolument délectable), pas d’histoire linéaire, pas de scène d’anthologie, pas de personnage principal (ou de « héros »), pas de thème central donnant une « direction » à l’œuvre, et plusieurs personnages essentiels n’ont même pas de nom… Alors pourquoi est-ce un très grand film ? C’est un film fastueux : la reconstitution de l’Amérique du début du siècle est magnifique, les scènes collectives sont impressionnantes et plusieurs décors multiples et variés ne sont utilisés qu’une seule fois ; on ressent les moyens mis sur le tournage. C’est un film riche : les différentes histoires se croisent, les personnages, en partie ayant réellement existé et en partie fictifs, apparaissent, disparaissent, réapparaissent et les thèmes abordés sont importants : la situation sociale, le racisme ordinaire et la discrimination (l’ascenseur social existe pour les immigrés, mais pas pour les noirs), la question de la morale face à la loi et aux conventions. C’est un film intelligent et subtil, jamais ostentatoire, où les personnages se révèlent souvent différents de la première perception qu’on en a eue. Enfin c’est un film jouissif, avec des moments pleins d’humour et des moments dramatiques, dont on se dit pendant les deux trente cinq qu’il dure, qu’on voudrait qu’il le fasse un peu plus. Il n’y manque qu’un peu d’émotion ou de magie pour être un chef d’œuvre.
Milos Forman dépeint l’Amérique du début du vingtième siècle dans tout ce qu’il y a de plus consternant, l’injustice, le racisme, la suprématie du blanc sur le noir avec cet ascenseur social qui peine à se mettre en place dans cette société arque boutée sur ses préjugée. La restitution d’avant-guerre est particulièrement léchée avec une ambiance et une mise en scène réussie. Il est pourtant dommage que le scénario soit si décousu dans la première partie et il faut attendre plus d’une heure pour que l’intrigue emporte le spectateur. Si les différentes intrigues du début éclairent partiellement la suite, elles ne s’avèrent pas nécessairement indispensables. Le message ethnique est fort, presque trop facile. Un zeste de subtilité eût été le bienvenu. « Ragtime » reste un film intéressant et pertinent qui amène à se poser quelques questions sur la dignité humaine.
Scénario solide, émouvant et drôle, mise en scène classique et fluide, interprétation d’une remarquable justesse, décors somptueux et musique sublime de Randy Newman... Un grand film populaire. A voir absolument.
Malgré sa durée excessive, Ragtime mélange les genres : le drame social, le message ethnique, la comédie et le drame avec beaucoup de facilité. Milos Forman démontre son talent de metteur en scène.
Parmi les films réalisés par Milos Forman, Ragtime (1981) n’est pas le plus connu. Ce n’est pourtant pas le moins ambitieux. La fresque déployée durant deux heures et demi en CinemaScope (photogrammes au format 2,35) donne à voir l’Amérique de la Belle Epoque. La ressortie simultanée en salles et en Blu-ray du quatrième film américain de Forman offre l’opportunité de le découvrir ou le redécouvrir. Le cinéaste filme une société américaine en construction sur fond de discrimination raciale. Près de quarante ans après sa réalisation, Ragtime garde toute sa pertinence. Critique complète sur incineveritasblog.wordpress.com
J'ai vu ce film de Milos Forman en version restaurée dans le cadre du Festvlal Lumière 2018 et ce fut un vrai plaisir. Au départ c'est flamboyant, ça part dans tous les sens dans une Amérique du début des années 1900 , immigrants, familles bourgeoises, cabaret, salles de cinéma muet, assassinat, enfant abandonné par une jeine femme noire. On s'y perd un peu, puis le scénario se rétrécit, certains récits entamés disparaissent puis réapparaissent ça et là juste un peu, mais tout s'entrecroise.. Le thème principal devient celui de l'homme noir qui a été bafoué, humilié et demande une justice qui ne lui sera pas rendue dans un pays où les négros ne sont pas lés égaux des blancs. Il se lance alors dans ce qu'on appellerait aujourd'hui terroriseme, mais y gagne en humanité. L'intérêt du film est qu'il est traité sans militantisme. Les personnages ( à l'exception du capitaine des pompiers) sont complexes, ni tout à fait bons, ni totalement mauvais et donc on s'y attache La mise en scène est superbe. Chaque scène est pleine de détails; Les figurants sont nombreux. La musique extraordinaire. C'est long mais on ne s'ennuie pas
Un film émouvant touchant et fort qui retrace la vie de personnes de classes sociales différentes dans l'Amérique du XXe siècle, avec son lot de misère et d'injustice raciale. La réalisation est bonne: le cadrage est soigné; la mise en scène est réussie, la profondeur de champ est bien construite, les prises de vues réussies et les mouvements peu présents mais fluides. Le scénario traite donc du racisme, de la violence et de la corruption à travers le regard de plusieurs personnes, des plus riches aux plus pauvres. Le scénario est bien construit, il n' y a pas d'incohérences, on évite certains clichés mais pas tous, le rythme arrive à rester constant malgré quelques lenteurs dues à certaines intrigues moins intéressantes que d'autres. Le climax est réussi. Les acteurs sont très bons, ils apportent beaucoup d'émotion et sont crédibles. Les personnages sont bien écrits, certains sont un peu stéréotypés mais on s'attache à eux. Les dialogues sont bien écrits et souvent touchants. La photographie a une belle lumière et des couleurs de qualité. Le montage est un peu lent et pas très original. Les décors sont beaux mais un peu vides, les costumes sont très réussis et la musique très belle. "Ragtime" n'est pas un film exceptionnel mais quand même une réussite.