Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
betty63
23 abonnés
428 critiques
Suivre son activité
4,0
Publiée le 9 octobre 2012
J'aurais voulu mettre "excellent" mais j'ai détesté la musique. L'histoire, d'après le livre de Abe Kôbô, nous ramène à notre condition d'humain qui doit apprendre à coopérer avec ce qu'il ne peut ni maîtriser ni fuir. Ou parce que, après réfléxion, on ne veut plus ni lutter contre, ni fuir, mais juste accepter. Volontairement. C'est un très beau film qui fait réfléchir ; c'est une belle leçon de vie.
Qu’il est plaisant de découvrir de grands cinéastes oubliés! Une filmographie entière s’ouvre alors à nous, car il est impossible de ne pas mourir d’envie de découvrir les autres œuvres de Teshigahara après avoir vu ce chef d’œuvre absolu qu’est "La femme des sables". Un professeur japonais, entomologiste à ses heures, a réussi à obtenir 2 jours de congés et part dans le désert pour récolter et étudier les insectes vivant dans ce milieu. Ayant raté le bus de retour, il est hébergé chez une veuve vivant au fond d’une fosse naturelle entourée de sable. Il prendra alors conscience qu’il est tombé dans un piège et se retrouvera prisonnier de ce trou, condamné à vivre avec cette femme en l’aidant, chaque nuit, à enlever le sable qui se répand partout et menace la demeure d’effondrement. Après plusieurs tentatives infructueuses d’évasion, l’homme apprendra progressivement à accepter sa condition et après un long travail d’introspection, à y trouver source d’épanouissement pour finalement accéder à la sagesse et la sérénité. La richesse thématique du film est telle qu’il m’est impossible de l’aborder ici, en quelques mots. La vision du film s’impose pour appréhender toute la profondeur du propos, un propos porté par une inventivité visuelle sidérante. Filmé dans un superbe noir et blanc nous offrant des images d’une beauté saisissante (les plans du sable roulant sous le vent, entre autres, sont sublimes), le film déroule une mise en scène d’une richesse infinie, en osmose parfaite avec le fond. La puissance symbolique conférée aux éléments est grandiose, le travail de la lumière est impressionnant et les gros plans d’une sensitivité évocatrice rarement ressentie au cinéma. Le tout agrémenté de l'excellent travail sonore de Takemistsu, créant des ambiances d’une irréalité propice à l’évasion du spectateur. Un chef d’œuvre total, un nirvana cinématographique, issu de la collaboration parfaite entre un cinéaste, un romancier et un musicien. A découvrir de toute urgence.
La femme des sables est un chef d'oeuvre étonnant. Magnétique et envoutant, tant par les images que par la bande-son, il offre également une plongée profonde dans l'âme des personnages, et c'est surtout la femme, dans une situation on ne peut plus difficile, et originale, qui passionne dans ce film. Si le thème de la prison sans barreau qui retient l'homme a déjà été abordé (tout comme l'ensemble de métaphores sur la société humaine qui vont avec), le cas de la femme (l'homme se retrouve emprisonné avec elle, et elle doit le convaincre de devenir un bon mari...) est lui d'une immense complexité, et son traitement est à la hauteur de sa richesse. Linterprétation de l'actrice est incroyable. La construction scénaristique est très maîtrisée, et le film se révèle très prenant.
Ca commence comme de rien (un type se promène dans le désert, à la recherche de coléoptères et des autochtones lui proposent un hébergement pour la nuit situé au fond... d'une sorte de carrière ensablée), c'est assez soporifique et puis, de l'inconnu, on glisse peu à peu dans la tension, on réalise peu à peu le piège qui se noue... Le jeu de l'imprévu, la drame sous-jacent, l'angoisse à fleur de peau et le feu de l'éros tétanisent le spectateur dans un effroi voluptueux. Le quasi-huit-clos s'installe, servi par un esthétisme (noir et blanc) superbe, par une mise en scène remarquable et par d'excellents acteurs. Ca traîne un peu en longeur, ça peut rebuter certain-e-s, mais c'est un très beau conte, à la fois brûlant et glaçant.
L'histoire d'une femme au fin fond du trou. C'est l'un des rares livres « noble » que j'ai lu après le lycée en dehors de Houellebecq, et le souvenir est encore très prégnant. C'est d'ailleurs là que le bât blesse. C'est une construction à base de voix off avec des digressions sur la nature humaine et sa condition. C'est profondément triste et sombre, autant qu'angoissant, cette histoire d'hommes confrontés à l'inexorable avancée du sable. Tout le livre pouvait être pris au deuxième degré du temps et son emprise sur la vie, et c'est là qu'était son intérêt. Hélas, le film ne peut à ce point se dédoubler, la voix off étant pour une fois non utilisée (la seule fois où elle était indispensable ?) et on se retrouve avec un film dont les images et les péripéties prennent le pas sur l'existentialisme. Evidemment on peut faire le travail nous même, mais la place du village, l'effacement de la femme, le découpage et peut-être la durée du film (dans le sens trop court) ne permettent pas à mon sens de développer l'angoisse. L'image par son essence montre trop l'absurde de la situation et déconnecte d'une certaine manière le tragique. Attention, je parle bien là de la comparaison avec le livre. En tant que tel, à part le format 4/3, le film tient très bien la route, musique contemporaine, images noir et blanc soignées, jeu et choix des acteurs sans erreur, rythme trop lent mais sans baisse notable. Seulement, aussi bien la fin que le cheminement ne me semblent pas à la hauteur du propos littéraire.
Film insolite, La femme des sables (1964) de Hiroshi Teshighara raconte l'emprisonnement d'un entomologiste dans des dunes de sables. Au delà du symbolisme, voir de la fable, c'est le style de la mise en scène qui retient l'attention, avant d'agacer. Accorder une importance prépondérante à l'esthétisme plutôt quà lhumain semble être lidée de ce réalisateur issu de la "nouvelle vague" niponne, mais le résultat est peu convaincant.
Le film de Teshigahara a conservé intact son incroyable pouvoir de fascination, tant au niveau de la forme (un poème visuel, véritablement envoûtement) que du fond, qui lui est indissociable - une fable métaphysique sur l'existence humaine et sur la quête de liberté. Une liberté que l'homme cherche désespérément dans le monde extérieur, résolument opaque, alors que ce n'est qu'en lui-même qu'il peut y accéder, en acceptant l'absurdité de ce monde qui l'emprisonne dans ses désirs et ses peurs. Peut-être la meilleure adaptation (imaginaire) que l'on puisse faire au "Mythe de Sisyphe" d'Albert Camus. Un film qui touche à l'essence même du cinéma et à son incroyable puissance suggestive.
Plus qu'une simple histoire c'est surtout un questionnement existentielle , un questionnement sur la condition humain. A travers l'histoire de cette homme prisonnier des sables, Teshigahara se pose la question de la liberté de l'homme , de son pouvoir de décision , la question sur la vie , notre vie à nous à travers cette homme se résument elles aussi à ramasser du sable indéfiniment et sans but véritable. En gros sommes nous tous voué à une vie enfermé dans des carcans. Et en même temps est ce qu'il ne faut pas profiter de ce que l'on a , de ce que la vie nous donne. Enfin c'est ce que j'ai compris , ce film est difficile à comprendre sur le fond car il pose tellement de question . De plus l'aspect contemplatif et lent du fil renforce cela , il y a une véritable maîtrise du réalisateur au point de vu esthétique , les plans sur le sable en font un personnage vivant et tout simplement magnifique! Les 2 acteurs principaux sont bon et la musique joue un rôle important et je trouve donne un coté angoissant. Ce film est vraiment superbe car nous renvoies à nous même quelques part enfin c'est ce que j'ai ressenti !
Lent, original, esthétique, soigné, ce film N&B aux accents kafkaïens nous plonge dans une atmosphère étrange, un monde improbable dont le personnage principal est… le sable. La musique originale de Takemitsu complète cette œuvre d’art dont le seul défaut est d’être un peu trop longue.
Bouzi Bouzouf aime « La Femme des sables » de Hiroshi Teshigahara. Bouzi précise tout de suite pour les aficionados de comic books qui, à la lecture de ce titre, se sont mis à lécher l'écran de leur ordinateur tout en se tripotant le braquemart, que ce film ne propose pas une aventure inédite de Spider-Man où celui-ci est opposé à la girlfriend de l'Homme-Sable. Non, pas du tout. Alors on se calme les geeks ! « La Femme des sables » suit un instituteur passionné d'entomologie qui, au début du film, fait la course aux insectes dans un désert totalement paumé du Japon (Bouzi se demande s'il était bien utile d'ajouter l'adjectif qualificatif-épithète liée « paumé » dans la mesure où un désert l'est par définition). Absorbé par sa quête de la bébête rare, l'instit en oublie le bus qui devait le ramener chez lui. Trois autochtones chelous lui conseillent alors d'aller dormir chez une paysanne qui vit seule pas très loin ; elle habite une petite bicoque au fond d'un vaste trou de sable. Le mec accepte, suit les trois ploucs, descend l'échelle qui le mène jusqu'à la baraque, cause un peu avec la bobonne, puis il va se coucher. Le lendemain, il s'apprête à retourner chez lui quand il constate avec stupéfaction que l'échelle a disparu. Le voilà donc prisonnier dans le trou ! Commence alors une longue et douloureuse cohabitation forcée avec la ménagère... Bon, si le film est parfois austère sur la forme (l'ennui n'est jamais loin), il dit en revanche des choses très profondes quant au fond. Cette relecture contemporaine du mythe de Sisyphe, qui baigne dans la littérature affiliée à l'existentialisme des années 40 et 50 (« Le Mythe de Sisyphe », essai de Camus, est paru en 42) et dans le théâtre de l'absurde de la même époque (« Oh les beaux jours » de Beckett date de 1960 et propose une expérience assez similaire à celle du film de Teshigahara), cette relecture, donc, ne décrit pas seulement l'absurdité de l'existence ; elle écorche aussi la vie en couple des temps modernes.
La Femme des sables est une expérience cinématographique unique, à la fois envoûtante et dérangeante. Teshigahara nous plonge dans un univers onirique et oppressant où l'homme, confronté à l'absurdité de son existence, est réduit à l'état de simple grain de sable. Ce film pose des questions fondamentales sur la condition humaine : la quête de sens, la liberté, la solitude, la mort. Le personnage principal, prisonnier d'une situation absurde, nous invite à une introspection profonde. Son combat contre le sable, qui est aussi un combat contre lui-même, est une métaphore puissante de la lutte de l'homme contre son destin.
J'ai été profondément troublé par ce film. Il m'a laissé une sensation de vide et d'angoisse, mais aussi une immense admiration pour l'audace de Teshigahara. Je pense que c'est le genre de film qui marque durablement et qui ne laisse personne indifférent.
Un film d'un esthétisme rare, très rare; autant du côté de la chair que du sable, tout puissant. Les contrastes sont magnifiques, tout comme les séquences où le sable avance. On y voit un homme, tout d'abord résigné à son prison de sable, accepté de lutter contre et pour lui; malgré le côté absurde de cette tâche.
Ce "Femme des Sables" est l'expression cinématographique parfaite de certaines chansons de black métal (désolé pour ceux qui abominent ce genre de musique) : un climat pesant et deux ou trois notes jouées sans arrêt du début à la fin avec, en toile de fond, un bruit trop omniprésent pour être ignoré. Car ce film n'est composé que de deux notes - un homme et une femme – jouées sans répit avec, en toile de fond, ce sable omniprésent qui s'engouffre partout et qui ne peut être oublié un seul instant. Et, tout comme certaines chansons de black métal nous laissent scotchés pendant 10 minutes, ce film nous colle au fauteuil pendant 2h30, et ce, malgré la pauvreté structurelle de ces deux formes d'art. Mention spéciale à la jeune comédienne japonaise, dont les expressions faciales (tristesse, gaieté, désespoir) sont d'une sincérité à couper le souffle. La preuve que quelques milliers de dollars et une dune de sable suffisent encore à faire du bon cinéma, n'en déplaise aux amateurs du Seigneur des Anneaux et autres Spiderman. Seul bémol : une fin qui nous laisse sur notre faim (quoique logique par rapport au déroulement de l'histoire).