"Rocco e i suoi fratelli" fait partie de ces films adulés, qui ont leur place dans le panthéon de l'histoire du cinéma. Je l'ai découvert, un an après un autre film de Visconti : "il Gattopardo". Ce n'est plus du tout la même chose : l'un était une sorte d'opéra flamboyant, celui-ci se rapproche plus du néoréalisme. C'est une histoire d'immigrés en Italie, une famille composée de plusieurs frères qui vont s'aimer et se déchirer pour des femmes. Une particulièrement : Annie Girardot, dans le rôle de la putain au grand coeur, est la principale "responsable" de tous les rebondissements constituant un scénario remarquable de part sa richesse. Certains passages sont terribles, d'une noirceur absolue. Le désespoir fait son apparition petit à petit, dans une oeuvre bien plus pessimiste et violente qu'il n'y paraît. C'est parfois dur, mais c'est aussi émouvant. Je regrette simplement que Claudia Cardinale n'ait pas eu un rôle à sa mesure, même si il est vrai qu'elle était à ses débuts. En tout cas, cela ne m'empêche pas de penser qu'elle éclabousse littéralement l'écran de sa beauté et de sa classe. Mais parlons d'Alain Delon, qui tient le principal rôle masculin : c'est la bonne suprise. Il est étonamment sobre, juste, il trouve sans cesse le bon ton, les bons regards, la démarche parfaite. Il est excellent et écrase complètement Renato Salvatori, qui joue de manière presque théâtrale. Pour en revenir à Delon, il m'a par moments rappelé le Marlon Brando des années 50 et sa présence animale fascinante. Il y a tant à dire sur ce film, tant au niveau de l'interprétation, que de la réalisation, de la psychologie, des relations fraternelles, de la musique... qu'il m'est très difficile de résumer tout cela rapidement. Visconti a réalisé une grande fresque imposante, parfois splendide malgré une mise en exposition un peu longue... C'est une oeuvre majeure à découvrir rapidement, car son statut de "culte" voire "classique" est parfaitement justifié.