"My girl" est un petit film qui n’a rien d’exceptionnel, mis à part le casting. Pensez-donc : Dan Aykroyd, Jamie Lee Curtis et ce diable de Macauley Culkin, récemment auréolé du succès populaire de "Maman, j’ai raté l’avion". Pour ceux que ce jeune acteur américain a agacé de ses nombreux cris, rassurez-vous parce qu’il est ici à l’exact opposé de ce qu’il nous avait servi dans le film qui l’a révélé au monde entier. Là, ce n’est plus lui le tortionnaire aussi rusé qu’intelligent : c’est lui le torturé. Enfin, dans une certaine mesure… La faute à qui ? A Anna Chlumsky, dans les traits de Veda Sultenfuss, qui n’avait alors que 11 ans. Nous avons donc deux gamins et deux adultes, pour traiter de sujets qui sont et seront toujours d’actualité : le choc de la perte d’un proche. Un tragique événement qui ne manque pas de provoquer bien des bouleversements, tant au niveau des adultes que des enfants. Donc vraiment rien d’extraordinaire, ni de bien original. Et pourtant… Par je ne sais quel miracle, on se laisse rapidement captiver par cette jeune fille au comportement de petite peste accessoirement hypocondriaque. Une gosse insupportable, en somme. Sauf qu’il y a paradoxalement en elle quelque chose qui la rend attachante. Sans doute parce qu’elle porte une affection particulière à sa grand-mère, ce qui en fait indéniablement quelqu’un de pas mauvais. Même si notre affection va se porter principalement sur Veda, c’est en fait à tout son entourage que nous allons nous attacher peu à peu : au père de Veda, Dan Aykroyd interprétant avec beaucoup de justesse ce père cachant comme il peut son inconsolable tristesse intérieure derrière son boulot, un père qui a de plus perdu le sens de la réalité, notamment par rapport à sa fille. Et puis il y a cette maquilleuse (Jamie Lee Curtis) qui débarque pour survivre en venant chercher un boulot salutaire. Bien qu’on puisse regretter que la romance débute un peu trop facilement (mais enfin bon, pourquoi pas, si on se réfère aux nombreux mystères de l’amour), c’est cette nouvelle venue qui va permettre au couple père/enfant de survivre, et même de renaître, non sans difficultés ! Les costumes, le camping-car nous envoient sans mal aux années 70. Les décors d’une simplicité absolue reflètent l’endroit dans laquelle vit la plus commune des familles. A l’image de l’aspect quelconque de ces décors, la réalisation, la mise en scène et la musique sont sages, et il fallait à mon sens qu’elles le soient. Parce qu’on rentre dans l’intimité de cette jeune fille et du monde qui l’entoure dont elle cherche en permanence à attirer l’attention sur elle, pour dire qu’elle existe ! Cela fait du bien de temps en temps de voir des œuvres vraies, et vous passerez un très agréable moment devant "My girl", rythmé sur une grande lenteur qui nous donne presque la sensation de faire du sur place. Bien écrit avec des dialogues niais dont font souvent preuves les enfants de cet âge, "My girl" est une œuvre au récit authentique qui aboutira à une scène émotionnellement puissante à en faire frémir les plus réfractaires aux larmes. Je pense qu’on peut dire bravo à Anna Chlumsky pour avoir honoré aussi brillamment sa première apparition à l’écran. Cerise sur le gâteau : le célèbre titre du groupe The Temptations : "My girl", qu’on prendra plaisir à écouter jusqu’à la fin. Ah nostalgie… quand tu nous tiens…