Un séisme d'une grande ampleur frappe la région iranienne de Koker en 1990 et fait quelques dizaines de milliers de morts. Abbas Kiarostami, avec Et la vie continue (1992) montre la recherche d'un cinéaste, qui, accompagné de son fils et de sa voiture, veut vérifier que l'enfant vedette de son précédent film (Où est la maison de mon ami ? (1987)) va bien.
Une des grandes caractéristiques d'Abbas Kiarostami est de filmer le temps. C'est d'ailleurs ce qu'il fait ici en mélangeant à la fois fiction et documentaire. En effet, la narration est sous forme de récit s'apparentant à de la fiction mais chacune des apparitions d'interprètes, dans leurs propres rôles, témoignant des impacts du tremblement de terres sur leur vie, s'apparente à un documentaire.
De plus, chaque scène est un nouvel élément d'un récit linéaire qui semble au final éclaté par l'éparpillement de ses témoignages documentaires. C'est ainsi que le réalisateur, avec un film relativement court, donne l'impression qu'il dure toute la vie, et d'une certaine manière c'est magnifique. Même une fois terminé, le film continue.
Abbas Kiarostami, à travers son road-trip pour parvenir à son but, montre un pays totalement dévasté que ce soit sur un plan physique ou moral. Les habitants n'espèrent plus rien, ils subissent leur sort qu'ils mettent sous la responsabilité de Dieu, mais vite rattrapé à la réalité par l'enfant qui semble connaitre autant le passé que le destin, qui sait où chercher et pourquoi. Enfaite durant tout le film, le réalisateur s'interroge : Après le tremblement de terre, le monde avance mais qui se soucie de nous ? Qui vient nous aider ?
Surement pas la coupe du monde de football et après tout pourquoi cette dernière devrait s'inquiéter parce que la vie continue.
Ce qui fait la force de ce film est vraiment le fait qu'Abbas Kiarostami s'accroche à la mémoire qu'il a de ces lieux pendant que les habitants locaux, eux, s'accrochent aux ruines de leur maison, Et la vie continue explore ainsi un nouveau présent plus qu'une mémoire se démarquant alors de tous les topos que nous pouvons nous faire des films documentaires.
Des milliers de gens sont morts mais ici, Kiarostami nous fait sourire parce que la vie continue.
9/10