Bon, et bien L’Enfant miroir est un film assez énorme, je dois le dire ! Pas du tout un film séduisant, notamment par sa noirceur à faire se pendre un clown, mais un grand moment de cinéma, et en toute objectivité je me dois de le reconnaitre même si ce n’est pas mon film de chevet !
Le métrage est d’abord impressionnant par sa qualité formelle ! Décors d’une beauté et d’un soin incroyable, la photographie est aussi absolument sublime. Il y a des plans c’est à pleurer tellement ils sont magnifiques, emportés par une mise en scène géniale, il n’y a pas d’autres mots. Chaque image est un tableau, une claque dans la figure, c’est probablement un des 10 films les plus esthétisants que j’ai pu voir, avec ce final au coucher de soleil qui est absolument anthologique !
Là-dessus il faut ajouter une musique d’une beauté terrassante ! Il y a un souffle, un lyrisme, une mélancolie dans cette partition qui baigne le film d’une atmosphère envoutante et décuple les émotions ! Quel travail fantastique !
Bref, à ce niveau tout est fantastique, c’est un rêve éveillé !
Côté histoire, c’est franchement réussi aussi, mais il va falloir s’accrocher très fort à votre fauteuil. Si votre journée a été radieuse, vaudra peut-être mieux se réserver ce film pour plus tard, si votre journée a été pourrie, ce film risque de vous faire sombrer dans la dépression car c’est clair, L’Enfant miroir est une dépression à lui tout seul ! Attention, le scénario est superbe, riche, débordant d’idées, d’un symbolisme constant, d’une inventivité certaine, c’est une merveille d’écriture avec des scènes fortes toutes les dix secondes, mais qu’est-ce-que c’est sombre ! Pas d’humour, pas de moments heureux, Rémi sans famille c’est les Barbapapas à côté ! La descente aux Enfers est assez énorme, et il faut réellement être préparé à tout, du moment que c’est horrible ! Le pire c’est qu’en plus ça apparait extrêmement peu excessif, à part un poil sur le début, mais tout coule avec une surprenante évidence !
Le casting ne présente qu’un acteur véritablement connu aujourd’hui : Viggo Mortensen. Il a un peu tout fait à cette époque, le bon et le moins bon mais ce film fait sûrement partie de ses tout meilleurs, même s’il a un rôle finalement limité. Jeremy Cooper est supra-impressionnant dans son rôle, il porte le film sur ses frêles épaules, et les seconds rôles sont excellents. Les acteurs sont mémorables, mais les personnages, tous plus ou moins allégoriques et riches en symbolisme marquent durablement.
En fait l’Enfant miroir est un film qui surprend par sa capacité à donner dans l’irréel, l’allégorie, le symbole tout en livrant une emprise au réel qui impressionne par sa noirceur. Une sorte de conte horriblement macabre sans effet horrifique (hormis au début) où tout fini par être décharné ! Un moment de poésie spectaculaire par sa force et sa réalisation impeccable, mais vraiment conseillé à des personnes qui n’ont pas froid aux yeux, c’est une plongée dans l’horreur comme il y en a peu au cinéma !