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Un visiteur
4,0
Publiée le 1 août 2013
Ce court métrage de Dekeukeleire est fondamentalement eisensteinien : on pourrait même ressentir un certain malaise, dans les premières minutes, à regarder cette espèce d'énumération visuelle quasi-exhaustive des théories du cinéaste russe. Si on hésite alors entre l'inventaire peu inspiré et la réappropriation désinvolte, on s'aperçoit rapidement que le filmage et le montage sont en réalité en parfaites adéquation et harmonie avec ce que Dekeukeleire veut nous dire de son sujet, à savoir la boxe : les surimpressions, les différentes formes de montage (on a le droit à quasiment toutes les formes : rythmique, tonal, métrique, etc.) forment, comme le développe François Niney à propos des théories d'Eisenstein, un véritable "montage rébus", une charade visuelle : sans la nommer, Dekeukeleire parvient à faire ressentir l'excitation trouble et fiévreuse du match de boxe qu'il filme. Ou comment passer l'exhibition froide de la forme à l'expressionnisme le plus exaltant. De même, la bande-son, composée avec une précision d'orfèvre, nous fait plonger dans une psychose impressionniste. Aussi bien le boxeur que le spectateur de ce spectacle perdent toute humanité et ne restent que des formes brouillonnes, de la pure matière suintante et à l'extrême limite de la désincarnation.