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Un visiteur
5,0
Publiée le 14 juillet 2008
Le meilleur film de la trilogie, un homme coupé du monde qui ne vit plus qu'épiant ses voisins grace à une jeune femme renait à la vie, exceptionnelle composition de Trintignant film d'une grande sensibilité.
D’abord la femme, Irène Jacob, magnifiée dans sa sobriété, ensuite l’évolution du juge aigri vers la fraternité, sujet final de la trilogie. Scénario bien construit, excellente BO, bonne mise en scène à clins d’œil… un bon film d’auteur quoi !
Dernier pan du triptyque de Krzysztof Kieslowski, «Trois couleurs-Rouge» (France, 1993) s’achève sur la survivance finale des principaux protagonistes de la trilogie. Pour en arriver là, il a fallu passer par «Bleu» et «Blanc». Au deuil du premier et à la douce facétie du deuxième naît la crise générationnelle du troisième. Suite à un léger accident de voiture, moins grave que celui de «Bleu», où Valentine (Irène Jacob), jeune mannequin, blesse un chien, elle se rend chez son vieux propriétaire (Jean-Louis Trintignant). Le hasard pousse les rencontres, c’est une constance de la trilogie qui cisèle là les rapports humains pour faire du film une brèche, une entrée privée dans des accointances intimes. Kieslowski fait de la femme de «Rouge» non plus l’être solitaire de «Bleu» ni même la garce froide de «Blanc» mais une âme isolée débordant de moral, épris d’amour seulement. L’homme, un juge retraité qui passe ses journées à épier les conversations téléphoniques de ses voisins, est l’être flou du film. Ses motivations restent occultes tout au long jusqu’in fine où l’amour et ses déceptions se révèlent encore la cause des maux de «Trois couleurs». La singularité de «Rouge» sur ses prédécesseurs n’est pas dans le régime formel, Kieslowski épure son style polonais pour concentrer son esthétique aux éclats des couleurs phares de ses films. Il y a du fétichisme encore dans «Rouge», peut-être davantage puisque la couleur en l’occurrence est bien plus frappante que les deux précédentes. S’arrêter à ce seul aspect se serait s’aveugler face à l’organisation éloquente du monde. La percée dans l’intimité que creuse Kieslowski est d’autant plus chaleureuse que les gens semblent ne communiquer que par le truchement de l’appareil téléphonique. Comme dans le burlesque «Mujeres al borde de un ataque de nervios» d’Almodovar, le monde est clos, il paraît lumineux mais se ploie sous les ombres de l’anonymat. «Trois couleurs-Rouge» a de beau qu’il reconquit l’identité.
Celui des trois que j'ai le moins aimé. Ni Valentine ni le juge ne m'ont touché, mais j'ai aimé l'affiche de départ, rouge, que l'on retrouve à la fin. Une très belle fin. Et toujours ces 3 femmes qui se croisent. Un réalisateur de talent.
Trois couleurs : rouge est indubitablement le meilleur film de Kieslowski. Clôturant sa trilogie sur la devise du drapeau français liberté, égalité, fraternité Kieslowdki se révèle ironique en nous contant la rencontre improbable entre un vieux juge misanthrope joué impeccablement par un Jean-Louis Trintignant au zénith de sa performance d acteur et une jeune gourgandine exercant la profession de mannequin interprétée par une Irène Jacob lumineuse de bienveillance. De ce contraste antagoniste naît une ode ironique à la fraternité. Le vieux juge à la retraite passant son temps à écouter sans vergogne ses voisins. Découvrant avec horreur et stupéfaction le vice de notre sympathique (?) juge notre jeune gourgandine entreprend de le remettre sur le droit chemin à la stupéfaction du juge qui lui préfère la vérité. Indiciblement la fraternité pointe le nez dans le conte pervers de Kieslowski. Le juge se dénonce auprès de la justice révélant son vice caché à ses compatriotes suisses.
Ce film a obtenu le cesar du meilleur réalisateur, du meilleur film, du meilleur scénario en 1995, un an avant la mort de Kieslowski. C'est sans doute banal mais il y a quelque chose d'autobiographique dans ce film. L'histoire d'un amour impossible entre un vieux juge désabusé et une jeune étudiante qui cherche l'amour sans jamais le trouver, sauf à la dernière minute du film. On nous montre les trajectoires de personnages sans rapport évident, en demi-teinte, tout est suggéré, l'humanité des acteurs s'exprime plus dans leur amour pour les animaux. Eux ne savent pas mentir, ne savent pas trahir. Un JL Trintignant au sommet de son art et une Irène Jacob bluffante de sincérité portent un scénario dont l'objectif n'apparaît pas immédiatement. Il y a toujours ce phénomène de synchronicité dans le cinéma de Kieslowski : expliquer le hasard, comment des personnages qui n'avaient pas de lien apparent vont être amenés à se rencontrer, comment Valentine va-t-elle trouver l'amour dans cet homme rescapé comme elle du naufrage, sous le regard bienveillant du vieux juge...enfin apaisé...Un film qui fait aimer le cinéma !
Le thème de la fraternité sublimé par la caméra virtuose de Kieslowski scrutant le moindre détail et les interprétations toutes remarquables (Irène Jacob, Jean Louis Trintignant, Jean Pierre Lorit). L'ultime grand film d'un maître du cinéma européen.