Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
Estonius
3 351 abonnés
5 452 critiques
Suivre son activité
3,0
Publiée le 6 juin 2018
110 minutes pour une idée de départ dont les variations finissent par tourner en rond, et c'est bien dommage car le propos est plaisant. L'acteur jouant le rôle principal n'a rien de charismatique et on ne ressent pas d'empathie particulière ni pour lui ni pour son problème, Tognazzi est bon (il est toujours bon) Gassman cabotine, Piccoli fait du Piccoli et Alain Cuny est aussi tête à claques que d'habitude. Quant à Claudia Cardinale elle éclaire le film de sa beauté. A noter une étrange scène (mais très brouillonne) dans un monastère dans un esprit très buñuelien.
13 726 abonnés
12 426 critiques
Suivre son activité
3,0
Publiée le 9 octobre 2015
Le plus prestigieux des castings (Claudia Cardinale, Ugo Tognazzi en fonctionnaire, Vittorio Gassman, Michel Piccoli...) vous donne rendez-vous à « l'audience » que Patrick Brion nous a gentiment concoctè pour son cèlèbre « Cinèma de minuit » . C'est en 1971 que Marco Ferreri tourne "L'Udienza", oeuvre pessimiste dont il a ècrit lui-même le sujet : un homme, dètenteur d'un secret, veut le confier au pape! il se perd dans les labyrinthes bureaucratiques pour obtenir une audience! Le thème, le climat pouvant bien être celui d'un « thriller » que d'une vision symbolique de notre sociètè ; comme "Les Autres" de Hugo Santiago, comme "Milarepa" de Liliana Cavani et comme ce film de Ferreri au rèalisme tragique où la dèmarche kafkaïenne du « Château » suit l'itinèraire physique très concret (audience papale du Vatican) d'une satire idèologique ? Amedeo ne fait pas de politique, il a des tourments spirituels! Son objectif, c'est de parler au pape en tête à tête! Malheureusement, c'est très difficile, voire impossible! Que de problèmes à tous les niveaux pour cet homme ordinaire qui abuse de la libèralitè! il en paiera d'ailleurs le prix fort [...] A ses côtès, blanche fleur, charnelle, Claudia Cardinale est magnifique! A tomber par terre dans sa robe blanche, avec de belles jambes plèbèiennes...
À travers l'histoire d'un homme – dont on ne saura pas grand chose, ni de son parcours, ni de ses motivations, tout au long du film – qui tente auprès de l'administration vaticane d'obtenir une audience privée avec le pape, le provocateur Marco Ferreri s'en prend à l'institution cléricale toute entière. Dîner dans des restaurants de luxe, relations troubles avec des personnes de pouvoir,...les autorités catholiques ne sont en effet pas montrées sous leur meilleur jour. La musique, entêtante et aux résonances religieuses, est superbe.
Marco Ferreri était un cinéaste iconoclaste, frondeur, jugé par certains après le scandale de "La Grande Bouffe" (1973) comme un nihiliste enragé ne respectant rien. Juste après "Dillinger est mort" (1971) où il entame sa collaboration de six films avec Michel Piccoli, il s'attaque férocement à l'institution ecclésiastique toujours très puissante en Italie et plus particulièrement à sa plus haute hiérarchie qui vit sans vergogne coupée du monde sur lequel elle est censée veiller. Amedeo (Enzo Janacci), pauvre bougre dont on ne saura jamais rien du passé hormis qu'il se prétend militaire en permission, s'est mis en tête de manière obsessionnelle de parler au pape. Que veut-il lui dire de si important ? spoiler: Peu importe à Ferreri qui vise surtout à montrer comment l'institution aux méandres si judicieusement entremêlés parvient à vivre en vase clos, très loin de ses disciples, davantage préoccupée par ses luttes intestines pour le pouvoir . L'attitude compassionnelle du Christ qui sert de crédo à l'église catholique offre une image de proximité à mille lieux des barrages qui se mettent en travers de la route du pauvre Amadeo. Par extension la parabole de Ferreri sur le pouvoir peut s'étendre à tous les corps constitués. Mais Ferreri se fait un plaisir de s'en prendre à l'église qui a longtemps entendu diriger les consciences. Attitude qu'un libertaire comme Ferreri ne pouvait bien sûr pas supporter. Les moyens à la disposition du Vatican pour éloigner les gêneurs sont nombreux et se déploient crescendo, spoiler: enserrant le trouble-fête dans une gangue qui peut se révéler mortelle si la renonciation n'est pas au bout du chemin. Amedeo en fera l'horrible l'expérience . Dans son mode narratif, Ferreri revendiquait s'être inspiré du "Château" de Franz Kafka, ce qui ne pourra surprendre les adeptes du réalisateur. Ce n'est sans doute pas un hasard non plus, s'il offre à Amedeo sa seule chance de s'en sortir par l'amour d'une prostituée (Claudia Cardinale) prenant ainsi à contrepied l'ordre moral établi. Aidé de Gassman, Tognazzi et Alain Cuny, le réalisateur alors dans sa meilleure forme, dessoude à tout va pour notre plus grand plaisir, montrant avec gourmandise toutes les petites faiblesses encouragées par cette hiérarchie pesante pour rester debout. Amedeo n'est qu'un petit grain de sable qui n'empêchera un moment la mécanique huilée depuis des lustres de fonctionner. Son tort sera bien sûr de ne jamais le comprendre, sans doute trop croyant ! Jouant sur le mode de répétition inhérent à la quête d'Amedeo, "L'audience" si elle n'a pas la fulgurance de "Dillinger est mort" n'est certainement pas à négliger au sein de l'œuvre foisonnante de Ferreri.
Typique de l’époque de son tournage, au point d’en être très daté. La réflexion politique, la mise en cause du pouvoir en tant que tel est bien dans la suite du mouvement de 68. Ferreri fait une transposition délibérément politique de Kafka (Le château) dans le contexte italien. La Papauté y est l’incarnation du pouvoir, avec son aspect lointain et sa cruauté, jusqu’à une absurdité, un coté énigmatique, bien kafkaïens justement. Le film n’est pas assez fort pour éviter de paraître démodé (ne serait ce que du fait de la perte d‘influence de l‘Eglise catholique depuis le début des années 70), mais ça reste tout de même assez passionnant dans ses références culturelles, et dans son reflet d’un pays et d’une époque
On pouvait s'attendre à quelque chose de plus mordant, l'ironie est feutrée par l'ambiance des arrières courts vaticanes mais le cynisme est bien là. Par ailleurs le scénario est bien maigre, on a pourtant une forte envie de voir où cela nous mène.
Un an avant "La Grande Bouffe" qui allait provoquer un sacré scandale sur la Croisette, le provocateur Marco Ferreri signait "L'udienza", pamphlet violemment anti-clérical dans lequel on retrouvait déjà Michel Piccoli et Ugo Tognazzi. Cette drôle de chronique se résume en une ligne : une personne ordinaire désire s'entretenir avec le Pape mais va devoir longuement patienter, la faute à la rigidité d'une bureaucratie vaticane conservatrice et archaïque. Tout cela démarre plutôt bien, avec cynisme et ironie autour de situations grossières mais adaptées au côté subversif voulu par son auteur. Apparaît ensuite Claudia Cardinale, comme toujours époustouflante, d'une beauté qu'elle sait parfaitement utiliser pour happer le spectateur et ensuite laisser dérouler sa très large palette d'actrice. Elle devient alors le plus grand rayon de soleil de cette grosse blague tournant malheureusement très vite en rond. Si les obsessions spirituelles du personnage ne sont pas franchement passionnantes (très mal amenées), ses scènes avec la grande Claudia révèlent une émotion instantanée et donc puissante que le public saura saisir comme étant de très loin les meilleurs moments de cette "Udienza". Eh oui, comme dans "La Grande Bouffe", Ferreri propose une première partie intéressante avant de ne plus savoir quoi dire ni comment alimenter une oeuvre semblant petit à petit lui échapper. Cette cynique comédie se transforme d'ailleurs en gigantesque mascarade inaudible, pas crédible pour deux sous, avec des avancées chronologiques pas complètement logiques. Assez peu d'humour, pas tant de recul de cela malgré une importante liberté de ton. Il est bien évident que la provocation ne fait pas tout et que la remise en cause des codes établis par des institutions ne peut trouver sa force que si le débat est correctement argumenté. Ferreri ne jette ici pas un pavé dans la mare, il crache au contraire un peu naïvement dans la soupe, croyant se poser en marge du système. Faible sans être mauvais.