Au cœur des années 1980, Arthur Penn termine anonymement sa carrière, avec d'abord un thriller, Dead of Winter où il va étrangement tenter de se renouveler, misant sur un mystère fort, un jeu de faux-semblant et une ambiance froide voire angoissante.
A première vue, Dead of Winter me fait plus penser à un De Palma, Hitchcock ou Cronenberg qu'à un Arthur Penn, ce dernier prenant son temps, avec l'aide d'une étrange bande-originale, pour créer un parfum de suspense, de doute ou encore de faux-semblants, en s'appuyant sur un scénario où les apparences sont trompeuses et l'on ne sait pas vraiment qui est qui. Le début est plutôt intriguant, l'histoire évoque à la fois des jumelles, des meurtres ou encore le cinéma, on baigne dans une atmosphère plutôt prenante, avec un personnage central intéressant et dont on ne veut plus rien savoir.
Pourtant, plus le film avance, moins il présente d'intérêt, l'ambiance perd en puissance, à cause notamment d'un scénario confus et guère transcendant, et d'un Arthur Penn qui finit par tourner en rond. Il ne parvient plus à maîtriser le rythme et à garder un intérêt fort sur les enjeux et personnages, qui eux finissent par s'enliser dans la caricature et même les retournements de situation un peu faciles, virant même, à de rares moments toutefois, au ridicule.
Evidemment tout n'est pas à jeter, Arthur Penn garde une certaine maîtrise de sa caméra, notamment dans ses plans et sa façon de capter la détresse de son personnage principal. De plus, Dead of Winter bénéficie d'un cadre assez beau, participant pleinement à l'ambiance un peu froide du film et rehaussant parfois le climat sombre du film. Devant la caméra, Mary Steenburgen s'en sort plutôt bien dans un triple rôle, malgré quelques sautes d'excentricité qui ne sont pas toujours les bienvenues, tandis qu'aucun comédien ne se montre réellement impérial, bien qu'ils évitent tout de même de trop sombrer.
Arthur Penn livre un décevant chant du cygne, une oeuvre surprenante mais ne provoquant jamais les effets voulus, avec une ambiance perdant peu à peu de sa puissance et ne rehaussant jamais ce Dead of Winter, qui demeure tout de même intéressant dans ses pistes explorées.
A l'exception d'un inédit en France, Arthur Penn ne fera plus de film pour le cinéma par la suite, se contentant juste de deux téléfilms et quelques participations pour des documentaires et émissions, avant de s'éteindre en 2010. Alors que j'en ai fini avec sa filmographie, je reste admiratif de son oeuvre, de sa capacité à renouveler les genres qu'il a abordés, tout en proposant une vision pertinente et personnelle de son pays, parfois violente mais toujours intelligente, toujours avec une incroyable maîtrise de la caméra et des atmosphères.