Le Héros est un de ces films grinçants, ironiques et même parfois méchants (comme le terrible La Déesse 1960 avec la même actrice sublime) signés par Satyajit Ray (1921-1992), le plus grand cinéaste indien, un des plus grand cinéaste de tous les temps, et également un des plus importants intellectuels de l'histoire du Bengale. La grande star du cinéma indien des années 60, Uttam Kumar, joue le rôle d'une star de Bollywood, cynique, avide, alcoolique et inquiet de perdre sa notoriété. Il rencontre dans le train pour Dehli une jeune journaliste féministe, si belle qu'il doit toujours éviter son regard tout en lui disant qu'elle n'est que jolie : évidemment c'est Sharmila Tagore (son grand père était un neveu du grand Tagore) qui joue, peut-être la plus belle des actrices fétiche de S Ray. Une fois ivre, l'acteur confie à la journaliste sa vie faite de trahisons et de renoncement, mais par pitié,
elle ne garde pas l'interview.
. Ce portrait est une critique des stars, une réflexion sur le cinéma et, à travers une femme comme souvent chez S Ray, la traduction d'un message humaniste sur la nécessaire bonté entre les êtres humains et la nécessaire fidélité à ses origines. Poète, musicien, écrivain, calligraphe, graphiste Satyajit Ray était son propre scénariste (toujours en anglais puis en bengali avant la traduction éventuelle en Hindi) et le musicien de beaucoup de ses films. Son opérateur Subatra Mitra a donné à son cinéma en noir et blanc un style naturellement profond et contrasté. Parmi ses 45 films, il y a trois chefs d'oeuvre du cinéma mondial qui ont beaucoup influencé Coppola, Scorsesse, Wes Anderson et tant d’autres : Charulata (le destin d'une femme indépendante au début du XXème, d'après Tagore 1963), Le Monde d'Apu (son film emblématique proche du néoréalisme 1959) et peut-être le plus grand film sur la musique: Le Salon de Musique (d'apèrs une nouvelle très fameuse de Tarasankar Bandyopadhyay 1959).