Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
Henrick H.
4 abonnés
119 critiques
Suivre son activité
5,0
Publiée le 17 mai 2014
Du Haneke pur jus, où plus de 10 ans avant le Ruban Blanc il évoque les désastres engendrés par certains types d'éducation. Un ado délaissé par ses parents aisés ne vit qu'à travers le prisme de la vidéo. Jusqu'au jour où il commet l'irréparable sans trahir la moindre émotion. Il ne peut l'évoquer auprès de ses parents que par écran interposé, son seul mode de communication connu. C'est à cette occasion qu'ils lui témoignent de l'attention et révèlent toute leur ignominie, leur bassesse et leur inhumanité. Benny n'a aucun repère, n'a plus conscience de quoi que ce soit et finit par ne garder comme seul repère que celui de la virtualité de l'écran au détriment même de ses géniteurs. Comme d'accoutumée avec le réalisateur autrichien, les scènes sont difficiles et le film est très marquant... lui aussi nous transmet le pouvoir de l'image. Un génie !
Que ce film est chiant... mieux vaut avoir une sacrée bonne constitution pour ne pas s'endormir. Mis à part quelques scènes, peu nombreuses, choquantes dans la façon de l'acteur de ne dévoiler aucuns sentiments par rapport à ses actions, dont il est à 1000 lieux de comprendre les conséquences, le film est à 95% chiant.
Avis mitigé sur ce "Benny's Video". Hanneke a trouvé un bon sujet et j'aime la manière froide qu'il a de le traiter, rendant plus violent l'impact de ses images. Pourtant, malgré quelques passages forts et mémorables, ce film souffre d'une extrême lenteur. A cela s'ajoute des scènes pas toujours utiles. Il en résulte un récit alourdi qui m'a le plus souvent ennuyé. Dommage mais un bon exercice pour son futur "Funny Games".
Marrant ce petit parallèle avec Happy End concernant la violence presque banale des images par écrans interposés (bien qu'ici plus cru que sous-jacente) et du propos de l'insensibilité face à la mort dans ce qu'elle a de plus froide et palpable (cf: le dialogue entre Trintignant et la gamine dans HE). En dehors de ça j'en retire un film peut-être un poil trop mécanique, contrairement au sentiment de glauque absolu du Septième Continent et de l'ironie macabre de 71 fragments, mais le tout constitue une trilogie glaçante sur le quotidien apathique d'une Autriche brisée de l'intérieur.
C'est du Michael Haneke, donc forcément spécial et un peu malsain. Néanmoins, il faut reconnaître au bonhomme de s'attaquer à des sujets complexes et « Benny's Video » n'échappe pas à la règle. On peut y être plus plus ou moins sensible, mais il y a dans ce portrait torturé de l'adolescence quelque chose de poignant et surtout d'assez terrifiant à plusieurs reprises, à l'image de l'influence du drame sur la famille du héros. Tout le monde en prend ainsi pour son grade, de la jeunesse malade aux décisions complètement irresponsables des adultes spoiler: dès lors qu'il s'agit de leur enfant , le dénouement étant à ce titre un sommet de cynisme dont quasiment seul le réalisateur d' « Amour » est capable. Avec en prime une utilisation toujours extrêmement intelligente du hors-champ chez l'auteur, compensant l'aspect un peu trop déplaisant (bien que volontaire) de l'entreprise. Les fans adoreront, les autres...
Haneke a tellement étourdi en s'attaquant au fait divers dans Le Septième Continent que Benny's Video pouvait être tout simplement tiré d'un autre, mais non : le réalisateur a construit le sien propre, ce qui explique peut-être pourquoi le personnage de Benny est obsédé par la vidéo.
S'engouffrant dans les caméras de l'adolescent, le cinéaste bâtit un monde de vice suggéré, pas aussi puissant que dans son œuvre précitée (car un peu désassorti par ses aspects plus lumineux et optimistes). Cependant sa qualité est maintenue dans les hautes sphères du sous-entendu par un casting de nouveau incroyable. Son ambiance est la cousine chaste de déviances inavouables qu'elle fait presque pressentir.
Quand Benny commet l'irréparable sans en mesurer la portée, on ne voit donc pas l'adolescent transformé en sociopathe par son obsession pour les écrans (protagoniste qui demeure aujourd'hui une légende urbaine vivace), mais un véritable monstre d'horreur psychologique reflétant parfaitement la crainte tenace qu'une telle personne puisse exister.
À la lisière du minimalisme, un père trop maître de lui-même et une mère ultraprotectrice vont prendre sur eux le fardeau de son crime, et ce qui était horrible devient doucereusement philosophique : comment peuvent-ils, eux qui représentent l'Autriche pensante et éduquée, ne pas se dissoudre sous le choc et la honte de ce qu'a fait leur fils ?
Alors, tout en réhaussant la lecture du film, un peu comme un éveil, vers un niveau où l'on est tout à coup conscient (un peu comme Benny) de ce que représente vraiment un crime, leurs décisions lavent l'ambiance malsaine mais deviennent en même temps les symboles d'une horreur plus sourde et profonde. Une horreur telle que l'adolescent ne la supportera pas et finira par se dénoncer, rompant le cercle vicieux au point de non-retour.
En étant davantage familial que social, Benny's Video cristallise les peurs les moins secrètes des Autrichiens (car on s'en délecte chaque matin dans la rubrique des chiens écrasés) mais en retire une substance cauchemardesque qui s'étend sur plusieurs niveaux de conscience. Une œuvre très morale sous ses airs de film dérangeant tout juste bon pour les vidéo-clubs.
Loin de toute émotion, de tout jugement moral, Haneke filme avec un naturalisme froid et morbide les réactions de parents découvrant un crime commis de sang froid par leur fils, un adolescent reclus sur lui et vivant à travers ses films. L’horreur de cette fable passe autant par la peinture psychologique dérangeante des personnages que par la mise en scène sans concession de la violence quotidienne. La place prépondérante des écrans télé dans la vision sur la société contemporaine est un élément récurent dans les premiers films d’Haneke et qui trouve ici une force qui ne vous laissera pas de marbre.
Benny’s Video est une œuvre binaire, une œuvre qui prend le soin de doubler ses séquences vidéo, une œuvre qui mêle deux règles du jeu pour un portrait au vitriol d’une classe sociale intouchable. L’agonie du porc est répétée quatre fois, deux fois en vitesse normale, deux autres fois en vitesse réduite ; celle de la jeune fille venue rendre visite à Benny – aussi anonyme que le porc – est filmée puis montrée aux parents ; la stratégie de ces derniers, enfin, se voit transmise aux autorités. Ce faisant, Michael Haneke incarne la duplication de la réalité par la fiction, ou plutôt la transformation d’une réalité en fiction par le biais de la caméra et de sa mémoire la cassette, que l’on peut rembobiner, mettre en pause, accélérer. Filmer et se filmer confère aux images une puissance démiurgique et fantasmagorique, le réalisateur devenant à la fois le maître et le disciple de ce qu’il capte, dans une position instable, un je ne sais quoi qui s’exprime ici par la réponse « je ne sais pas ». Le cinéaste orchestre un jeu de massacre, un jeu lui aussi dédoublé dont chaque partie dispose de ses propres règles : il y a les règles de la bourgeoisie, rappelées par le père dans la salle de bain à son fils qui sort de chez le coiffeur ; il y a les règles de l’adolescence, qui équivalent à un dérèglement de tous les sens et une attirance pour la mort. En confondant les deux, Haneke attaque la bourgeoisie perçue comme conservatoire d’un puritanisme de surface sous lequel se cache en réalité une inhumanité froide et dégénérée – malgré les coups de soleil pris pendant les vacances en Égypte. Il y a toujours un fond musical pour accompagner la violence, ce qui n’est pas sans rappeler les pratiques nazies qui conjuguaient massacre et musique classique. Aussi l’adolescent oppose-t-il à ce monde dont il hérite et qu’il ne veut pas un miroir, c’est-à-dire sa caméra qui renvoie aux bourreaux l’image de leur crime et à leurs amis remplis de petits-fours celle de leur hypocrisie. Benny’s Video est une œuvre de révolte qui rejoue la lutte des classes de façon vertigineuse pour mieux penser la vidéo non plus tel un outil de propagande mais comme l’arme qui démasquera les coupables. Le cinéaste compose alors un personnage principal fascinant parce qu’insaisissable, perdu dans un appartement irradié de blanc entre le modèle familial et ses pulsions destructrices.
14 040 abonnés
12 481 critiques
Suivre son activité
3,5
Publiée le 24 juillet 2010
Michael Haneke, le rèalisateur controversè de "Funny Games", poursuit sa rèflexion sur le pouvoir des images dans une nouvelle fable violente et sans conscession! Film dèpouillè et rigoureux, "Benny's Video", c'est l'histoire d'un adolescent qui va jusqu'au bout de ses morbides obsessions avec sa camèra! Le cinèaste autrichien met donc en scène cet enfant, èpris de vidèo, filmant le meurtre d'une camarade par lui-même, montrant le film à ses parents et les filmant à leur insu tandis qu'ils dissimulent le meurtre! Images froides et limpides qui nous dècrit une horreur quotidienne où tout jugement, toute èmotion sont annihilès! Un regard terrifiant sur l'image et la perversion, remarquablement maîtrisè par Haneke...
Excellent film qui démarre avec une scène très forte. La sincérité du personnage principal fait presque froid dans le dos. Haneke mène ici son film sans aucun temps mort et avoir toujours autant de maîtrise. Les acteurs sont vraies, l'histoire est vraie, le tout est vrai. Excellent.
Assez décevant... Si certaines images choquent par leur froideur, tout le reste n'est que fioritures sans réel grand intérêt. Bref, on s'ennuie assez vite devant ce film très lent et à la moral peu probante. Encore une fois, tel Funny Game, on ne connaitra pas les motivations du jeune homme (le même acteur d'ailleurs)...
J'ai été particulièrement scotché par la performance du jeune acteur. Une drame touchant, mystérieux et bien ficelé. Un univers fidèle à Haneke, très original. A voir. 15/20.
Il nous arrive parfois d'avoir des pensées et des pulsions terrifiantes. N'ayant que la vidéo pour seul véritable moyen de communiquer, le jeune Benny (Arno Frisch) s'enferme peu à peu dans un monde loin des réalités, un monde dominé par les apparences et sans véritable impact sur la réalité. En reproduisant la mise à mort d'un porc qu'il a filmé sur une jeune fille, Benny va basculer brutalement dans la folie et couper tout contact avec l'extérieur. Jusqu'à ce que ses parents s'intéressent enfin à lui... Michael Haneke est connu pour être l'un des plus grands artisans mettant en scène les horreurs de notre monde : la violence, l'absence d'empathie, le manque de communication, etc. Dans "Benny's Video", Haneke nous décrit l'immersion étrange d'un jeune garçon dans un monde où le sens des réalités n'existe plus. La scène du meurtre est saisissante et permet aussi au réalisateur de dénoncer la violence des images en utilisant une mise en abîme totalement géniale. Arno Frisch, qui incarne le jeune héros de cette histoire, est à la fois un garçon comme les autres et un être torturé et inquiêtant qui ne retrouvera un semblant de raison qu'au contact de parents trop souvents absents. Ce contact, il le retrouvera en commettant un acte abominable ce qui permet à Haneke d'éclaircir, outre la distance entre Benny et le monde réel, la distance entre parents et enfant. Le côté très austère du film renforce son statut de choc cinématographique. "Benny's Video" est donc une expérience très troublante, un film malsain et coup de poing qui décrit avec justesse l'histoire d'une famille confrontée à l'impensable.
Benny's video est un tres bon et premier film de haneke qui est un réalisateur hors norme, une chose est sur benny's video a annoncé un des meilleurs réalisateurs au monde.