John Cassavetes déclara, en son temps, que Opening night était son film préféré. Acteur, réalisateur et scénariste du film, il y partage l’affiche avec sa femme Gena Rowlands, son ami Ben Gazzara, mais aussi avec sa mère et sa belle-mère… Seul manque à l’appel Peter Falk qui se contente ici d’un caméo dans la foule anonyme des spectateurs. Opening night, expression anglaise pour une « première théâtrale », est un film sur le théâtre, les acteurs et la célébrité. Les scènes de théâtre sont filmées au plus près, depuis la scène, le public ou les coulisses. C’est également le magnifique portrait de Myrtle Gordon (incarnée par Gena Rowlands), actrice de théâtre adulée mais effrayée par le rôle qu’elle a à jouer car trop proche d’elle et de ses angoisses. Elle remet en cause son rôle de femme vieillissante dans la pièce, son texte, sa capacité à l’incarner. Elle choisit l’alcool pour chasser ses démons et ses hallucinations, y compris sur scène… Le fantastique et l’irrationnel font ici irruption pour la première fois dans le cinéma de John Cassavetes. De Opening night se dégage ainsi une belle réflexion sur la place de la représentation dans la vie sociale et dans l’art. Par le biais d’une mise en scène qui atténue les différences entre fiction et réalité, entre l’art et la vie, John Cassavetes joue de la confusion entre Gena Rowlands et son personnage de Myrtle Gordon, entre sa relation avec sa femme dans le réel et la relation fictionnelle qu’ils entretiennent sur les planches dans ce film. Les interprétations, toutes excellentes, sont empreintes d’improvisation, une marque de fabrique indélébile du cinéaste américain.
Un film important de John Cassavetes, dont il disait que c’était son préféré, très représentatif de sa thématique et de sa manière. Il nous fait partager les tourments de Myrtle (remarquablement interprétée par une Gena Rowlands indissociable du film), une actrice connue que l’alcool, le manque d’amour et la hantise du vieillissement sont en train de détruire. Le film joue sur l’imbrication entre la réalité vécue, la pièce de théâtre jouée par les protagonistes et les fantasmes et obsessions de Myrtle. Cassavetes joue sur de multiples correspondances entre ces univers, sur le fond comme sur la forme (par exemple l’utilisation des gros plans de visages répond au discours de l’acteur qui parle d’un portrait), et utilise merveilleusement la confrontation visuelle et symbolique entre ombres et lumière. Après une première demi-heure époustouflante de virtuosité et de densité, le film s’essouffle toutefois un peu, comme la pièce de théâtre représentée…
Un film magnifique sur la difficile condition pour une femme alcoolique et poussée à bout d'entrer dans le personnage d'une femme âgée le temps des représentations, Gena Rowlands est tout juste hallucinante dans sa performance.
J'ignore si je suis crétin ou simplement aveugle, mais je suis allergique à Godard comme je suis allergique à Cassavetes. Là où Sergio Leone réalise le défit de tenir le spectateur 3h40 dans Il était une fois en Amérique, Cassavetes patine, terriblement, sur 2h30. Le message du film, commun devant l'éternel, met du temps à émerger, et s'étire terriblement. Ce huis clos stressant qui rapproche l'espace scénique du théâtre avec une mollesse rare, est aussi stressant que difficile à comprendre. Finalement, pour surmonter sa peur, l'actrice à moitié folle, arrive complètement bourrée à l'opening et offre une prestation satisfaisante, sans jamais s'inquiéter des atours nécessaires au théâtre (répétitions, ponctualité, fiabilité, connaissance du texte, production, mise en scène). Reste toutefois que le film est assez bien ficelé : on sent vraiment que Cassavetes sait faire un film et maîtriser un récit. Je ne comprendrais jamais le génie de réalisateurs qui transposent des histoires plates au cinéma, sans réelle esthétique précise, le tout livré à une surenchère d'improvisation ou de mauvais jeu (Je n'ai jamais vu une aussi mauvaise actrice que Bardot dans Le Mépris de Godard, film par ailleurs porté aux nues). Mais je suis sans doute un crétin... Comprendrais-je seulement un jour ?
De très grands acteurs, une réalisation parfaitement maîtrisée, un scénario très bien construit qui tient en haleine jusqu'au bout. Très bon film, même si les quelques scènes « extraordinaires »… auraient peut-être pu être évité.
À part un jeu très correct des acteurs principaux, je ne vois pas ce qu'on peut trouver à ce film trop long, intello, avec une fin grotesque. Avec une vie aussi vide de sens, ce n'est pas dans ce film que l'on trouvera de quoi nourrir sa philosophie sur la vieillesse. Gagnez du temps, passez votre chemin !
Le théatre et la vie.J'aime cette femme et son réalisateur de mari.On est loin d'Hollywwood, on attend toujours que ça éclate chez Cassavetes, un peu comme chez Bergman. Par contre n'y cherchez pas de l'image ni du son. Cinéma d'une autre époque, celle de l'authenticité.
Un avis sans objectivité : il fait partie de ces films personnels, dont seuls nous, sommes à l'écoute, seuls nous, raisonnons à leur murmure, seuls nous, sommes extra-sensibles à leur lumière, à leur musique, leur silence. Rowlands y est une "étoile" d'émotion étincelante, avec cette classe féminine naturelle inouïe. Ces films dont nous sommes convaincus qu'ils existent pour nous seuls.