Richard Rush, plus que bien des réalisateurs, était ancré dans son époque, & il semble que c’est sa médiocrité de metteur en scène qui lui donnait l’aptitude à capter ce que d’autres se sentaient obligés d’enterrer dans la fiction. Après les Hells Angels (Le Retour des anges de l’enfer) & avant les étudiants (Campus ou C.Q.F.D.), c’est l’âge hippie sur lequel il se précipite pour créer Psych-out, film qui devient documentaire malgré lui à travers toutes les brèches que les ratés artistiques ouvrent sur son terreau réel.
Montage audio affreux, inserts inutiles, situations ridicules, cadrages sans façon, Psych-out a tout de la gamelle, jusqu’à l’acting désastreux (même concernant Nicholson qui, juste avant sa révélation au grand public, est la preuve vivante que la direction d’acteurs fait beaucoup). Les métaphores de Rush sont toujours aussi peu discrètes (il apprendra à les rendre implicites dans Campus, mais ça ne change rien à ce que je viens de dire, alors lis mieux Richard stp) & accèdent à la mignonitude par à-coups (mettre en parallèle les hippies mal fagotés avec un vitrail représentant Jésus en haillons, ça serait cool si tout n’était pas sensiblement pensé pour qu’on comprenne & que les figurants n’avaient pas l’air de se demander ce qu’ils mangeraient le soir). Le pire est dans les bagarres, où absolument rien ne va, & je ne parle pas de l’éclairage fantaisiste.
Si Psych-out est supérieur à son précédent film, c’est parce que Rush commence de s’intéresser à l’usage des dialogues, un peu plus recherchés & parvenant à s’intégrer dans l’humeur générale, & qu’il se découvre un talent relatif dans de brèves pointes d’horreur – alors que c’est le genre le plus sensible au nanarisme depuis Dario Argento. Son thème est également clément avec lui : lourdement accessoirisé pour créer un sentiment de désordre immense, Psych-out envoie un gros ”Peace & Love” visuel avec lequel on n’a pas envie d’être méchant. Par contre, envers le reste, si.
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